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Quarante-cinq pour cent

Voilà enfin tous les résultats connus, et un en particulier : 45% d’abstention.

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L’importance de ce chiffre met tous les autres en perspective. Il relègue la performance d’Arvin Boolell à 19% et Nita Juddoo à 7,4% des personnes inscrites sur les listes électorales. Ceci n’enlève bien évidemment rien à la victoire de Monsieur Boolell, mais ce dernier ainsi que les hauts cadres et stratèges du Parti travailliste auraient tort de penser que cette victoire est le signe d’une adhésion et d’une ferveur retrouvée avec l’électorat mauricien.

La première chose qu’il est intéressant à faire ressortir est que le Parti travailliste a perdu les élections générales de 2000 avec un taux de 36,5% des suffrages exprimés pour un taux d’abstention de 19,1% ; et les élections générales de 2014 avec un taux de 38,5% des suffrages exprimés pour un taux d’abstention de 25,9%. Dans la circonscription N° 18, le taux d’abstention était de 19,9% en 2000 et de 26,5% en 2014, légèrement au-dessus de la moyenne nationale.

De plus, lors de cette dernière élection générale, Nita Deerpalsing finissait en 5e position avec 35,2% des voix exprimées, devenant ainsi la candidate travailliste la mieux placée pour la circonscription N° 18. Si nous extrapolons les voix obtenues par Nita Deerpalsing sur le nombre total des inscrits, elle a obtenu 25% de la totalité des suffrages potentiels.

Ces chiffres, qui sont ceux de l’Electoral Commissioner’s Office, mettent en lumière ceux de la partielle de dimanche. Ils permettent de mieux contextualiser l’événement, et donc de mieux le comprendre. Ainsi, le Parti travailliste a gagné cette élection en faisant un score inférieur à ceux qu’il obtient lorsqu’il perd une élection au XXIe siècle, ne récoltant « que » 35,1% des voix exprimées.

L’abstention, la plus haute jamais enregistrée dans une élection depuis 50 ans, aura donc été le grand vainqueur de cette partielle. Son importance fait qu’elle ne peut pas être ignorée. Plusieurs explications sont possibles, parmi elles, la plus simple étant un manque d’enthousiasme et d’adhésion aux différents projets politiques présentés par les différents partis et candidats. Le fait que cette élection fut une partielle sans réel enjeu a sans doute aussi joué un rôle important dans le manque d’engagement d’un grand nombre de nos concitoyens, mais nous spéculons. Ce qui semble sûr, c’est que la démonstration de force qu’espéraient les partis de l’opposition n’a pas eu lieu. C’est même tout le contraire qui s’est produit, car l’autre grand vainqueur de cette partielle est bel et bien le MSM ; Pravind Jugnauth faisant au passage preuve d’un flair politique insoupçonné. Il aura réussi, sans entrer dans une élection qui aurait pu user le reste de son mandat, à tâter le pouls de l’électorat mauricien pour les prochaines élections générales. Il en sort conforté dans le fait que son parti est loin d’être hors course, malgré tous les scandales. Il se pourrait même qu’il ait plusieurs longueurs d’avance.

Quant à Arvin Boolell, sa victoire ne devrait pas lui exempter d’une analyse critique de la situation. S’il se prête à l’exercice objectivement, comme l’homme politique d’expérience qu’il est sait le faire, il verra peut-être que ce mandat qui vient de lui être donné n’est pas un mandat pour la bataille de l’opposition parlementaire, mais plutôt un mandat pour la bataille du leadership du Parti travailliste. Les 45% qui ne se sont pas exprimés dimanche, ainsi qu’un très grand nombre de nos concitoyens, attendent de voir ce qu’il en fera avant de décider de leur vote aux prochaines élections générales  –anticipées ou non.

AVINAASH MUNOHUR

Doctorant en Philosophie Politique

Laboratoire de recherche sur le Changement Social et Politique (LCSP – EA 7335)

UFR Sciences Sociales

Université Paris 7 Diderot

 

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