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De la lecture à n’en plus finir…

GORAH BEEBEEJAUN, CSK

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Comment se porte la lecture chez nous ? Avance-t-elle ou est-elle en nette régression ? La lecture, un must quotidien pour certains, est tout de même mise au rancart par d’autres. Dans le cadre du festival du livre, il me semble opportun d’évoquer cette question.

Lors du lancement du livre du romancier A. Ibrahimsah, quelque temps de cela, Prithvirajsing Roopun, ministre des Arts et de la Culture, n’a pas manqué de faire ressortir dans ses propos, que son ministère ne lésinera pas sur les moyens pour promouvoir et la lecture et l’écriture. Il avait aussi parlé du rôle prépondérant joué par son ministère sur le sujet y relatif. Il avait étayé ses dires pour souligner que son ministère subventionne déjà et cela, d’après certains critères et à travers le President’s Fund for Creative Writing, tout auteur mauricien, néophyte ou chevronné, en publiant leur œuvre et en leur accordant son soutien indéfectible dans leur démarche.

Cette initiative mérite d’être soulignée et encouragée. Disons-le, la lecture déjà négligée retrouvera ses lettres de noblesse par de telles initiatives du ministre des Arts et de la Culture.

Il faut aussi mettre en exergue les efforts incessants déployés, à travers les 23 Centres de lecture et d’animation culturelle (CLAC), dont 3 à Rodrigues, pour la promotion de la lecture. CLAC fut institué par l’Organisation internationale de la francophonie, en zone rurale et périurbaine et est géré par le ministère des Arts et de la Culture. Le CLAC opère par le truchement du Centre de lecture publique et d’animation culturelle (CELPAC).
L’excellent travail des centres ne doit pas être occulté, tant ils sont bénéfiques et salutaires pour le monde estudiantin. Ils contribuent à faire de nos jeunes et moins jeunes des adeptes de la lecture et ce, par le biais des jeux, de la poésie, des slams et d’autres manifestations culturelles et ludiques, sans oublier l’accès qu’ils ont aux livres et aux diverses publications.

C’est dire que les activités périscolaires ont, donc, toute leur importance car, il y a quelques années de cela un programme spécial avait été mis en œuvre dans nos établissements scolaires : « Silence ! on lit ». Et, étant donné que toutes les institutions scolaires sont, de nos jours, dotées d’une bibliothèque pour la promotion de la lecture parmi les étudiants, c’est à ces derniers d’en profiter. Dans cette optique, je fais un vibrant appel à la ministre de l’Éducation de mettre dans chaque bibliothèque scolaire, des livres d’auteurs mauriciens et surtout de ceux qui ont fait partie du personnel de l’Éducation dans le passé. Question d’honorer leurs œuvres.

Dans cette optique, il y a des années de cela, en tant que cadre du ministère de l’Éducation j’avais eu l’encouragement nécessaire pour développer une culture de la lecture en milieu scolaire et mettre en place des projets visant à la promouvoir. « LA LECTURE AVANT TOUTE CHOSE » était le slogan trouvé et avait bien marché. Tout le corps de l’éducation – inspecteurs, directeurs d’école, leurs adjoints et enseignants – avait mis la main à la pâte pour le développement d’une stratégie pédagogique affinée et ainsi faire avancer cette cause qu’est la lecture.

Ces derniers temps, pédagogues et profs, intervenant dans la presse, de temps en temps, sont unanimes : « Le niveau de la lecture a baissé. Les élèves n’ont pas une maîtrise de la grammaire, de l’orthographe et du vocabulaire dont ils ont besoin pour s’exprimer comme il le faut. La lecture est essentielle parce qu’elle permet à l’élève d’acquérir une meilleure maîtrise de la langue. Les lecteurs, en général, écrivent et s’expriment mieux que les non-lecteurs. » Pour le responsable de la médiathèque de l’IFM (Institut français de Maurice), P.E. Guilleray, « Le livre papier a encore du chemin.

Cela fait quinze ans qu’on dit qu’il va disparaître mais il est toujours là »; et d’ajouter « l’IFM accueille 50,000 visiteurs par an, dont la majorité sont des étudiants et des diplômés. Ils ont emprunté environ 90 000 livres ». C’est de bon augure pour la lecture. Quelque temps de cela, dans un article dans la page Forum du Mauricien, mention avait été faite d’une campagne pour encourager la lecture en Corée du Sud. Paroles d’enfant : « If I read books for thirty minutes, I get a stamp from the teacher. If I collect 10 stamps, I can skip homework and do not have to clean the classroom for a week ». « Thanks to this kind of encouragement the habit of reading is on the increase in South Korea », le ministre de la Culture coréen attribuant cette amélioration à une campagne gouvernementale soutenue pour encourager la lecture et l’utilisation des bibliothèques publiques.

Saffiyah Edoo, toujours dans la page Forum du Mauricien, avait évoqué le mois de mars comme celui de la lecture à l’étranger et avait proposé que « Every month should be a national reading month. I started thinking about my own love affair…the one I have with books and how it shaped my life ».

Le constat est clair : gosses, ados, adultes lisent de moins en moins. Avec l’avènement d’un développement galopant et aussi incisif qu’agressif, il nous semble que nos enfants et nous-mêmes sommes en passe de perdre le goût, voire la passion pour la lecture. Cette folle envie de lire ne nous effleure pas. Les férus de lecture sont des perles rares. Ce phénomène n’est pas nouveau. En France, en Angleterre, et dans d’autres pays, on est parvenu à la même conclusion : le nombre de ceux qui lisent parmi les écoliers, les lycéens, etc. est en nette régression, la lecture n’intéressant que peu de monde.

Faire, donc, revivre un lectorat qui s’effrite de jour en jour doit être notre priorité. D’où l’urgente nécessité de lancer une vaste campagne nationale, à l’instar d’autres pays, pour revaloriser la lecture et la faire revivre.

Beaucoup de ressources qui sont déjà à notre disposition peuvent être utilisées à outrance pour cette campagne, dont les CLAC / CELPAC, revoir le cursus scolaire, réintroduire la dictée en classe comme jadis, jour spécial de la lecture en classe avec la mise à contribution de la bibliothèque scolaire, avoir la contribution de la Bibliothèque nationale, qui promeut déjà la lecture efficacement, se servir des cadres du ministère des Arts et de la Culture, de concert avec ceux de l’Éducation pour mettre la lecture en exergue, mener une campagne continue et tous azimuts en faveur de la lecture. Pour terminer, citons François Mauriac : « La lecture, une porte ouverte sur un monde enchanté ».

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