Jasmina Ruben ne fait pas dans la dentelle ni dans le conventionnel. Un cadre space, futuriste, érotique, décalé : la styliste représentera son monde lors d’un spectacle prévu le 26 octobre au Hennessy Park Hotel à Ébène. Une balade dans une autre dimension où mode et art se confondent pour briller d’un éclat particulier et faire monter une nouvelle vague.
Sa mission : “Donner des frissons et faire tourner les têtes.” Pour ce faire, Jasmina Ruben plonge dans un univers érotico-fantastique en marge de la fête d’Halloween pour une ambiance déjantée où les règles sont inappropriées. Que les bonnes gens passent tranquillement leur chemin : le monde merveilleux de Jasmina risque de les choquer, même si elle affirme ne pas faire dans la provoc. La provocation aurait effectivement choqué et n’aurait pas permis d’apprécier le travail de création et la portée artistique des œuvres réalisées. Bondage, sado-maso, etc. : la collection puise dans des fantasmes, frise le fantasque, mais reste toujours en quête du beau. Une fois de plus, Jasmina Ruben veut marquer les esprits, imposer son style et sa manière de faire, sans s’embarrasser de tabous ou de palabres de mégères.
Marquer les esprits.
Shivering Spin, le défilé/spectacle qu’elle présente le 26 octobre au Hennessy Park Hotel, Ébène, sera le condensé des nombreuses expériences qu’elle a vécues dans la mode durant ses différentes vies, ici et ailleurs. Enfant de la Terre voguant sans cesse sur la vague de la vie pour vivre ses plaisirs dans l’excès, Jasmina Ruben est une créatrice convulsive tiraillée entre ses fréquentes remises en question et de nouveaux départs, s’exposant à la lumière tout en trouvant ses repères dans l’underground.
Cela faisait quelques années qu’elle pensait faire son show. L’ancien mannequin se décide à franchir le pas pour présenter un concept plus qu’une collection de vêtements. Tout un univers réuni pour ce spectacle venu d’une autre dimension où l’art du shibari – bondage traditionnel japonais – est embarqué dans un vaisseau d’aliens pour rencontrer le monde disjoncté de Lady Gaga. Vingt-quatre mannequins, du noir, des couleurs, du brillant, des effets spéciaux, des maquillages SFX réalisés par Davin The Artist, des accessoires de Chad de Call Him Dude, de la musique, de la lumière pour un show synchronisé en différentes parties, destiné à marquer les esprits jusqu’à sa prochaine lubie qui se matérialisera comme toujours en extravagances et en grandeur nature. Pour son spectacle, Jasmina Ruben s’entoure de toute une équipe où l’apport de chacun est capital. Une façon pour elle de permettre à des potentiels artistiques inexploités d’exploser.
Travail d’alchimiste.
Jasmina Ruben ne fait pas dans la dentelle. La trentaine, la styliste explore encore de nouvelles voies pour mieux laisser s’exprimer ses idées et son besoin de créer. The Stylist, son agence, se spécialise dans la production de contenus et de social media management. Bientôt un site pour exposer les opinions et projets de cette rédactrice de mode, dont l’avis est très sérieusement pris en compte dans ce milieu où elle évolue depuis un bout de temps. Mannequin en Europe à 13 ans, elle est restée dans le milieu de la mode après avoir connu la publicité, la production, la communication, etc.
Que l’on s’y connaisse ou pas, Jasmina Ruben sait rendre la conversation facile et fluide lorsqu’il s’agit de parler de mode et de création. Aux néophytes, elle raconte par exemple que le styling, “c’est comme faire appel aux bonnes formules chimiques pour arriver à un style cohérent”. Sauf qu’ici, les formules ne sont jamais préétablies et ne se trouvent dans aucun livre scientifique ou grimoire de sorcier.
À chacun sa méthode dans ce processus destiné à transformer le plomb en or. Jasmina Ruben est d’accord qu’il y a là comme un travail d’alchimiste à entreprendre et que le résultat n’est jamais garanti. De son point de vue, le styling vise avant tout à faire ressortir les atouts ignorés des individus à travers différents éléments mis ensemble de manière cohérente et originale pour atteindre le beau et le bien-être. C’est aussi cela l’objectif de Jasmina Ruben, qui le reconnaît : sans tout cela, la vie serait terne…