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35e journée : Retrouver la passion

Une fois n’est pas coutume, la Gambling Regulatory Authority (GRA) a assumé comme il se doit ses responsabilités en permettant au Mauritius Turf Club de maintenir l’épreuve principale au programme de la journée de samedi dernier, malgré les deux retraits intervenus dans cette course, ce qui a fait qu’au programme il ne restait que cinq partants. Normalement, au vu des directives de la GRA, une épreuve à moins de six partants n’est pas permise dans la fourchette de valeur de ce genre d’épreuve, même si l’organisme régulateur a lui-même introduit des exceptions pour les valeurs hautes du rating. Il est vrai que cette directive n’a pas sa raison d’être et que la GRA n’a jamais pu expliquer le fondement de son raisonnement. Mais toujours est-il que toute action qui va dans le sens de l’intérêt public et de celles des courses doit être saluée, même si dans les coulisses il y a eu les pressions habituelles pour tenter de faire annuler cette épreuve, car une victoire du favori était susceptible de faire basculer le titre d’écurie championne. Et le favori, le seul de la journée, s’est imposé sans coup férir, confirmant la progression d’un des chevaux les plus prometteurs de sa génération et qui devrait être l’un des chevaux en vue la saison prochaine, King’s County.

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Le titre d’écurie championne est le seul qui ne soit pas définitivement scellé à deux journées de la fin de la saison, même si Gilbert Rousset a profité de la journée sans de Ramapatee Gujadhur pour prendre une avance confortable. Cependant, il suffit d’une victoire de la casaque bleu électrique dans la Coupe des Présidents lors de la journée régulière de samedi prochain et de quelques victoires précieuses cette semaine pour espérer venir ravir ce titre tant convoité cette saison, mais qui s’est compliqué avec le manque de stabilité du côté des jockeys. Quand on ambitionne de jouer les premiers rôles, il faut s’attacher les services d’un très bon jockey et installer la confiance d’emblée. Après un début de saison difficile avec le respecté Marwing pour des raisons de santé, l’entraînement Rousset est allé récupérer Robbie Fradd en Australie et qui, depuis, n’a cessé de faire preuve d’une régularité de métronome, au point de s’être déjà adjugé la cravache d’or et de permettre à son établissement de pointer au haut du classement des écuries à deux journées de la fin d’une saison avec une option sérieuse sur le titre de champion des écuries.

Un titre qui viendrait mettre du baume au cœur d’un établissement miné depuis le début de la saison par deux cas de dopage qui ont malheureusement dominé l’actualité hippique tout au long de la saison plus par la lenteur des enquêtes domestiques du Mauritius Turf Club qu’autre chose. Pour des raisons qui nous échappent, on ne peut comprendre pourquoi le MTC n’a pas bouclé son enquête interne le plus rapidement et prendre les décisions qui s’imposent. En ayant voulu calquer la sienne sur l’enquête criminelle, le MTC a perdu du temps et a jeté un doute sur ses vraies intentions. Heureusement qu’elle s’est ressaisie et a pris la décision qui s’impose eu égard à ses propres rules of racing. En effet, l’entraîneur a été trouvé responsable de n’avoir pu empêcher que cette affaire ne soit arrivée au sein de son établissement, et Gavin Glover, l’avocat de Gilbert Rousset, a bien raison de dire qu’il n’est évidemment en aucun cas coupable de doping.

Cela dit, cette responsabilité du seul entraîneur a longtemps été décriée dans ces colonnes du fait que le MTC est autant responsable que l’entraîneur dans ces dérapages puisque la surveillance des écuries est une tâche commune partagée par l’entraîneur et un représentant du MTC. Il est grand temps que les autorités revoient leur copie et les dispositions à cet effet pour mieux définir clairement les responsabilités, car il paraît inconcevable que des personnes soient trouvées coupables de faits sur lesquels ils n’ont en fait pas la totale maîtrise. Ces affaires de doping qui pèsent aussi sur les établissements Narang, toujours empêtré dans l’affaire Gameloft, Sewdyal et Daby avec les cas Artax et League Of Legends, et plus récemment l’écurie Rameshwar Gujadhur pour le cas Ouzo, doivent donc être revues en profondeur car, désormais, c’est une crainte perpétuelle qui anime les entraînements étant donné que personne n’est à l’abri d’une telle mésaventure, alors que la maîtrise n’est pas nécessairement entre leurs mains.

Toujours est-il que si les commissaires des courses ont, dans les circonstances, finalement assumé leur devoir, ils laissent clairement apparaître leur embarras, puisqu’ils se sont réservé le droit d’annoncer la sanction officielle après la fin de saison. Une décision incompréhensible qui démontre une fois encore l’apparence d’une politique de deux poids et deux mesures. Parallèlement, c’est le silence de la Police des Jeux qui est inquiétant. Après avoir fait des arrestations spectaculaires dans l’un des quatre cas de doping, c’est le silence absolu qui s’en est suivi. La seule information qui a fait surface concerne le fait qu’un membre en vue de la Police des Jeux a accompagné un prévenu en banque pour un retrait important, ce qui n’est évidemment pas la procédure habituelle. À ce stade, personne ne sait quels sont les vrais tenants et aboutissants de ces cas de dopage qui, comme dans les cas de drogue, ne concernent que des menus fretins sans envergure qui n’ont ni la connaissance suffisante en biologie animale ou en chimie pour préparer les doses ni les financements nécessaires pour se procurer ces produits du dopage.

Étrange quand même, malgré tout cet arsenal répressif de détection pour des flux financiers importants, la police n’arrive jamais à mettre le grappin sur ces manipulateurs de l’ombre qui sont les seuls capables de mobiliser la manne financière qui fait aboutir ces cas de dopage, voire des tricheries en course. Il suffit à un simple citoyen de verser Rs 100 000 cash sur son compte pour subir un barrage d’interrogations de son banquier. Comment font donc ceux qui sont dans le commerce du doping, de la drogue et qui « arrangent les courses » et pratiquent le trafic d’influence ?

Le combat contre le dopage doit être un combat total et sans pitié qui cloue au pilori les vrais coupables. La GRA et le MTC doivent travailler de concert, et la Police des Jeux doit faire preuve d’une volonté et de vitesse dans ses enquêtes. Tout silence, tout retard ne servent que les intérêts des vrais coupables, alors que des entraîneurs qui donnent leur temps et leur vie peuvent paraître injustement les seuls punis pour un crime qu’ils n’ont visiblement pas commis, mais dont malheureusement ils demeurent les premiers responsables.

On peut comprendre à cet effet le cri du cœur de l’entraîneur Patrick Merven qui, en fin de journée, mettait en relief l’amour incontestable et grandissant des Mauriciens pour le cheval suite au succès populaire de la journée consacrée au cheval récemment. Il disait à juste titre que ce sont les courses qui sont à la base de cet engouement. Il n’a pas tort mais, lui, comme d’autres, doivent quand même se poser la question à l’effet de savoir pourquoi les courses hippiques ont tout de même perdu leur pouvoir magique sur la majorité des Mauriciens, pourquoi la passion s’est transformée en colère, doute et parfois en l’abandon pur et simple d’un sport dont ils attendent et espèrent un retour à sa noblesse. Plus que jamais, il faut repenser nos courses, repenser l’industrie hippique. Bref, les courses mauriciennes doivent se réinventer …pour retrouver la passion d’antan !

Bernard Delaître

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