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Malgré le moratoire, quelle aberration!

Devarajen Kanaksabee Leader du Front socialiste

Le moratoire jusqu’à fin 2020 au regard de la Landlord and Tenant Act à Maurice semble avoir évité de justesse une catastrophe au plan socio-économique, politique et culturel. Toutefois, je considère cette loi réactionnaire compte tenu des drames familiaux irréversibles se dessinant à l’horizon. Quant à savoir si une augmentation du loyer commercial est nécessaire, je dirais à la fois oui et non. Il y a plusieurs motifs à cela. Cette nouvelle législation donne pleins pouvoirs aux propriétaires comme aux temps moyenâgeux et esclavagiste. En particulier, la loi sur la destination commerciale. Mais cela ne doit pas être ainsi parce que toute loi doit être juste, et non au profit de certains. Le rôle d’un vrai gouvernement est de veiller, tel un arbitre, à ce qu’il n’y ait pas d’injustice des deux côtés. La discrimination et le favoritisme dans une loi sont anticonstitutionnels. Sinon ce sera plutôt une Landlord Act tout court…

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À ce jour, seul le trio Makoond-Siew-De L’Estrac de Port-Louis Development Initiative rit jusqu’aux oreilles. Songent-ils aux intérêts communs ?  Ils sont soi-disant les futurs créateurs d’une Capitale moderne cohabitant avec le classicisme, tout en voulant simultanément embellir et dynamiser d’autres régions de l’île. Tout cela au nom du Patrimoine avec un “p” minuscule.

Contradictions, contradictions… D’une part, on veut développer la capitale avec une hausse du loyer relevant de la Landlord & Tenant Act et, d’autre part, on ne peut construire un immeuble ne dépassant pas trois étages dans un rayon de 500 mètres à partir de l’Aapravasi Ghat. Insensé! Je saisis cette opportunité pour ajouter que je suis parmi les mieux placés pour parler de cette loi vu que je suis tant locataire que propriétaire.

En 2017, payer une location à Rs 100 seulement ou encore s’acquitter d’une hausse dépassant plusieurs milliers de roupies relèvent d’une aberration. S’il n’y avait pas eu ce tout nouveau moratoire de trois ans, la réaction de son application se serait rapidement fait sentir: fermeture inévitable de bon nombre de commerces; licenciement massif dans ce secteur, qui emploie environ 50 000 personnes, alors même que celui-ci se positionne comme un pilier de notre économie.  Dès qu’on libéralise le montant du bail, la hausse aura inévitablement une incidence sur les consommateurs. Il n’y a pas une politique prix-salaire à Maurice malgré le minimum vital nouvellement introduit par le gouvernement. Les prix des articles devraient s’attendre à des hausses mirobolantes et inimaginables de 300 à 400%. Tout cela est extrêmement grave car cette législation, bien qu’accompagnée d’un nouveau moratoire, protégera une poignée de gens au nom du soi-disant progrès économique.

Incursion dans le passé

Faisons l’historique de cette loi. Pour parer au manque de logements après le cyclone Carol en 1960 vu le nombre de sans-abri, la loi fut renforcée pour protéger les locataires aux mains des propriétaires criminels. Quand quelqu’un à l’époque achetait une propriété, il avait le droit de mettre à la porte les locataires. Avec cet amendement de la loi, l’acquéreur était tenu à ne pas se libérer des occupants résidentiels et commerciaux. C’était l’époque du vrai socialisme.

Pendant le régime du PTr sous le leadership de Navin Ramgoolam, en 1995-2000, un amendement pour augmenter la location à 50% avait vu le jour avec un  pourcentage annuel reposant sur le taux d’inflation.  Du même coup, on a établi une ligne de démarcation entre locataires résidentiels et commerciaux. C’était bien. Mais le secteur privé, fidèle à son habitude, se plaignait. Alors, le salut pour eux qui n’aiment que des cadeaux, venait du gouvernement MSM/MMM en 2005 quand Paul Bérenger était Premier ministre. C’était la descente aux enfers pour les locataires avec ce chef du gouvernement qui vantait ses qualités de protecteur de petites gens. Le militant capitaliste ? Protestations et autres campagnes de dénonciation de cette loi amenèrent le PTr à réduire le pourcentage de 15% à 10% et le deuxième moratoire fut étendu jusqu’à 2017. Cela montrait en quelque sorte l’inclination du PTr pour son socialisme d’antan. Par ailleurs, ce parti caressait déjà sa vision de remplacer le capitalisme traditionnel par de nouveaux détenteurs des capitaux proches des labourites.

On reviendra sur d’autres aspects de cette loi dans la page Forum du Mauricien.

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