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Michel Ducasse, parolier : « Je sais très bien qu’une chanson, c’est un texte, une mélodie et une interprétation… »

Le poète et parolier Michel Ducasse entre ce 8 août, en résidence d’artiste à Souillac. Il n’écrira pas des poèmes dans ce village à forte tradition littéraire, mais il y travaillera ses chansons en symbiose avec le musicien et compositeur réunionnais Daniel Riesser. Cette collaboration donnera jour à un vieux rêve : écrire la comédie musicale du roman de Bernardin de Saint-Pierre, Paul et Virginie, en créole. Parallèlement, il animera tous les samedis un atelier d’écriture de chanson à l’Institut français de Maurice avec une douzaine de paroliers en herbe. En septembre, Karne vwayaz, l’album de Jonathan Andy, portera aussi ses mots sur trois titres, signe que ce chanteur attache de l’importance aux textes. Ce trait est assez rare à Maurice, où généralement on compose d’abord et avant tout de la musique, pour qu’on le signale. Pareille actualité méritait bien une conversation…

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Comment l’atelier d’écriture de chansons s’est-il décidé avec l’IFM ?
Au départ, l’IFM m’a contacté pour animer un atelier de poésie, mais je leur ai proposé la chanson et ils n’ont pas tardé à accepter. Et puis j’ai demandé que ce ne soit pas limité au français, que l’on puisse travailler aussi en créole, puisque j’écris dans les deux langues. Ce choix est lié pour moi à ce que je considère comme une grosse lacune dans la qualité des textes des chansons. Autant on a des groupes qui ont un assez bon niveau en termes de mélodie, de rythmique, etc, autant je trouve que ça pèche au niveau des textes. J’ai l’impression que les artistes travaillent beaucoup plus sur la musique et la composition que sur l’écriture. Quand j’ai commencé à écrire, j’en suis venu assez rapidement à des textes de chansons, qui n’étaient pas très bonnes d’ailleurs, comme la plupart de mes poèmes à ce moment-là.

Mais en fait, il faut comprendre que je suis venu à la poésie par la chanson. Ma mère fredonnait souvent des chansons le matin. Je chantais parfois avec elle, même des textes que j’étais trop petit pour comprendre, comme Il est trop tard de Moustaki. Ça me plaisait particulièrement qu’une chanson raconte une histoire. En ce temps-là, il y avait beaucoup de 45 tours, des disques vinyles, et ce n’était pas une époque où il suffisait de taper un nom sur Google pour avoir les paroles d’une chanson… Quand j’ai commencé à écrire de la poésie, vers 13/14 ans, je lisais beaucoup les textes sur les pochettes, et lorsqu’ils n’étaient pas donnés, je les transcrivais moi-même en les écoutant sur des cassettes. C’est comme ça que j’ai découvert Brel, Brassens, Ferré, Ferrat, etc.

Mais qu’apporte la chanson en plus de la poésie ?
Très souvent la mélodie permet de retenir plus facilement le texte. Par exemple, si on me rejoue une fois une chanson que je n’ai pas entendue pendant trente ans, les paroles me reviennent très vite. Aussi, quand elle passe à la radio, une chanson a plus d’impact sur plus de gens qu’un simple poème. L’auditoire d’une chanson est beaucoup plus grand que le lectorat des poèmes. Aragon était beaucoup plus connu par la chanson que par la poésie, grâce à Léo Ferré qui a mis ses textes en musique, et à Jean Ferrat avec qui il a collaboré d’ailleurs… Après je me suis rendu compte qu’il y a une technique pour écrire des chansons. Certains poètes sont plus difficiles à mettre en musique que d’autres. Les poésies d’Aragon par exemple s’y prêtent bien, beaucoup plus que celles de Baudelaire, même si Ferré a pu le faire mais en disant le texte plus qu’en le chantant…

Finalement, sur le plan formel, est-ce que le texte d’une chanson est plus contraignant que celui d’un poème ?
Je ne le dirais pas comme ça, parce que personnellement, j’ai plus de facilité à écrire un texte si j’ai une mélodie au départ. On dit souvent qu’une grande chanson, c’est trois couplets et un refrain. Mais après, avec Brassens par exemple, il n’y a pas de vrais refrains. Quelques chansons de Cabrel sont comme ça aussi. Quand j’ai fait des études de lettres et de linguistique, j’ai commencé à analyser les textes.

Est-ce que la chanson occupe autant de place dans ta vie que la poésie ?
Depuis quelque temps oui, alors qu’au début j’écrivais plus de poèmes. Je ne suis pas un compositeur, je ne suis même pas un chanteur, sinon je ferais directement un album ! J’ai écrit pas mal de textes qui sont faits pour être mis en musique et qui attendent que des artistes s’en emparent. Ça a commencé à La Réunion d’ailleurs, avec le groupe Tapok et Arno Bazin, qui un jour voit dans mon deuxième recueil, le texte Mo fouy mo pos… Après, il y a eu un texte avec Ziskakan, puis deux avec Maya Kamaty. Et à chaque fois, le texte existait déjà.

Comment fais-tu en tant que parolier, pour que le texte se prête à la musique ?
Très souvent, j’écris en rimes, ce qui est d’ailleurs de plus en plus rare en poésie… Et puis au fur et à mesure de mon parcours, j’ai compris par exemple les qualités rythmiques des textes des chansons qui existaient déjà… Les grandes chansons classiques comme celles de Brel, Brassens, etc. sont très « carrées », avec des vers de huit ou de cinq pieds. La chanson la plus connue de Brel, Ne me quitte pas, est toujours en cinq pieds. Chez Brassens, il y a même des alexandrins ! N’ayant jamais analysé les textes de chansons anglaises, je ne sais pas si ce sont les mêmes règles.

Après, les générations suivantes ont fait évoluer les choses. Alain Souchon par exemple va écrire de manière différente en cassant cette structure, Renaud aussi avec beaucoup d’argot et puis quelqu’un comme Alain Bashung a amené une tout autre manière d’écrire. La nuit je mens comporte beaucoup de jeux de mots qui renvoient à des images multiples, c’était sa spécialité. Il travaillait avec de grands paroliers comme Boris Bergman et Jean Fauque. Je peux te présenter dix chanteurs et dix façons d’écrire en fait ! Ça m’amusait aussi de lire sur la création des chansons. J’ai commencé en achetant les livres sur Brel.

Le métier de parolier existe-t-il vraiment à Maurice ?
Nous sommes quelques-uns comme Sedley Assonne par exemple. Nous avons de très bons compositeurs mais le volet paroles est plutôt négligé. À l’époque de la chanson engagée, des gens comme Bam Cuttayen ou Siven Chinien écrivaient des textes de revendication. Certaines de leurs chansons avaient de grandes qualités rythmiques, poétiques. Il y a de grands titres de Bam Cuttayen, de Siven Chinien, du groupe Latanier par exemple. Je fais souvent le parallèle entre la chanson engagée mauricienne et Ziskakan, qui ont commencé quasiment à la même époque. Les premiers albums de Ziskakan sont très engagés, mais eux-mêmes au départ, utilisent déjà des textes de poètes paroliers comme Axel Gauvin, Patrice Treuthardt, Gilbert Pouniah lui-même, c’est-à-dire des gens qui avaient au départ une bonne qualité d’écriture. Par exemple, Bato fou est un texte d’Axel Gauvin. Gilbert s’est ensuite toujours attaché à préserver cette qualité d’écriture. Je ne suis pas musicien mais je sais très bien qu’une chanson, c’est un texte, une mélodie et une interprétation… Je me souviens par exemple avoir beaucoup fait rire une amie qui comprenait l’italien, lorsqu’elle m’a entendu fredonner une chanson dont la mélodie m’emportait. Je ne parlais pas italien et quand elle m’en a traduit les paroles, j’ai compris à quel point elles étaient nunuches…

Quels sont les chanteurs que tu aimes dans les générations actuelles ?
Quelqu’un comme Gaël Faye m’intéresse beaucoup. Certains me disent que ce n’est pas de la chanson. Peut-être mais son écriture m’intrigue beaucoup, et lui-même a fait un effort dans ses derniers albums sur la mélodie. Ferré pouvait se permettre de faire des chansons de dix ou quinze minutes avec seulement un accompagnement au piano. Quand on a écrit Avec le temps ou Jolie môme, on peut tout se permettre ! Brassens disait que les textes de Brel étaient un peu scout, avec des chansons du style « l’aventure commence à l’aurore », mais après avec des chansons comme Je suis un soir d’été, on a de la poésie pure. J’avais quinze ans, quand il a sorti son dernier album, Les Marquises. Un ami de mon père l’avait amené. Je l’ai écouté dix ou quinze fois intégralement, face A et face B tellement je l’ai aimé. La pluie est traversière, elle bat de grain en grain : ça vous laisse sans voix. J’étais prétentieux à cet âge-là et je me disais qu’un jour, j’écrirai quelque chose comme ça. Le premier grand chanteur que j’ai découvert, c’était Brel, et quand j’étais étudiant en France, j’ai acheté le livre de ses œuvres complètes. Après, j’ai acheté ceux de plein d’autres grands chanteurs. Dans les nouveaux, j’aime aussi beaucoup Ben Mazué et Jeanne Cherhal…

Que penses-tu des textes qu’ont proposés les futurs participants à l’atelier d’écriture ?
Ce sont des textes qu’on peut retravailler, ce qui est très bien pour un atelier. Je trouve aussi que dans ces textes, comme à Maurice d’une manière générale, on a tendance à aborder à peu près les mêmes thèmes… soit les chansons d’amour, soit les chansons très revendicatives mais écrites au premier degré. Le seul contre-exemple de ça, c’est Kaya dans le seggae. Dans ces textes qu’on nous a envoyés, trois m’ont particulièrement plu. Je trouve que les gens ont tendance à écrire de manière très narrative. Tu as l’impression que c’est mis en vers mais en fait, c’est de la prose, alors que dans ces trois textes, on trouve une rythmique différente. Quand je vois un angle nouveau, une façon originale de traiter un thème ou un thème en lui-même original, je suis content.

En fait, il suffit d’ouvrir le journal ou de prendre le bus pour trouver une idée de chanson ! Mais après, il faut savoir la traiter… surtout pas au premier degré. Et puis une chanson, ce n’est pas seulement une histoire qu’on raconte, ça peut être une chanson d’atmosphère, toutes sortes de registres, avec plusieurs niveaux d’écoute. Il y a des techniques aussi pour écrire en rimes. Il faut par exemple écouter dix fois certaines chansons de Bashung pour comprendre à quoi elles font référence. La qualité d’une chanson, finalement c’est comme en poésie, parfois des gens me demandent mon avis, et il y a seulement trois lignes qui sont bonnes.

Quand tu écris des textes de chansons, tu penses au rythme mais imagines-tu aussi une mélodie, du moins des accents mélodiques ?
Non, et de toute façon, on ne peut pas savoir. J’avais pensé à une ballade quand j’ai écrit Ecris-moi pour Maya Kamaty, mais elle en a fait quelque chose d’assez dansant. J’ai été surpris par Ziskakan aussi. Quand je lui ai donné Silence, un texte sur l’inceste quand même, le compositeur Daniel Riesser m’a dit, à moins que tu veuilles faire pleurer dans les chaumières, il ne faut pas mettre une musique larmoyante, mais plutôt une musique à contre-courant du texte. Et du coup, il a fait une espèce de sega à l’ancienne dessus… Même si on danse sur un texte, quand celui-ci est fort, les gens finissent toujours par l’écouter.

Souvent dans les musiques du sud que ce soit en Afrique ou en Amérique Latine, on a souvent des mélodies très joyeuses et remuantes sur des textes très graves, et ça n’est jamais déplacé ou caricatural. C’est plus difficile à concevoir dans les pays du Nord.
On a ça au Cap Vert avec la morna, si chère à Césaria Evora. Qui dit Maurice, dit sega, seggae ou reggae. En fait, je pense qu’on pourrait développer la chanson mauricienne, en essayant certes la rythmique du sega mais aussi des choses différentes. On peut aller chercher des musiques qui viennent d’ailleurs et ne pas s’enfermer dans notre rythme ternaire. On peut faire un album tout à fait mauricien en mélangeant toutes sortes de musique en fait. Karné Vwayaz de Jonathan Andy, auquel j’ai collaboré, et qui sort en septembre, m’a intéressé non seulement parce que le chanteur attache de l’importance aux textes, mais aussi parce que c’est un album tout à fait mauricien, sans être uniquement du sega. Il y a par exemple du créole mauricien sur le rythme de la morna. Les Réunionnais ont parfaitement réussi ça. On peut rester très traditionnel comme Danyel Waro, mais on peut aussi se servir de la base du maloya pour aller vers autre chose, comme l’ont fait Maya Kamaty, Grenn seme, etc.

Quelles sont les chansons mauriciennes qui t’ont le plus marqué ?
Quand j’ai commencé à écouter vraiment la chanson mauricienne, j’étais adolescent et c’était la grande époque de la chanson engagée. Je les entendais particulièrement dans le bus entre Goodlands où j’habitais et Port-Louis, où j’allais au collège. Les chauffeurs de bus étaient très impliqués dans les luttes syndicales et ils passaient des cassettes de Siven Chinien, Bam Cuttayen, le groupe IDP, Soley Ruz, etc. En une heure de trajet, on pouvait écouter l’intégralité de la cassette. Il y avait de belles chansons de Bam Cuttayen très bien écrites et puis, il y en avait d’autres qui étaient très politiques. Pour la petite histoire, quand le directeur de l’école en a été informé, il a expressément demandé qu’on arrête ça… Après, j’écoutais aussi des chansons de Jean-Claude, du sega sous forme de chroniques assez bien écrites en créole, avec beaucoup de jeux de mots. Certaines étaient un peu paillardes. Cyril Ramdoo avait des chansons très humoristiques, comme Froder mariaz, et ce n’est pas parce que c’est de l’humour que c’est mal écrit ! Si je devais choisir deux chansons qui m’ont vraiment marqué, je dirais Pei larm kuler de Bam Cuttayen et Sant Lamour de Kaya.

Tu rêves depuis longtemps d’écrire une comédie musicale en créole. Pourquoi une comédie musicale ? Et pourquoi Paul et Virginie ?
Je me suis dit que c’était le meilleur moyen de mélanger les deux choses que j’aime, c’est-à-dire l’écriture et la musique. On a adapté beaucoup de comédies musicales à Maurice en créole, comme Les misérables ou Zosef ek so palto larkansiel. Je voulais quelque chose qui ne soit pas l’adaptation d’une comédie existante. Très vite, Paul et Virginie s’est imposé pour une raison assez évidente, même si beaucoup pensent que c’est une histoire d’amour à l’eau de rose. Sur le plan iconographique, dans ce qui est emblématique de Maurice, à côté du dodo, il y a Paul et Virginie. En plus, quand on relit le roman, on découvre qu’il n’est pas si simple que cela. Ce n’est tout de même pas pour rien que l’on cite Paul et Virginie parmi les grandes histoires d’amour de la littérature française ! Cela fait partie des romans dont on connaît l’histoire même si on ne les a pas lus. C’est notre Roméo et Juliette, notre Tristan et Iseult ! Quand je suis allé en France au début des années 1980, Maurice n’était pas si connue que ça, mais il suffisait de dire « Paul et Virginie » pour que les gens s’y retrouvent. Quand je l’ai étudié en Form II, la professeure nous avait demandé de le récrire à notre manière en l’illustrant, avec des dessins, des photos découpées, etc. Ma mère a gardé ce que j’avais fait, ce qui m’a beaucoup touché des années après.

Admettons que ce soit une œuvre à fort potentiel, mais personnellement, qu’est-ce qui te touche dans cette histoire ?
C’est une belle histoire d’amour d’abord. Une grande partie de ma production poétique est lyrique. On me dira que je suis romantique, mais j’assume ça sans problème. Et puis au-delà de ça, Paul et Virginie aborde des thèmes qui illustrent bien l’époque à laquelle cela se passait : l’esclave marronne, Mahé de La Bourdonnais vient déposer une lettre d’une grande tante très influente, le mythe du retour à la nature, etc. Je sais que c’est une gageure, qu’il y a beaucoup d’écueils à éviter. J’ai vu la version de Jean-Jacques Debout… Dans une comédie musicale, nous faisons des choix. J’ai vraiment envie de quelque chose de moderne dans l’écriture en créole, aussi bien que dans la musique avec Daniel. Et à ceux qui me rétorquent que le roman est en français, je raconte que j’ai eu la chance de voir Les misérables à Londres l’an dernier, et que quand j’ai entendu Jean Valjean chanter, à aucun moment je ne me suis demandé pourquoi il chantait en anglais…

Dans « Paul et Virginie », la condition des femmes est explorée à travers plusieurs personnages. On a l’impression aussi qu’il y a une espèce de grande nostalgie pour un paradis perdu. Or, il existe aussi vraiment un goût pour le naturalisme dans l’île Maurice d’aujourd’hui…
Oui, d’ailleurs Bernardin de Saint-Pierre était lui-même très proche des botanistes et autres scientifiques de l’époque. Je suis conscient qu’il ne faut sombrer dans une espèce de naturalisme béat. Il est vrai qu’il dit en résumé que ces enfants se sont épanouis sainement dans la nature, et que dès que Virginie part pour la France, elle se corrompt. C’est très manichéen et ce n’est pas pour rien qu’il fait une entorse aussi à la chronologie en situant le naufrage du Saint-Géran, dans une effroyable tempête le 25 décembre, alors qu’en réalité, il a eu lieu par temps calme en août 1744. Je crois qu’à travers ce choix, il fait référence à une sorte de renaissance, en lien avec l’arrivée de l’enfant Jésus. Elle ne peut pas continuer à vivre pour Bernardin de Saint-Pierre, d’ailleurs tout le monde meurt à la fin. Deux enfants élevés dans la nature avec des parents proches de la nature, sont heureux jusqu’à ce qu’une lettre arrive de la métropole…

Et quand sera-t-elle montée cette comédie musicale ?
Probablement l’année prochaine. Je suis très heureux de travailler avec Daniel Riesser sur ce projet. J’ai fait connaissance avec lui en résidence en Inde avec Ziskakan, mais j’ignorais alors tout ce qu’il avait fait, tant il est modeste. En gros, il sait tout faire, et il a une palette musicale que personne d’autre n’a ici. Pour une comédie musicale, il fallait quelqu’un qui puisse ne pas tomber dans un seul style. Il a beaucoup travaillé avec Meddy Gerville, Baster, Ziskakan bien sûr, Daniel Facerias pour un spectacle. Il peut écrire pour un orchestre et il pourrait même le diriger. L’autre chose qui m’a plu, en Inde pendant un mois pour l’enregistrement et le mixage de l’album de Ziskakan, c’est qu’on s’est super bien entendu, et qu’en plus, il est très rigoureux, une qualité assez rare.

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