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Plus ça change

A Maurice, plus qu’ailleurs, les promesses électorales n’engagent que ceux qui veulent y croire, pas ceux qui les font et qui — surtout — les publient dans leurs manifestes électoraux. Ce qui n’empêche pas les partis de monter d’énormes opérations de Com pour faire croire qu’ils essayent de tenir leurs promesses. C’est ce que vient de tenter ce qui reste de Lalyans Lepep avec l’amendement constitutionnel sur la loi électorale qui devait faire disparaître le Best Loser System (BLS)  pour y inclure une dose de proportionnelle.

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Le problème est que tout en se prononçant pour la disparition du BSL, aucun parti politique ne souhaite sa disparition, puisque tous recrutent leurs candidats et les placent dans les circonscriptions sur la même base communale de cette loi, que d’aucuns ont déjà qualifiée d’inique. Vous croyez que j’exagère ? Renseignez-vous sur les futurs candidats pressentis par les partis pour « travailler » les différentes circonscriptions. Vous allez découvrir que la règle communaliste non écrite qui rythme la vie de Maurice est appliquée dans toute sa rigueur. Pour ne pas dire dans toute son horreur ! Les candidats pressentis sont d’abord et avant tout choisis en fonction de leur profil communaliste qui doit impérativement « match » avec celui de la circonscription qui leur sera attribuée. C’est ça la règle principale du choix des candidats à une élection.

Le reste n’est que du bla-bla-bla électoral destiné à faire joli dans les meetings publics, pas les réunions privées. Dans ces réunions, où l’on regroupe des personnes ayant en commun une appartenance communale, c’est un langage plus près de ce que Pravind Jugnauth avait décrit comme étant les « réalités électorales mauriciennes » qui est utilisé. Quand le terme « nous » est employé, c’est plus pour décrire les intérêts d’une communauté — ou d’une sous communauté — que ceux de la nation et de la patrie dans leur globalité.

Si, sans avoir l’honnêteté de le reconnaître, les partis pratiquent tous la même religion électorale, à quoi rimait donc l’inscription d’urgence de l’amendement constitutionnel au calendrier de l’Assemblée législative ? Selon certains observateurs avertis, cette opération a été montée pour deux raisons. La première pour dire aux institutions internationales qui le questionnent — suite à plusieurs plaintes d’ONG sur la question communale — que le gouvernement mauricien fait des efforts dans la bonne direction. La deuxième pour dire aux Mauriciens que le gouvernement voulait tenir au moins une de ses promesses électorales et avait l’intention de débarrasser le pays du BLS, mais que les partis d’opposition n’ont pas joué le jeu et auront à en répondre devant l’Histoire.

Et dans le cadre de cette opération, le MSM a envoyé tous ses ténors chanter au Parlement le couplet « Paul Bérenger ne peut pas voter contre un projet de loi visant l’abolition du Best Loser system ! Il ne peut pas se trahir ! ». D’un coup de baguette magique, « le spécialiste du communalisme scientifique » était devenu un interlocuteur respectable pour le MSM. A cette pluie de compliments outranciers, le leader du MMM a répondu qu’il avait envisagé de voter en faveur du projet de loi avec des réserves — sans doute une nouvelle manière de pratiquer la politique —, mais qu’il ne le ferait pas, parce que le MSM avait fait tout capoter. A l’exception du PMSD qui soutient ouvertement le BLS, les autres partis d’opposition ont répondu en ordre dispersé, chacun y allant de son argument dépendant de sa stratégie politique du moment. Tout en s’assurant de ne pas aller trop loin dans la critique pour ne pas entraver une éventuelle alliance, parce que l’autre objectif politique que tous les partis disent rejeter, mais se battent pour atteindre, est l’alliance préélectorale.

Résultat de cette opération qui a occupé la une de l’actualité pendant plusieurs semaines : le BLS et la loi électorale, que les partis politiques dénoncent tout en les pratiquant, sont toujours là et — à moins d’un miracle — seront utilisés lors des prochaines élections. A la grande satisfaction de la classe politique mauricienne qui n’a pas sa pareille pour pratiquer ce qu’elle n’arrête pas de condamner. Comme quoi, à Maurice, plus ça change et plus c’est la même chose.

Bonne année quand même !

 

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