La commission d’enquête mise sur pied pour enquêter sur les éventuels actes anticonstitutionnels et autres de l’ancienne présidente de la République, Ameenah Gurib-Fakim, dans l’exercice de ses fonctions a poursuivi ses travaux jeudi dernier. Ce qu’il faut d’abord retenir de la séance de travail de la commission, c’est une correspondance adressée par l’ex-présidente à l’ancien Premier ministre, sir Anerood Jugnauth, lui demandant d’user de sa position afin qu’Alvaro Sobrinho, le businessman angolais proche d’elle au sein de l’ONG Planet Earth Institute, obtienne rapidement les permis nécessaires pour se lancer dans les affaires à Maurice.
La correspondance a été remise à l’équipe d’enquêteurs menée par le Senoir Puisne Judge Asraf Caunhye par Pratima Soorawon, Office Management Assistant à la State House. En date du 27 octobre 2016, la correspondance signée Ameenah Gurib-Fakim priait l’ancien Premier ministre de faire de sorte que les institutions financières concernées par l’octroi des permis fassent diligence pour donner satisfaction à Alvaro Sobrinho vu que ce denier investissait gros dans le pays. Sobrinho et ses associées, regroupés au sein d’ASA Group, couraient alors après des permis pour, entre autres, opérer une banque d’investissements et également une autorisation afin acquérir un terrain à Ébène pour y construire un quartier général.
Dans une autre correspondance également adressée par Ameenah Gurib-Fakim à sir Anerood Jugnauth, elle avait protesté contre le transfert de Dass Appadu, son secrétaire administratif à la State House. Le chef du Cabinet avait décidé de muter Dass Appadu de la State House au ministère de la Fonction publique. L’ex-présidente de la République avait réclamé l’annulation du transfert en jugeant une telle mesure « impulsive, totalement inacceptable et une tentative délibérée de miner le statut de la présidence et son intégrité comme Chef de l’État. »
Il apparaît que l’ancien Premier ministre et le chef de la Fonction publique n’avaient pas tenu compte des protestations d’Ameenah Gurib-Fakim puisque Dass Appadu fut effectivement muté. Toutefois, il devait choisir de prendre un congé sans paie pour se mettre au service des compagnies de Sobrinho. Mais à l’expiration de son congé, il devait revenir dans le service civil.
Avec le déballage public des correspondances de l’ancienne présidente avec l’ancien PM— des correspondances qui auraient dû rester secrètes mais les circonstances en ont décidé autrement —, on devrait s’attendre que la commission d’enquête convoque à témoin sir Anerood Jugnauth. Question de savoir comment en tant que Premier ministre en poste sollicité pour des faveurs à Alvaro Sobrinho il avait réagi. Question, également, de vérifier si les institutions financières concernées par l’octroi des permis requis auraient ou non subi des pressions.
La commission d’enquête reprendra ses travaux jeudi prochain.