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Après avoir vendu tout ce qu’on peut vendre…

David SAUVAGE

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Rezistans ek Alternativ

La vente de la nationalité et du passeport mauricien correspond bien au point le plus sombre de la tragédie libérale commencée il y a de nombreuses années. Jusqu’alors drapé dans sa robe d’illusions, le libéralisme à outrance est aujourd’hui fragilisé par ses propres dégâts, et montre plus ouvertement son vrai visage, d’où l’urgence de notre jeune nation à reprendre son destin en main.

Cette économie non productive fondée sur le foncier et l’offshore a beaucoup de mal à cacher ses fissures. Avec une réserve inutile de dix ans de villa de luxe d’un côté, et la tombée de rideau pour la partie la plus opaque de la finance offshore, quel bilan ?

Bien que les possédants aient engendré des profits faramineux, notre littoral s’est fait piller, et il nous manque aujourd’hui une économie qui permette l’émancipation des travailleurs, tout en entretenant les trésors vivants de notre patrimoine naturel.

Le modèle d’économie non inclusif, qui a profité uniquement aux possédants et gouvernants, tellement efficace dans sa capacité à exclure, leur a fait paradoxalement perdre confiance en leurs propres concitoyens, en la capacité des leurs à évoluer sereinement en ce monde.

Une politique sans un projet de société commun ambitieux, irrespectueuse de son peuple et de la biodiversité qui nous entoure, s’est contentée pendant 50 ans à perpétuer le vieux schéma de l’époque coloniale, sans réussir à le transcender.

Alors, nos possédants et gouvernants, pour les 50 ans d’indépendance, face à leurs échecs, n’ont rien trouvé d’autre que de jeter le bébé avec l’eau du bain.

Après avoir réduit le service public dans sa capacité à bien faire, l’Economic Development Board (EDB) se prépare à prendre le contrôle insidieux de nos institutions.

Après avoir laissé dépérir notre système éducatif et universitaire, on cherche à présent des jeunes étrangers à fort potentiel.

Après avoir vendu tout ce qu’on peut vendre, on cherche maintenant à vendre notre identité.

Après les atrocités de l’ère coloniale sur la nature de nos îles, et des peuples arrachés d’ailleurs, nous voyons maintenant les prémices structurelles d’une deuxième vague de colonisation à l’horizon. Un système n’est pas bon uniquement parce qu’il nous ménage et nous conforte, il est convenable s’il est bienveillant et empathique à la vie, à la nature, aux peuples.

Pourtant, l’inversion des pôles a bel et bien commencé, alors que des migrants climatiques et autres déplacés de guerres cherchent refuge, et se noient par milliers dans les océans, si ce n’est pour se faire exploiter s’ils parviennent à arriver dans les pays du Nord. Comment nous, pays du Sud, pouvons-nous nous imaginer faire une sélection uniquement basée sur l’argent, sans aucune base humanitaire ? Cela manque profondément de sens, et du sens c’est aujourd’hui ce dont nous avons le plus besoin.

Alors, à force d’écraser ce peuple, qui porte en lui ce qu’il y a de plus beau et de plus fort, la capacité des hommes et des femmes à vivre en paix dans la diversité; le fait d’être en première ligne de cette crise écologique majeure, doublement source d’inspiration pour l’humanité, la lutte pour l’indépendance des Mauriciens se cristallise et prend sens, celle d’une île Maurice où il fait bon vivre.

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