Créée il y a six ans, Medcare Academy est une ONG à Rivière des Anguilles qui contribue à combattre l’illettrisme dans quelques villages du sud : Rivière des Anguilles, Tyack, Souillac et Batimarais. Elle a pour mission principale d’apporter un soutien pédagogique et moral aux enfants et aux jeunes de 3 à 18 ans.
Au prime abord, tout semble aller pour le mieux à Rivière des Anguilles. Pourtant, la réalité des enfants qui fréquentent la Medcare Academy est tout autre. Certains ont arrêté l’école tôt, ont des troubles d’apprentissage et ne peuvent avoir une éducation stable par manque de soutien de leur famille et à cause de la pauvreté. Medcare Academy propose des classes de 14h30 à 17h30 du lundi au vendredi et une demi-journée le samedi pour ceux âgés entre 3 et 18 ans. Au total, ils sont 55 à pouvoir compter sur le soutien scolaire et moral de cette ONG.
Les classes se tiennent dans une grande salle où l’on trouve des rangements pour les livres, des jouets, des tables et des chaises adaptées pour petits et grands, un mini-podium pour la classe de développement de talents et un ordinateur. “Les petits viennent toujours les premiers. Ils sont toujours contents d’être là”, confie la fondatrice de l’ONG, Nasime Mungly.
La joie des petits qui investissent le lieu fait plaisir à voir. Ils sont à l’aise dans leur deuxième maison, au point d’appeler la fondatrice “maman”. Petite faim après les heures des classes oblige, ils ne se font pas prier pour demander à Janique un en-cas à manger. Deux des premiers arrivés ont les yeux rivés sur l’écran où défile un dessin animé. “Aujourd’hui, ils ont du pain au fromage et du jus. Nous varions tous les jours et selon les envies des enfants”, précise la volontaire et cuisinière. Au dire des éducateurs, les petits sont nombreux à ne pas avoir la chance d’avoir un repas équilibré chez eux. “Nous leur offrons un repas chaque samedi. Nous pouvons aussi compter sur l’appui des visiteurs, qui n’hésitent pas à offrir un repas aux enfants.”
Lecture et cours de rattrapage.
Nasime Mungly fait un constat, sans intention de stigmatiser les familles. “Il est malheureux de le dire mais certains enfants viennent de familles où l’un des deux parents est alcoolique, a quitté le toit familial ou est touché par d’autres fléaux.” Elle souligne que la démission des parents devant leurs responsabilités est l’une des causes de la situation où se retrouvent leurs enfants. C’est souvent les grands-parents qui veillent sur ces derniers. “Si quelqu’un de la famille ne vient pas les déposer, nous nous chargeons d’aller les récupérer et de les déposer chez eux.” Pour ces enfants, venir à la Medcare Academy est synonyme de paix et de plaisir. Les huit éducateurs et les volontaires aident à l’épanouissement des enfants et des adolescents. “Nous leur apprenons également les bonnes manières.”
Entre la lecture et les cours de rattrapage, nous retrouvons Kuvin Yencadoo, un des éducateurs, qui enseigne l’art. Il montre aux enfants, assis en demi-cercle, comment peaufiner un canard en argile. “Tous les éducateurs ne peuvent pas venir en même temps. Nous offrons un cours spécifique chaque jour.”
Sur une table à côté est assise Lauriana Gaspard. Elle apprend tranquillement ses leçons. Les éducateurs soulignent que c’est la plus intelligente de la bande et l’une des plus sages. “J’aime venir ici car il y a beaucoup d’activités auxquelles je peux participer”, dit d’une voix timide l’étudiante de Keats College. L’école, lancée en 2012, abrite aussi quelques enfants turbulents. “Avec les éducateurs, nous réfléchissons à la meilleure façon de procéder avec les enfants. Un psychologue vient une fois par mois pour s’occuper des cas extrêmes.”
Effort et patience.
Un peu plus tard, nous conversons avec un jeune homme de 16 ans surnommé Tico. Il est l’un des plus anciens et a arrêté l’école prématurément. Il ne veut plus être analphabète.
Ayant des difficultés à apprendre, il suit la classe avec les plus jeunes. “Mo vinn la pou aprann lir, desine ek bon manier.” Effort et patience sont les maîtres mots pour que les enfants et adolescents finissent par enrichir leurs compétences.
En six ans d’existence, la Medcare Academy a connu des hauts et des bas. Au début, elle ne se trouvait pas au centre de Rivière des Anguilles mais dans le village hall du village. “Là-bas, la salle était petite. Ici, nous sommes mieux. Parfois, des parents nous prêtent leur garage. Malgré les obstacles, nous n’avons jamais baissé les bras”, dit Nasime Mungly.
Aujourd’hui, l’école bénéficie du soutien du projet Decentralised Cooperation Programme (DCP), qui contribue à la lutte contre la pauvreté à Maurice et à Rodrigues. Dans les semaines à venir, l’ONG compte offrir des cours le matin pour les adultes et pour les femmes violentées. “Dans le passé, nous avons donné des cours de coiffure aux filles-mères. Certaines tiennent aujourd’hui un salon de coiffure.” Une volonté commune anime cette petite équipe pour offrir un avenir meilleur aux plus vulnérables.