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Des couleuvres difficiles à avaler

Le dernier week-end de septembre sera celui d’une double journée hippique que le Mauritius Turf Club (MTC) organise avec un savoir-faire et une maîtrise qui ne se démentent pas saison après saison. Espérons que les turfistes en auront encore pour leur compte et qu’ils sauront ne pas entamer trop vite leur salaire fraîchement crédité, et qu’ils feront preuve de responsabilité et de retenue. Le point d’orgue sera la revanche du Maiden, qui est prévue dimanche avec The Hennessy Park Hotel MTC 175th Anniversary Cup. Malheureusement, avec l’absence d’Enaad et de Ten Gun Salute, elle perd un peu de sa saveur, mais l’écurie Gujadhur aura néanmoins un représentant de choix avec The Great One, qui devrait ajouter un nouveau fleuron à son palmarès. Il devra se méfier de Dawn Raid et éventuellement de Kingmambo’s Legacy, capable de surprendre tout son monde si on lui donne le leading seat sans challenge. Attention aussi à Solar Star, décevant dans le Maiden, mais qui a ici une valeur respectable pour créer la surprise.

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Souhaitons que ces deux journées se déroulent dans un esprit sportif au-dessus de tout soupçon et que les courses hippiques soient synonymes de fête et ne servent pas de prétexte à des dérives de toutes sortes, comme nous en avons trop souvent vu ces derniers temps. Pas plus tard que samedi dernier, deux épreuves nous ont grandement interpellés et nous devons dire que le communiqué des commissaires de courses du Mauritius Turf Club nous a laissés sur notre faim. Les couleuvres étaient vraiment difficiles à avaler ! Pourtant, il est vrai que cette journée avait été marquée par un éclair de classe du cheval de l’écurie Gujadhur Perplexing, qui a tout de même donné des sueurs froides à son entourage lorsqu’il s’est retrouvé très loin des meneurs à mi-parcours. Mais dès que son jockey a appuyé sur le bouton « GO ! », nous avons vu ce cheval étendre ses belles foulées et avaler les uns après les autres ses adversaires pour filer vers une facile victoire, même si sa tendance à verser dans la ligne droite mérite d’être comprise pour ses futures confrontations à un plus haut niveau. En tout cas, des démonstrations de cet acabit, nous en redemandons. Malheureusement, cette vraie course n’a été qu’un mirage dans le désert.
Il y a eu d’abord la première course de samedi dernier, où la monte du cheval Klopp aurait dû faire preuve d’une enquête approfondie. Étonnamment, son jockey n’a pas tiré avantage de son bon départ au détriment du futur gagnant. Dans la ligne droite, il n’a pas pris le gap qui s’ouvrait à lui et il a préféré changer sa cravache de main pour aller vers l’extérieur, ce qui lui a fait perdre des longueurs inestimables. Finalement, on se demande bien ce qu’il faisait avec ses rênes à cinquante mètres du but, une action qui lui a fait perdre une course imperdable. Klopp était le favori de cette course et sa défaite a évidemment été une bénédiction pour les bookmakers.

Et puis il y a eu la dernière, une course à montrer dans toutes les écoles de nursing of apprentice. Le rôle de The Byzantine, deuxième favori de la course au profit de Southern Sun, monté par l’apprenti Balloo, fut un modèle du genre tout au long de l’épreuve. D’abord, il lui assura la corde après 200 mètres de course, après avoir relégué le peloton à quelques longueurs du meneur et, bizarrement, à chaque fois que The Byzantine s’approchait de Southern Sun, ce dernier prenait des initiatives. Ce fut le cas à 600 mètres et 400 mètres de l’arrivée. Et alors que filait vers le but un Southern Sun coté à plus de 20/1, les deux chevaux les plus joués de la course, Silver Rock et The Byzantine, se frottaient à l’extérieur de la piste avant de revenir comme des bolides échouer derrière le vainqueur qui, entre-temps, avait fait le trou. Encore une bénédiction pour les bookmakers.
Il est bien entendu que les Stipes ne partagent pas la même analyse de ces deux courses, car aucune mention n’est faite dans leur communiqué de ces faits pourtant visibles à l’œil nu. Nous vous laissons revoir ces deux épreuves et vous faire votre propre opinion pour conclure si oui ou non les œillères ne se sont pas généralisées dans les instances de contrôle du club.

Pas étonnant que l’enquête sur le cas de dopage de Maxamore ait été repoussée de trois semaines supplémentaires pour entendre QuantiLAB, que celles d’Aspara et de League Of Legends soient au point mort pour des raisons inconnues au bataillon et enfin que celle d’Artax n’ait même pas commencé. À ce chapitre, il faut dire qu’il y a pire que les commissaires de courses. La Police des Jeux, qui a montré ses muscles au début des cas de dopage, avec des arrestations spectaculaires et médiatisées, se signale ces temps-ci par un silence qui en dit long sur sa réelle volonté de mater le mal du dopage à la racine. Il est vrai qu’il est plus aisé d’accompagner un prévenu à la banque pour faire un retrait suspect que d’aller à la racine du mal, c’est-à-dire dénicher les big bosses qui manipulent les courses. Et dans tout cela, que fait la Gambling Regulatory Authority pour intimer l’un et l’autre des enquêteurs sur le dopage à remplir leurs missions le plus rapidement possible ? Eh bien rien. Si ce n’est de continuer à mettre en place des structures qui tardent à se concrétiser dans un environnement étatique aux procédures désuètes, où chacun se bat pour garder son once de pouvoir. Il ne serait pas inintéressant à ce chapitre de savoir où en est la demande de la GRA pour avoir accès aux données du betting à travers le serveur que la MRA garde jalousement pour des raisons qui n’ont aucun sens et auquel on ne sait non plus si tous les opérateurs de paris hippiques sont connectés ou pas.

Par ailleurs, si le MTC s’est contenté, au vu des informations qui lui ont été fournies, de rappeler l’entraîneur Sewdyal à ses responsabilités suite à la lettre anonyme qui dénonçait son soutien public à un adversaire dans une course où il avait lui-même un partant, il est étonnant qu’à ce stade la Police des Jeux continue de briller par son silence, car le fameux courrier met également en cause dans cette affaire un jockey mauricien et un bookmaker à la carrière sulfureuse, avec des précisions troublantes quant à leur supposée relation trilatérale. S’il est difficile de faire grand cas de toute lettre anonyme, celle-là méritait une plus grande attention et une enquête approfondie vu les éléments mis à charge. Mais apparemment, comme dans l’affaire DHL et le fameux transport retardé des échantillons de sang pour l’étranger, il y a un frein qui bloque la mécanique dans cette affaire qui doit avoir sans doute des ramifications intouchables.

Comme celle des bookmakers, dont la situation a connu une nette dégradation ces derniers temps, avec les betting coups qui ont marqué les dernières journées. Certes, le relèvement de la taxe a aussi réduit considérablement leur marge de manœuvre, et neuf d’entre eux au Champ de Mars et quatre hors hippodrome n’ont pas encore payé leurs redevances au Mauritius Turf Club. Dans cette conjoncture, ils auraient pu ne pas bénéficier du renouvellement de leur permis d’opérer, même si apparemment à la GRA la ligne majoritaire est de faire preuve de mansuétude à leur égard.

Terminons enfin par l’affaire de la contestation en cour par le MTC des directives abusives de la GRA pour lequel le MTC semble déterminé à mener son combat jusqu’au bout, puisqu’il a préféré renoncer à l’injonction de suspendre les directives. La cour lui donne l’occasion de développer son argumentation au détriment de la GRA dans une affaire où l’écurie Gujadhur avait été maladroitement mise en cause. Est-ce la raison de l’absence du MTC dans l’autre volet de cette affaire ? Espérons, en tout cas, que cela n’ait rien à voir avec le fait que le MTC n’a jusqu’ici pas rendu public les conclusions de son enquête sur les déclarations pourtant publiques et accablantes de Ramapatee Gujadhur sur l’action des commissaires de course en direct à la télévision. Il est encore temps de le faire avant que cela ne constitue un dangereux précédent que le club devra assumer dans le futur, lorsque d’autres professionnels de courses cloueront publiquement au pilori les officiels du club…

Bernard Delaître

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