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Gilberte Chung (Sedec) : « Kleopas n’est pas la réponse de notre secteur à la réforme éducative nationale »

Dans le cadre du projet Kleopas, enclenché par l’Église catholique à Maurice, le service Diocésain de l’Éducation Catholique (SeDEC) a réalisé un clip à l’intention des parents dont les enfants étudient dans les écoles catholiques de l’île. Cette vidéo, diffusée durant la rentrée des classes 2018, explique aux parents les nouvelles orientations de l’éducation catholique à Maurice, afin que les institutions dans le processus éducatif aient une bonne compréhension de la nature du projet éducatif catholique et des changements qui interviendront progressivement dans le secteur au cours des années à venir.

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Afin d’apporter une nouvelle dynamique dans les écoles catholiques, la directrice exécutif du Sedec, Gilberte Chung Kim Chung, nous explique les objectifs de cette initiative qui vise à contribuer à une meilleure compréhension, unifiée donc, de la mission de l’école catholique à Maurice.

Quels étaient les objectifs du SeDEC par rapport à la vidéo de sensibilisation sur les nouvelles orientations de l’éducation catholique dans les écoles ?

Le but de la vidéo explicative à l’intention des membres de notre personnel et des parents qui nous confient leurs enfants était d’amener une meilleure compréhension des changements qui interviennent dans le domaine de l’éducation catholique à Maurice avec le projet Kleopas. 

Il était important que le même message parvienne aux quelque 2700 employés du secteur, du primaire au post-secondaire technique, et à un maximum de parents qui font confiance à l’enseignement catholique pour l’éducation de leurs enfants. Il faut ici savoir qu’environ 30,000 apprenants sont scolarisés dans les 67 institutions éducatives catholiques de l’île.
En nous assurant que le plus grand nombre est touché par l’explication de ces nouvelles orientations de l’éducation catholique locale, nous mettons plus de chances de notre côté en vue d’une adhésion optimale de la part de tous nos partenaires. Sans cela, il serait impossible d’envisager un quelconque changement. Tous doivent être ‘on board’ : administrateurs, enseignants, personnel de soutien, personnel administratif, élèves, parents, ainsi que la communauté géographique ou paroissiale au sein de laquelle l’école se situe. 

Quel impact auront ces nouvelles orientations sur le programme du 9-Year Schooling ? 

Il faut bien comprendre une chose : Kleopas n’a absolument rien à faire avec le Nine-Year Schooling (NYS). Kleopas n’est pas la réponse de notre secteur à la réforme éducative nationale. Le NYS nous demande d’adopter certaines postures pédagogiques, administratives et structurelles qui ne relèvent pas nécessairement des provisions de Kleopas. En fait, Kleopas a débuté avant même que le gouvernement, qui a implémenté le NYS, ne vienne au pouvoir ! On ne peut donc pas parler d’impact de Kleopas sur le NYS en tant que tel. Certes, on ne peut pas éviter de faire l’amalgame. Comme l’avait dit le Cardinal Maurice Piat, l’an dernier, au rassemblement de notre personnel au Thabor, « il est providentiel que Kleopas et le NYS arrivent pratiquement au même moment. » 

Toutefois, le but du projet Kleopas dans le diocèse mauricien est de revoir les conditions d’annonce de l’évangile et de transmission de la foi, et il incombait donc à l’école catholique mauricienne de voir ce que serait sa contribution différenciée dans ce chantier. Kleopas est donc un projet catéchétique qui vise à remettre les valeurs évangéliques au centre de l’école catholique, car avec le temps et les concessions faites à la modernité, l’identité distincte de notre école a commencé à s’effriter.

Êtes-vous favorable à la nouvelle formule du ministère de l’Éducation ?

Pour ce qui est du NYS, l’éducation catholique est et demeure un partenaire de l’Etat dans le projet éducatif national. A ce titre, nous avons le devoir et la volonté de soutenir le ministère de l’Education dans la réforme enclenchée. Nous avons la ferme conviction que la réforme comporte beaucoup de bonnes choses. Et là où nous avons certaines réserves pour cause d’incompatibilité avec nos valeurs intrinsèques, comme au sujet de la création des académies, nous n’avons pas franchi le pas, du moins pour l’instant. Certes, comme en toutes choses, ce sont surtout les couacs sur les plans pratique et opérationnel qui retiennent l’attention – surtout en ce début d’année – mais dans le fond, le NYS a à cœur le bien-être de l’enfant, ce qui importe le plus pour nous, qui souscrivons à la vision que l’enfant doit se retrouver au centre de l’acte éducatif. Maintenant, il s’agit de se concerter et d’œuvrer avec un esprit positif pour que les obstacles sur le plan administratif soient aplanis.

Comment le projet Kleopas évoluera-t-il au primaire et au secondaire cette année ? 

2017 a été grandement consacrée à la communication autour de l’implémentation des cinq chantiers du projet, à savoir i) la charte de l’éducation catholique et le document de référence, ii) la pastorale scolaire, iii) les nouvelles matières que sont ‘Religious Education’ et ‘Intercultural Education’, iv) la formation, et finalement v) les structures de gouvernance. Cette conscientisation s’est effectuée en grande partie à travers le DVD explicatif, mais également en présentiel, à travers différentes plateformes réunissant les différents profils et corps de métier dans notre secteur. 

La nouvelle charte de l’école catholique a été publiée et disséminée dans l’ensemble du secteur et nous avons également lancé ou relancé plusieurs chantiers de formation à la fois pour notre personnel en poste et pour ceux qui rejoignent le service. Aussi, diverses structures de gestion ont été mises en place tant pour le primaire que pour le secondaire, comme par exemple la reconstitution de la Roman Catholic Education Authority (RCEA) pour le primaire et la mise en place d’un espace de rencontre pour les recteurs et managers des collèges diocésains au secondaire, pour ne citer que cela. 

Passé ces étapes, nous nous apprêtons, cette année, à consolider les structures de gestion mises en place en vue d’affiner leur fonctionnement, mais surtout à entrer pleinement dans les chantiers 2 et 3. En effet, à compter de cette année, c’est à une Équipe d’Animation à la Pastorale Scolaire (EAPS) que reviendra désormais la responsabilité d’animer la vie de chaque école catholique selon les valeurs chrétiennes. Cette équipe sera dûment organisée autour d’un délégué à la pastorale scolaire, qui sera lui-même la personne-relais entre le SeDEC et l’école catholique pour tout ce qui touche à la pastorale scolaire et le projet d’établissement. À cet effet, chaque école réfléchira cette année et concevra un projet d’établissement qui englobera la communauté scolaire dans son ensemble et qui sera la façon spécifique pour l’école de donner vie à la charte de l’éducation catholique selon son charisme particulier, son histoire, ses fondateurs, son profil social ou sa région géographique, etc.

Les projets de la SeDEC pour 2018 ?

Enfin, 2018 sera l’année de l’introduction de deux nouvelles matières bilingues (français et créole) au primaire, à savoir l’enseignement religieux (‘Religious Education’), qui remplacera progressivement la catéchèse, et l’éducation à l’interculturalité (‘Intercultural Education’), qui font son entrée pour la toute première fois de façon formelle dans le paysage scolaire mauricien. Les manuels pour le Grade 1 sont prêts et disponibles et les enseignants ont été formés. Nous passerons bientôt à la préparation des manuels pour le Grade 2, ainsi que pour le Grade 7, car ces deux nouvelles matières feront leur entrée au secondaire l’an prochain.

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