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Le joke de l’année !

On peut dire qu’elle a la suite dans les idées, l’ex-présidente de la République. À peine avait-elle été obligée de donner sa démission pour utilisation d’une carte de crédit d’une ONG pour acheter des bijoux et des vêtements et pour ses nombreux voyages — 52 en moins de trois ans —, qu’elle reprenait le chemin des VIP Lounges et de la première classe en avion. En effet, l’ex-présidente se trouvait cette semaine aux Émirats arabes unis pour honorer de sa présence une conférence internationale. Savez-vous quel était le thème de la conférence à laquelle notre ancienne présidente vient d’assister ? La bonne gouvernance dans les institutions au sommet de l’État.

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Oui, Mme Ameenah Gurib-Fakim, qui a été obligée de démissionner du poste de présidente de la République pour ne pas avoir respecté les conditions attachées à la fonction, est allée donner des leçons sur la bonne gouvernance ! A-t-elle expliqué à ses interlocuteurs qu’il ne fallait surtout pas confondre les cartes de crédit se trouvant sans leur sac et les utiliser par inadvertance à de nombreuses reprises ? L’ex-présidente donnant des leçons de bonne gouvernance ! De quoi conforter ceux qui, à Maurice, pensent — surtout après la manière dont l’ex-CEO du Mauritius Institute of Directors a été licencié —- que la bonne gouvernance est un concept que tous les patrons affirment avoir adopté sur le papier, mais qui se gardent bien de l’appliquer dans le quotidien du fonctionnement de leurs entreprises. Pour en revenir à Mme Gurib-Fakim, il serait intéressant de savoir si elle a emmené dans son dernier périple d’ordre privé à l’étranger le garde du corps attaché à son service et dont les salaires sont payés par le contribuable mauricien.

Pravind Jugnauth semble, lui aussi, avoir de la suite dans les idées dans au moins un domaine : éviter à tout prix la nomination d’une commission d’enquête parlementaire sur l’affaire Sobrinho et ses tentacules. Depuis que cette affaire a éclaté il y a plus d’un an, le Premier ministre a tout fait pour éviter qu’une enquête ne soit ouverte sur l’homme d’affaires angolais, dont son Premier ministre adjoint, Ivan Collendavelloo, avait évalué l’honnêteté en le regardant simplement dans les yeux. Mais revenons au Premier ministre, à qui on fait souvent dire qu’il veut être un modèle et un donneur de bon exemple pour la nation.

Lors d’une des conférences de presse lors de son duel au sommet de l’État, il avait déclaré qu’il avait découvert des choses graves sur la présidente qui allaient choquer le pays quand elles seraient rendues publiques. Cela fait plus d’une semaine que la présidente a été obligée de lev so paké alé et on attend toujours que le Premier ministre nous révèle ces choses graves. Il avait également dénoncé la présidente pour la nomination d’une commission d’enquête illégale pour « faire sortir toute la vérité sur l’affaire Sobrinho. » Quelques quarts d’heure après qu’Ameenah Gurib-Fakim a quitté le Réduit, le Premier ministre pensait marquer un grand coup en annonçant deux décisions.

La première est la nomination d’une commission d’enquête pour faire la lumière sur les circonstances dans lesquelles l’ex-présidente avait nommé sa commission d’enquête illégale. Une commission d’enquête non encore constituée, dont le président n’a pas encore été nommé et dont les paramètres ne semblent pas avoir été définis. Fallait-il en nommer une pour connaître les détails d’une opération qui s’est pratiquement déroulée en direct sur les radios privées et les réseaux sociaux ? Alors que celle de la présidente englobait l’affaire Sobrinho, la commission d’enquête de Pravind Jugnauth ne fait même pas mention du nom de l’homme d’affaires angolais.

Pour essayer de donner l’impression de s’occuper de ce dernier dossier, le Premier ministre a demandé à l’ICAC d’ouvrir une enquête sur l’affaire Sobrinho en lui transmettant une lettre de dénonciation anonyme. C’est le joke de l’année! Cela fait plus d’une année qu’au Parlement et dans les médias les allégations se sont multipliées pour faire des allégations, parfois très graves, sur Alvaro Sobrinho. Pendant tout ce temps, l’ICAC n’a pas jugé utile de se pencher sur cette affaire qui défraie la chronique et c’est à cet organisme que le Premier ministre demande d’ouvrir une enquête sur Alvaro Sobrinho ! Comme on l’a souvent entendu cette semaine, c’était la meilleure manière d’enterrer l’affaire.

Tout ce qui précède amène à se poser la question suivante : qu’est-ce qui oblige Pravind Jugnauth à tout faire pour éviter que l’affaire Sobrinho soit révélée au grand jour ?

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