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Hors de l’oeil, la dévastation

L’île se tait enfin, la parole s’efface, le temps renoue avec ce qu’il est, non ce lieu du déclin de l’homme mais celui de sa genèse, l’homme ne sait plus ce qu’est le temps, il en a fait autre chose, désormais le temps règne et l’île se tait, elle s’enfouit dans le silence, elle est silence, les cabales du pouvoir cessent, les mots incessants explosent, les corps ensauvagés s’enfouissent dans l’obscurité, plus rien n’est, ne peut être, il est cette paix qui est aussi destruction, pas celle qui nous afflige tous les jours, pas celle qui lacère, qui l’étouffe, l’épuise, le tue mais une autre destruction, pas salvatrice, elle ne l’est jamais, celle qui est le rappel de l’humilité, il est donc ce silence, les visages des insulaires sans doute réconciliés, qui s’abandonnent à ce qui les dépasse et l’île est silence, le silence du vent et de la pluie, le silence des coeurs, le silence de cette parenthèse, le temps enfi n vrai, l’être enfin sans masques, son regard libéré de tous les aveuglements, semblable à l’oeil du cyclone, hors de l’oeil la dévastation, au sein de l’oeil le silence, qui ne peut être que dans la proximité à la violence, la violence du silence et le silence de la violence.

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UMAR TIMOL

 

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