“ Les dirigeants de l’AMB au courant des mauvaises actions de Gaya n’ont-t-ils pas le devoir moral de rendre leur tablier ?”, s’interroge Bashir Mungroo, ancien président.
Cette affaire n’a pas uniquement secoué le badminton mais aussi le sport local dans sa globalité ! Raj Gaya, ancien président et vice-président de l’Association Mauricienne de Badminton (AMB) et ancien secrétaire général de la Confédération Africaine de Badminton (BCA), a été banni à vie de toutes les instances de badminton par la Badminton World Federation (BWF) avec en prime une amende de 50 000 dollars (environ Rs 1, 717 000).
C’est le mercredi 5 décembre que le couperet est tombé. En effet, selon le panel d’éthique, présidé par Sylvia Schenk Chair, en compagnie de Kevin Carpenter et Annabel Pennefather, l’enquête a révélé que Raj Gaya avait détourné des fonds, destinés à l’AMB, sur son compte bancaire personnel et les avait utilisés «à son profit».
Le rapport indique également qu’il avait exagéré ou falsifié les demandes de remboursement, avait aussi falsifié des documents officiels et refusé de coopérer lors de l’enquête. Sollicité pour une déclaration, l’accusé n’a pas voulu faire de commentaires pour le moment. Mais il nous revient qu’il fera très bientôt une conférence de presse, peut-être la semaine prochaine.
Faisant suite à la demande de la Badminton World Federation(BWF), l’AMB avait nommé en mars de cette année, un homme de loi, pour mener une enquête interne sur le cas des malversations financières, alléguées entre la BCA et Maurice, impliquant Gaya. Pour rappel, c’est l’ancien président de l’AMB, Bashir Mungroo, qui avait révélé cette affaire en août de l’année dernière, et avait même déposé un dossier à l’ICAC. Cela avait d’ailleurs conduit à des fins d’enquête en décembre 2017 et février 2018, avec la présence de deux représentants de la BWF, à savoir le Danois Thomas Delaye (directeur des affaires légales de la BWF) et de l’Anglais Paul Scott (ancien policier retraité, reconverti en agent privé). Ces deux hommes avaient insisté pour que l’AMB ouvre aussi une enquête.
Et finalement, le verdict est tombé. Raj Gaya est interdit d’exercer toute fonction de badminton à vie et de payer une amende de 50 000 dollars. Comme quoi, il ne l’a pas vu venir ! Bashir Mungroo, ancien président de la fédération, s’est pour sa part réjouit que justice soit rendue. « La vérité a enfin triomphé. Quand j’avais fait part de cette affaire, personne au sein de la fédération ne m’avait cru.
On me prenait pour un fou ! J’avais informé le board executif de cette histoire et l’on m’a clairement fait comprendre que tout ce que j’avais relevé était farfelue. J’étais devenu un paria; je commencais à déranger et ils m’ont suspendu du comité. Je comprends mieux maintenant. J’avait découvert le pot aux roses et je suis devenu l’homme à abattre », a confessé notre interlocuteur. Bashir Mungroo se pose la question suivante, « Les dirigeants au courant des mauvaises actions de Raj Gaya, n’ont-t-ils pas le devoir moral de rendre leur tablier ? N’est-ce pas contraire à toute éthique ? » Avant de poursuivre, « Raj Gaya m’a même poursuivi pour ‘diffusion of false news.’ Je racontais des mensonges apparemment. On m’a mis à la porte parce que j’avais fait éclater cette affaire au grand jour. En d’autres mots, j’aurais dû fermer ma bouche et les laisser agir en toute impunité. Mais, je ne suis pas fait de ce type de métal. J’agis dans la droiture, et quand je constate qu’il y a eu des maldonnes, je vais de l’avant, sans me poser des questions. Des suites de la lecture de ce rapport accablant, je voudrais aussi connaître la position du ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS) et du Comité Olympique Mauricien (COM ) », a conclu Bashir Mungroo.
À noter qu’au cours de ces dernières années, la BWF s’est engagée dans une mission visant à éradiquer la corruption, les matchs arrangés et le jeu illégal. Cette affaire, qui fait couler beaucoup d’encre, est loin d’être terminé. Affaire à suivre…