Quatre ti la patte et SCAR ont décidé de s’engager contre la cruauté envers les chiens et les chats. Linley et Priscilla Moothien et Gina Jean-Charles, membres de l’association Quatre ti la patte, et Sameer Goolam de SCAR ont raconté à Scope leur quotidien et ce qu’ils font pour venir en aide aux animaux.
À la Brasserie, un sanctuaire pour chiens a été construit sur un terrain d’environ six hectares en avril par Quatre ti la patte, association créée par Linley et Priscilla Moothien et Gina Jean-Charles. Elle accorde de l’attention à une centaine de chiens sans famille. Depuis cinq ans, les membres assurent une alimentation saine et une bonne hygiène de vie aux chiens abandonnés, blessés, malades et aux chiots. Le sanctuaire n’a pas encore de nom. “Nous allons peut-être l’appeler Misty. C’est le nom de mon premier chien”, confie Gina Jean-Charles.
Quelques chiens sont de sortie. Ils se baladent, sautent et jouent dans le jardin. “Les chiens sortent à tour de rôle. Ils adorent faire le tour du sanctuaire. Ceux qui sont méchants, nous les sortons avec leur laisse.” Enclos et grand espace vert : les chiens sont heureux. Des clôtures les séparent pour éviter que certains se bagarrent.
Besoin de plus de main-d’œuvre.
Avant le sanctuaire de La Brasserie, ils étaient une cinquantaine de chiens regroupés à Sable Noir. Mais l’espace n’était pas suffisant. “Pendant cinq ans, les chiens ont cohabité avec le matériel de bureau. Ils étaient à l’étroit et pas heureux. Nous ne pouvions pas les voir tristes, sans possibilité de gambader. Nous avons cherché un terrain pour un sanctuaire. Nous sommes tombés sur celui de La Brasserie, avec ses palmiers et sa verdure”, raconte Priscilla Moothien.
Vers la fin de 2017, la construction du sanctuaire débute dans cette ancienne serre. “À Sable Noir, c’était compliqué d’élever tous les chiens. Il faisait très chaud durant l’été. Ici, c’est plus frais et aéré”, dit Gina Jean-Charles. Cette dernière se consacre aux animaux depuis cinq ans. “Linley Moothien et moi sommes les premiers à avoir sauvé un chien à Sable Noir.” Cinq personnes les aident dans leur tâche. “Nous avons besoin de plus de main-d’œuvre. Nous ne sommes pas assez nombreux pour nous occuper de cent chiens.” C’est l’heure du repas. Tilou, Brinsley et Cancrelat s’impatientent; d’autres courent dans tous les sens, excités et gourmands. “L’heure du repas est infernale. Ils aboient comme ce n’est pas possible. Certains deviennent agressifs au moment du repas. Nous devons parfois intervenir pour les empêcher de se bagarrer.” Deux dames qui travaillent au sanctuaire apportent les croquettes dans des gamelles. “Nous faisons tremper les croquettes car les chiens mangent vite. Elles sont sèches et ils risquent de s’étouffer.” Ils utilisent 30 kilos de croquettes par jour. “Donner des restes aux chiens n’est pas correct”, souligne Gina Jean-Charles.
Une lutte au quotidien.
C’est la compagnie de Linley Moothien, Ombrellis, qui achète les médicaments, la nourriture, entre autres. “Depuis cinq ans, il finance tout. Il est maintenant temps que je chante afin de récolter des fonds pour notre projet”, confie Gina Jean-Charles. Quatre ti la patte accepte uniquement de la nourriture, des médicaments et des matériaux pour les abris. “C’est une lutte au quotidien. Nous luttons pour que nos enfants aient un toit, à manger et de l’amour.”
Ils font de leur mieux pour offrir aux animaux ce dont ils ont besoin. “Pour Gina et moi, c’est différent. Nous avons arrêté d’exercer notre métier pour nous occuper des chiens. Il était difficile pour nous de travailler en sachant qu’un chien était malade ou devait être vacciné. Être maman chien, c’est être maman à plein-temps”, confie Priscilla Moothien. Quant à Gina Jean-Charles, elle a pour rôle de vérifier qu’il n’y a aucune anomalie au sanctuaire. Elle fait également des câlins aux chiens et nettoie les chenils. “Adopter un chien, c’est comme adopter un enfant. Nous nous sommes attachés à eux. Nous n’allons pas les abandonner. Beaucoup de gens élèvent des chiots. Une fois qu’ils sont grands, ils ne s’en occupent plus. Certains les attachent à un arbre”, souligne Gina Jean-Charles.
Au départ, Quatre ti la patte n’était pas un projet à long terme. “Nous avons commencé à sauver des chiens abandonnés par leurs maîtres. Quatre ti la patte, c’est notre identité.” D’ici décembre, l’association compte accueillir 1,000 chiots. “Il y a de la place en termes d’espace mais nous n’avons pas assez de chenils.” Quoi qu’il arrive, ils continueront à sauver les chiens…
Penn la vie en couleur de Gina Jean-Charles
Penn la vie en couleur, qui sera lancé à la fin de novembre, est le troisième album de la chanteuse Gina Jean-Charles. L’argent qui sera récolté servira à aider les animaux du sanctuaire à La Brasserie.
L’album comprend huit chansons en créole, français et anglais. Elles traitent des thèmes comme l’amour, le respect et la vie. “Les chansons se ressemblent. Le disque aura une touche mauricienne avec des influences européennes”, confie l’auteure de Tout Simplement et de Fleur Mazik. C’est un album plein d’optimisme. L’une des chansons, Mo Sir, véhicule un message d’amour, avec des paroles touchantes écrites par Linley Moothien. C’est un hymne d’espoir afin que les animaux vivent sans qu’il y ait la moindre maltraitance.
Dédiée entièrement aux animaux, l’interprète confie qu’elle chante rarement. “Avec la vie effrénée que je mène avec mes animaux, il est difficile de chanter. La seule récompense que je peux m’offrir à la fin de la journée, c’est de dormir.”
Lari napa enn labri
La campagne Lari napa enn labri a été lancée il y a une semaine par Quatre ti la patte. Le but est de sensibiliser les Mauriciens sur les souffrances des chiens, de mobiliser les gens, d’essayer de changer la situation et de récolter des fonds pour la nourriture et les matériaux de construction pour les shelters. La campagne se déroule en plusieurs phases : accueillir 1,000 chiots jusqu’à fin 2018, mener une campagne de ramassage de chiens âgés de janvier à mars 2019, une autre campagne de ramassage de chiens et de chats, de mars à septembre 2019. “Nous voulons qu’il n’y ait plus aucun animal errant sur les rues en septembre 2019”, confie Priscilla Moothien.
Pour mener à bien leur mission, l’ONG fera une campagne auprès du public, des entreprises et de tous ceux qui veulent aider à offrir de la nourriture et des matériaux de construction. “Nous avons besoin de personnes pour nous aider à nous occuper des chiens. Nous ne prenons pas d’argent. Que des dons”, précise Gina Jean-Charles. “Depuis une semaine, les gens nous appellent uniquement pour nous dire qu’il y a des chiens abandonnés à sauver. Mais pas pour faire des dons.”
Ceux qui veulent aider peuvent appeler le 54-84-18-87 ou contacter Linley Moothien et Gina Jean-Charles sur leur page Facebook.
Sameer Goolam :
“Chez moi, j’ai 56 chiens et 80 chats”
Sameer Goolam est un amoureux des animaux. Il élève en compagnie de son épouse 56 chiens et 80 chats dans sa cour à Terre Rouge. Dans le but d’aider les animaux errants à avoir un toit et les protéger, il a créé Second Chance Animal Rescue, en 2013. Avec le soutien d’autres membres de l’association, il reçoit de l’aide de certaines compagnies afin de venir en aide aux animaux qui sont abandonnés et délaissés.
Qu’est-ce qui vous a motivé à vous consacrer entièrement aux animaux domestiques ?
J’adore les animaux. Chez moi, j’ai 56 chiens et 80 chats. Ils sont tous des animaux abandonnés, blessés et malades, que j’ai sauvés et adoptés. C’est douloureux de voir les animaux souffrir et c’est toujours un moment fort lorsque nous sauvons un animal malade. Je suis toujours angoissé quand un animal est malade. Le même traitement est offert pour un chien de race ou un chien ordinaire.
Avant, j’étais coach sportif. Je prenais soins des animaux après les heures de travail et lorsque j’étais en congé. Je devais faire un choix entre mon métier et sauver des animaux. J’avais des difficultés pour nourrir mes chiens et mes chats le matin. Parfois, je prenais mon heure de pause pour nettoyer leurs chenils. L’amour que j’ai pour les animaux m’a fait faire le choix de me consacrer entièrement à eux. Aujourd’hui, je fais de mon mieux pour sauver le maximum d’animaux. C’est une joie de les voir à l’abri et en bonne santé. Cela me donne le courage de continuer.
Quel est le but de votre démarche ?
Mon but est d’arrêter les souffrances contre les animaux et de faire comprendre aux gens qu’il faut les respecter. Les animaux doivent avoir leur place dans la société. Ma femme et moi nous occupons du bien-être des animaux que nous sauvons. Ils sont tous examinés par un vétérinaire. Nous les stérilisons et les vaccinons.
Où élevez-vous les animaux ?
Nous élevons les animaux dans ma cour. J’ai transformé ma maison en shelter afin de mieux les abriter, le temps qu’ils récupèrent et de les faire adopter par une famille. Nous effectuons des démarches pour avoir un terrain de l’État. Pour les chiens, j’ai construit des chenils avec des tubes. Pour les chats, j’ai construit des chatteries en bois et des rideaux métalliques. Nous utilisons aussi des draps, des serviettes et des journaux.
Cela coûte combien pour les élever et les soigner ?
Pour mes 136 animaux, cela me coûte Rs 50,000 par mois pour acheter leur nourriture. C’est avec l’argent récolté des donations que nous pouvons nourrir les animaux et payer les frais du vétérinaire. Un compte bancaire a été ouvert au nom de notre association.
Vos voisins sont-ils incommodés par les bruits des animaux ?
Heureusement pour nous, nos voisins sont compréhensifs même s’il arrive que les chiens aboient énormément. Ils aiment les animaux et savent que nous ne faisons rien de mal.