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Questions à la présidente

A part quelques exceptions notables, un fort mouvement se fait sentir dans le pays pour demander des explications à la présidente sur les révélations concernant la carte de crédit Platinium financée par l’ONG Planet Earth Institute à son nom. Ce n’est pas la première fois que des informations troublantes sur les liens entretenus par la présidente avec l’orga- nisation dirigée par l’homme d’affaires angolais Alvaro Sobrinho circulent.

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Ce n’est également pas la première fois que le goût de la présidente pour les déplacements à l’étranger sont pointés du doigt. Dès sa nomination qui, au départ, avait été bien accueillie, il y avait eu le voyage organisé par la multinationale L’Oréal, dont Ameenah Gurib-Fakim avait été l’ambassadrice. Il a fallu expliquer à la nouvelle locataire du Réduit qu’elle était désormais au service exclusif de l’État et que la pratique internationale interdisait à une présidente en exercice d’effectuer des déplacements payés par des pays ou des entreprises étrangers. Il lui a été souligné que la présidente d’un pays ne pouvait pas être, à ses heures perdues, l’ambassadrice d’une marque, aussi prestigieuse qu’elle puisse être. Les voyages ont continué nombreux et les détails sur leur financement n’ont jamais

été rendus publics. Puisqu’ils doivent être approuvés par le Premier ministre et ministre des Finances, on supposait que chacun d’entre eux correspondait aux normes établies. L’année dernière, une série d’informations étaient publiées sur l’implication de la présidente dans l’ONG Planet Earth Institute, créée par l’homme d’affaires angolais. Des questions furent posées au Parlement et le sujet provo- qua un débat houleux, d’autant plus que l’homme d’affaires avait obtenu ses permis d’opération dans le secteur financier mau- ricien en dépit de sa mauvaise réputation. Dans l’interview accordée à Week-End le 7 janvier de cette année, Ameenah Gurib-Fakim donnait sa version des faits et dénonçait les amalgames gratuits faits contre sa personne « pour la salir ». Elle soulignait que (i) son médium de communi- cation officielle est la MBC et que (ii) dans le cas de Sobrinho « je suis restée dans les limites et je n’ai jamais transgressé mes devoirs constitutionnels ».

En début de semaine, l’Express a publié les détails des transactions d’une carte de crédit Platinium financée par Planet Earth Institute à l’ordre de la présidente de la République avec un plafond d’un million de roupies. Selon les documents publiés, la carte a été utilisée fin 2017 pour des achats de bijoux, de vêtements et de  chaussures, tous griffés, et pour payer des notes d’hôtels et de restaurants. Des transactions pour des activités n’ayant rien à faire avec la mission du Planet Earth Institute, telle que la présidente de la République mauricienne l’avait définie dans l’interview de Week-End du 7 janvier. « Je me suis impliquée avec le PEI pour trouver les moyens de faire avancer la formation scientifique dont nous avons besoin. Nous ne pouvons plus attendre que les bailleurs de fonds viennent nous voir pour financer nos projets de développement. » Au lieu de venir s’expliquer d’abord sur l’existence de cette carte et les dépenses qui y ont été effectuées, la présidente a répliqué par un ultimatum. Négligeant son média de communication officielle, la MBC, elle a choisi une radio privée pour lancer un ultimatum à l’Express : prouver que les documents publiés sont authentiques, ce qu’elle semble contester. Dès lors, une première question doit être posée : si Ameenah Gurib-Fakim sait que les docu- ments publiés ne sont pas authentiques, pourquoi est-ce qu’elle ne se contente pas de faire publier un communiqué en ce sens, au lieu d’aller lancer un ultimatum ? Pour certains, cet ultimatum ferait partie de la stratégie suivante : gagner du temps pour permettre à des hommes de loi de demander à la Cour un « gagging order » afin d’interdire à la presse de parler de cette affaire et de publier d’autres docu- ments. Une stratégie utilisée en 2014 par Mme Nandanee Soornack.

Mais au-delà des ultimatums et des défis, la question fondamentale de cette affaire, qui a déjà entaché la réputation de Maurice, est la suivante : est-ce que la présidente a autorisé Planet Earth Institute a demander à la Barclays d’imprimer une carte bancaire Platinium avec un plafond d’un million de roupies à son nom ?

 

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