Jean Pasnin et son épouse Josette, retraités et ex-sinistrés du cyclone Berguitta, ont déjà un pied dans leur nouvelle maison, construite par la National Empowerment Foundation (NEF) à Baie-du-Tombeau. Le couple de retraités, qui avait passé plusieurs mois au centre social de la localité après avoir perdu sa maison, a reçu les clés de sa nouvelle demeure il y a une semaine. Depuis, Jean et Josette Pasnin lui donnent vie petit à petit, car ne disposant plus de grand-chose après le passage de Berguitta, ces derniers comptent sur la solidarité de personnes de bonne volonté pour meubler la maison avant d’y emménager.
Si la NEF a consenti à construire cette maison, c’est parce que Jean Pasnin est propriétaire de son terrain. Expulsés avec d’autres sinistrés du centre social du village en juillet dernier, Jean et Josette ont dormi pendant 17 jours au Jardin de la Compagnie pour sensibiliser l’opinion sur leur sort. « Nous avons été critiqués. On a dit qu’on voulait profiter du système et bénéficier d’une maison sans faire d’effort. Mais pensez-vous qu’on aurait déserté notre maison et vécu dans des conditions difficiles par plaisir ? On a presque tout perdu », confie Josette Pasnin en nous ouvrant la porte de sa nouvelle maison.
Son époux, pêcheur, revient dans les moindres détails sur le soir où l’eau a envahi la maison familiale et le vent qui faisait valser son toit en tôle. Ce n’est pas la nouvelle maison en dur composée de deux chambres à coucher, d’un salon, de sanitaires et d’une cuisine qui leur fera oublier la nuit cauchemardesque de Berguitta et des cyclones passés. « On est vraiment heureux de pouvoir vivre dans une maison solide. Me pa pou kapav blie zame », dit encore Josette Pasnin. Son époux, visiblement ravi, confie : « Sa lane-la mo pou resi pas Nwel. »
Chaque année, à pareille époque, dit-il, il s’endort avec la crainte de grosses pluies et des cyclones. Cette fois, il compte dormir sur ses deux oreilles.
Le fils des Pasnin, qui lui aussi s’est retrouvé sans maison au lendemain de Berguitta, a été relogé dans une maison de la National Housing Development Company à Quatre-Cocos. Le fils, qui est père de famille, vient tout juste de trouver du travail après plusieurs mois dans un village où il a redémarré sa vie avec les siens. Quant à leur fille, Stéphanie, la trentaine, et ses deux jeunes enfants, ils ont été relogés à la maison d’accueil Relais d’Espérance de Caritas le temps que la jeune femme obtienne un logement. C’est aussi là-bas que Jean et Josette Pasnin habitent encore. Le couple quittera la structure à la fin du mois.
« On s’est donné quelque temps pour aménager la maison. On y sera peut-être pour mes 66 ans le 2 novembre », dit Jean Pasnin. «Dan Relais d’Espérance, nou bien mem laba. Maser bien kontan nou », confie Josette. Grâce à sa pension de retraite, le couple pourra s’acquitter d’une mensualité pour le remboursement, sur une période de 15 ans, de la construction de sa maison. Le coût, dit-il, d’une vie paisible, même pendant le mauvais temps.