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La réparation du tronçon de la M3

Deux nouveaux éboulements sont survenus mardi et mercredi derniers sur la M3, le nom officiel de l’autoroute qui relie Verdun à Terre-Rouge. L’autoroute dont une partie a été fermée depuis 2016, suite à un premier éboulement. Sur un peu plus d’un kilomètre, elle devient un chemin à deux voies avec interdiction de dépasser 30 kilomètres à l’heure. Et c’est un progrès par rapport à la situation juste après l’éboulement, quand il fallait quitter la route en empruntant les chemins souvent en dents de scie traversant les villages des alentours. Cette autoroute Verdun/Terre-Rouge n’est pas loin d’entrer dans le Guinness Book of Records, pas pour sa conception originale, mais à cause des réparations sur ce tronçon d’un peu plus d’un kilomètre qui durent depuis plus de deux ans. Oui, cela fait plus de deux ans que le ministère des Travaux essaye de faire réparer la route qui s’est affaissée en 2016. Oui, cela fait plus de deux ans qu’en période de grosses pluies le tronçon est fermé à la circulation, obligeant l’automobiliste à se débrouiller pour arriver à destination ou tout simplement à rebrousser chemin pour retrouver les « anciennes » routes, plus longues, mais plus sûres.

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L’écroulement de cette partie de la route Verdun/Terre-Rouge est l’illustration de la manière dont les choses sont faites à Maurice. Dans n’importe quel pays avant de décider de construire une route une étude est entreprise sur la qualité du sol et des pierres, s’il est traversé par des cours d’eau, sa capacité à accepter le poids de l’autoroute et des voitures qui vont circuler dessus. Ce n’est qu’après ces études scientifiques sanctionnées par un certificat signé par des professionnels que le permis de construire la route est délivré et que les travaux peuvent commencer.

La lecture des dernières déclarations du ministre Bodha et de l’actuel responsable de la Road Development Authority donne à croire que les études indispensables n’ont pas été faites. Ou ne l’ont pas été complètement. Sinon, comment expliquer que ce n’est que quatre ans après l’ouverture de la route que l’on découvre que sous la surface rocheuse du principal affaissement, à 40 mètres de profondeur, coule une rivière souterraine ? Comment est-ce que les professionnels qui ont construit cette route ont pu ignorer ce fait fondamental ? Comment peut-on venir dire que des études géotechniques ont été menées sur le tracé de la route depuis 2014 sans quelles ne révèlent les caractéristiques du terrain qui est, selon les mots du ministre Bodha, dans « une zone extrêmement pluvieuse ou l’eau se répand à tous les niveaux ». Ce n’est pas aujourd’hui que l’on se rend compte des « risques de glissement de terrain dû à l’instabilité de la pente ». Mais ces risques existent depuis toujours, tout comme les grosses pluies dans cette région montagneuse du centre de l’île ! C’est vrai que les responsables politiques au pouvoir ne semblent pas avoir pris toutes les mesures nécessaires sur la qualité du tracé avant la construction de la route. Mais en dehors de condamner son prédécesseur, qu’a fait le ministre Bodha pour réparer cette route depuis son entrée en fonctions ? Ce n’est que cette semaine, quatre ans après l’ouverture de la route, et deux ans après le premier éboulement, qu’il annonce la venue d’un expert des ponts et chaussés « pour une étude approfondie de l’alignement Ripailles — Valton ».

Il y a une chose que je ne comprends pas. Est-ce que « cette étude approfondie » n’aurait pas dû avoir été faite avant la construction de la route ? Se rendant compte que son prédécesseur ne l’avait pas faite, Bodha n’aurait-il pas dû commanditer cette étude dès le premier éboulement ? Cette manière de faire rappelle un autre grande décision du ministre Bodha : après avoir aboli le permis à points — qui avait pourtant commencé à donner des résultats sur la manière de conduire des Mauriciens —, il a été obligé de faire venir un expert pour essayer de trouver une solution au problème qu’il avait lui-même créé. Cette opération, comme les réparations de la M3, coûtent de l’argent au contribuable. Le coût de construction de la M3 était évalué à Rs 3,5 milliards, mais a atteint Rs 4, 2 milliards avec les retards accumulés. Depuis son ouverture, le montant des réparations s’élève à Rs 1,3 milliards. Ces réparations ne concernent qu’un peu plus d’un kilomètre sur une route qui est longue de 24,5 kilomètres. Croyez-moi, au train où vont les choses, la réparation du tronçon de la M3 va conduire Nando Bodha directement dans le Guinness Book of Records !

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