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« Fleo la »

Empruntons humblement au trop rare Richard Beaugendre quelques lignes de son magnifique morceau Fleo La, sorti il y a une décennie de son album éponyme, pour aborder quelques questions qui retiennent l’attention cette semaine. De fait, qu’il s’agisse de l’affaire Lutchigadoo, de cette autre mère-enfant qui a accouché de son deuxième enfant à 16 ans, ou de ce ministre pour qui la baleine est une espèce « inexistante » dans les eaux mauriciennes, tous sont frappés par un même fléau social qui gangrène notre société : l’ignorance. Et ainsi que se le demande Beaugendre dans sa chanson, « mo oule kone kisannla pou aret sa fleo-la ? »

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Ceux qui tirent les ficelles dans l’affaire Lutchigadoo, ce « simple mécano » écroué au départ pour trafic de drogue, pensent probablement (et à tort, bien évidemment) que les Mauriciens sont soit aveugles, soit sourds, soit les deux à la fois, et bêtes de surcroît ! L’ADSU se doit de revoir ses méthodes de travail. La recommandation du rapport Rotin Bazar sur la drogue a toute sa pertinence dans la conjoncture. Quel sera le dénouement pour les deux autres charges provisoires toujours retenues contre lui, à savoir détention d’attirails pour la production de drogue et blanchiment d’argent ? La justice tranchera en toute légitimité.

Fin juin dernier, l’île Maurice entière avait été atterrée et pleurait la mort de cette ado de 13 ans décédée dans sa salle de bains, alors qu’elle était enceinte de quatre mois et était l’épouse d’un jeune homme de 19 ans. Trois mois à peine après et voilà un autre cas, avec cette fois-ci cette mère-enfant de 16 ans qui accouche… pour la deuxième fois ! Si elle n’avait pas donné naissance à son enfant en circuit hospitalier, comme cela avait été le cas pour son premier enfant (alors qu’elle avait 14 ans), les autorités n’auraient jamais été averties de la chose. On devine de fait qu’il y a dû avoir des complications pour que cette jeune fille se soit tournée vers l’hôpital pour mettre au monde son deuxième bébé.

Le mariage des enfants est certes une « pratique » qui remonte dans le temps… Chez nous, mais aussi dans nombre de pays. Autour de nous, déjà, à Madagascar et en Afrique, mais aussi en Inde, par exemple. Ladite « pratique » a, dans certains de ces pays, pour origine la pauvreté. Ce qui pousse les parents à « donner » leurs filles en mariage, même si elles sont en bas âge. Et dans certains cas, contre une certaine somme d’argent.

Certaines de nos grands-mères et arrière-grands-mères sont passées par là. Des études ont (heureusement) été menées pour expliquer et prouver à quel point avoir des relations sexuelles entre 10 et 16 ans, et par incidence avoir des enfants, quand le corps de la femme n’est pas encore prêt pour cela, peut occasionner des bouleversements radicaux. Dans certains cas, l’apparition de pathologies irréversibles. Sans compter que les bébés nés de ces si jeunes êtres peuvent présenter également des complications à vie. Le débat est donc relancé. Aux autorités à ne plus jouer à l’autruche, car il y va de l’avenir de nos enfants…

Tout cela ne suscite en aucun cas un « roar with laughter » ! Et pourtant, l’un des ministres actuels aura réussi à faire rire comme des « baleines » des milliers de Mauriciens cette semaine avec une déclaration des plus insolites. Quand le ministre de la Pêche (sic !) Prem Koonjoo s’est fendu de la réplique « Ounn deza trouv labalenn Moris ou ? » aux micros de médias privés, cela a en effet fait déferler une… vague de « roar with laughter » (la traduction de « rire comme une baleine ») sur les réseaux sociaux ! Peut-être que les prestataires locaux qui offrent des packages aux Mauriciens comme aux touristes d’observer les baleines, cachalots et autres autour de nos côtes pourraient un jour inviter M.Koonjoo…

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