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Doping, une réalité à combattre

Un nouveau cas de dopage à un produit illicite devrait être officiellement révélé dans les heures qui viennent. Le cheval Artax, de l’entraînement Sewdyal, est sous la loupe des analystes depuis le début de la semaine, sur demande expresse de son entraîneur. C’est en sellant son cheval pour les galops d’entraînement lundi que ce dernier a remarqué une enflure anormale au niveau du cou de son protégé. Il a immédiatement informé le MTC, qui a ordonné une analyse d’urine et de sang. Les premiers résultats du laboratoire QuantiLAB ont révélé une anormalité dans l’organisme du cheval et le laboratoire a demandé un deuxième prélèvement pour s’en assurer. Ce qui fut fait mercredi. L’entraîneur Sewdyal a, dans cette même foulée, demandé que tous ses chevaux inscrits au programme de samedi soient testés. L’ensemble de ces résultats est attendu incessamment.

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Désormais, c’est la peur qui anime la communauté des entraîneurs, qui se demandent à quel moment pourraient-ils être touchés par ce virus qui a pris une autre dimension cette saison avec la montée en puissance de produits illicites dans ces cas de dopage. Cette peur est animée par le fait que si un cheval est présenté en course alors qu’il est positif, l’entraîneur en porte seul la responsabilité, même s’il n’est pas nécessairement le coupable. Il est difficile d’imaginer un entraîneur aguerri qui connaît tous les rouages du métier se faire prendre comme un débutant par des produits illicites qui pourraient mettre son avenir professionnel en jeu, voire être pris dans la spirale policière et judiciaire. Mais il est clair que dans le milieu hippique, il n’y a pas non plus des saints et ceux qui se servent de moyens malhonnêtes n’ont qu’à s’en prendre à eux-mêmes s’ils sont attrapés la main dans le sac.

Dans tous ces cas de dopage, c’est sans doute le Mauritius Turf Club (MTC) qui est le plus mal à l’aise. Le moindre cas prend une dimension parfois dramatique et la tentation de recourir à l’omerta est bien présente, tant chaque cas résonne en son sein comme un aveu d’échec propre à son fonctionnement tentaculaire. Il est vrai qu’en tant que coanimateur du système de surveillance d’un établissement au même titre que l’entraîneur, le MTC porte une certaine responsabilité. Et à ce titre, il est même en situation de conflit d’intérêts, puisqu’il se retrouve à enquêter sur un système défaillant dont il est partie prenante. Pour jouir sereinement de son rôle de contrôle et d’enquêteur, le MTC doit se retirer complètement de la surveillance, ce qui lui garantirait l’indépendance nécessaire et surtout une perception en ce sens.

En écrivant cela, on entend déjà les cris de putois de certains affirmant que sans cette participation du MTC à la surveillance, la situation serait pire. Certes, cela sera vrai dans un premier temps, quoique la situation actuelle est bien plus grave qu’elle n’y paraît. Le MTC prendrait ainsi cette distance nécessaire à toute institution vis-à-vis de ses sujets. Son devoir premier est d’être au-dessus de la mêlée pour mieux gérer, juger et sanctionner le cas échéant. S’il fallait une preuve que toute distanciation est plus que nécessaire et qu’elle marche, c’est l’indépendance acquise du laboratoire QuantiLAB, jadis une excroissance du MTC et aujourd’hui mondialement reconnue.

Le doping est une réalité qui touche tous les sports à l’échelle mondiale. C’est sale et inacceptable, mais il est bel et bien présent. Le sport des rois n’en est pas l’abri. Ses têtes couronnées n’y échappent pas : l’écurie Godolphin du Cheikh Mohammed Al-Maktoum à Newmarket en a été victime en 2013 ; les chevaux de la Reine d’Angleterre, Elizabeth II elle-même, n’ont pas été épargnés. En 2014, sa pouliche Estimate, dopée à la morphine, terminait deuxième de l’Ascot Gold Cup. Un vrai crime de lèse-majesté.

Qu’on se le dise, la réputation des courses dans le public est déplorable. L’opinion et la quasi-totalité des parieurs sont convaincues d’un dopage plus important des chevaux de course que les résultats ne le démontrent. Les parieurs assidus sont très sensibles à cette donne, mais au fil du temps, cela n’a aucune répercussion sur leurs paris et leur accoutumance au jeu. Les vraies victimes du dopage, ce sont les acteurs de courses, les entraîneurs et les propriétaires honnêtes surtout, qui perdent de l’argent arraché de leurs caisses sur l’autel des cocktails anesthésiques, analgésiques, anti-inflammatoires, morphiniques, stéroïdiennes ou cortisoniques. Et on veut nous affaire accroire que le doping est une affaire de palefreniers et de quelques ripoux de la police… Sans doute comme exécutants aux ordres de masterminds qui ont définitivement une connaissance chimique et biochimique de premier plan et l’argent suffisant pour financer de telles opérations.
Le système antidopage actuel à Maurice, avec les analyses de tous les chevaux avant la course et des gagnants après les épreuves, a longtemps donné l’impression que le dopage n’était qu’une chimère dans l’imaginaire de journalistes ou de turfistes frustrés. Mais la réalité de quelques analyses surprises ou tests inopinés ont révélé des cas inattendus, comme ceux de Gameloft et League Of Legends, et démontrent que la philosophie actuelle de l’ensemble du dispositif doit être revue et corrigée. Et cela est contradictoirement rassurant. On peut enfin expliquer des performances extraordinaires, pour ne pas dire stupéfiantes, on comprend mieux pourquoi des chevaux normalement calmes se transforment en monstres le jour des courses, des victoires sans lendemain, et les miracles de certains entraîneurs capables de transformer un canasson en double-time winner.

Combattre le doping doit être une volonté politique forte et commune des institutions hippiques. Les cas révélés depuis le début de la saison ont déchaîné les passions, puisqu’ils touchaient l’entraînement champion, et c’est normal. Dans cette perspective, l’attente du public est plus grande encore. L’impression que le MTC avait mis son frein à main sur ces enquêtes a fait le tour du monde hippique et politique mauricien. La comparaison avec le cas Gameloft a été brandie. Au point où la Gambling Regulatory Authority (GRA) a summoned par courrier le MTC de remplir ses obligations d’enquête administrative en concordance avec les rules et les obligations vis-à-vis de la GRA dans le combat pour l’intégrité hippique.

Bonne initiative à laquelle le MTC a rassuré sur sa volonté de mener ses enquêtes à terme avec la même volonté de toujours. Le MTC explique qu’il n’y a pas de retard intrinsèque, que pour les cas Maxamore et Aspara, il attendait une réponse de la police, et pour celui de League Of Legends, les résultats des échantillons B qui tardent à revenir de Hong Kong pour cause de détériorations du produit à analyser. Il eut été judicieux que la GRA fasse preuve de la même détermination sur sa Police des Jeux pour qu’elle boucle aussi l’enquête et fournisse au MTC des éléments nécessaires pour son enquête, même si nous savons que toute procédure judiciaire est vouée à l’échec et que seule la procédure disciplinaire du MTC fait force de loi et de dissuasion.

Le programme de ce samedi subit les travers de deux idioties de la GRA. D’abord, les directives 7 concernant les protected races qui vont encore une fois produire une course taillée sur mesure pour une protected stable, avec une victoire certaine à la clé. Ensuite, le refus de la GRA de permettre au MTC de dédoubler la septième épreuve, donc, de faire un programme à neuf courses. Cette mauvaise décision contraint une pléthore de chevaux à rester à l’écurie, alors qu’ils sont prêts à courir. Cette décision réductrice et dépourvue de fairness ne punit pas seulement le MTC, mais des propriétaires qui dépensent gros sur leurs chevaux et surtout l’État qui va encore enregistrer un manque à gagner dans cette affaire. Cette décision du board de la GRA ne fait pas honneur à sa mission, mais reflète la pénurie d’ambitions, la carence de hauteur nécessaire et d’indigence criante de vision des membres les plus influents de ce monstre à trois têtes. En tout cas, ce n’est pas avec ce ramassis d’incompétents et d’opportunistes patentés d’un autre temps qu’on fera avancer la cause hippique à Maurice…

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