Elle est l’une des jeunes à avoir choisi de se lancer dans l’entrepreneuriat pour éviter le chômage. Deepta Soodaye, 31 ans, habitant Poudre d’Or Village, travaillait autrefois dans le secteur de la construction mais ne parvenait pas à s’y adapter. Ayant abandonné ses études très tôt, il était difficile pour elle d’avoir un autre emploi. C’est alors qu’elle a décidé de devenir femme entrepreneure, un choix qu’elle « ne regrette pas ». Aujourd’hui, la jeune femme s’est même fait un nom dans la fabrication de sacs de jute et de chaussures.
Rencontre.
Comme toute jeune femme, Deepta rêve de goûter au succès. Revenant sur son parcours, elle relate avoir abandonné le collège alors qu’elle était en Form V. « Je n’avais pas complété mon année et je ne possède donc pas de certificat de SC. Après l’école, j’ai pris de l’emploi dans une société spécialisée dans la construction. La compagnie louait des engins de chantier, dont des pelleteuses et des tracteurs, et je travaillais dans le département de dépannage. Je compte cinq années d’expérience dans ce domaine.
Toutefois, au fil des ans, je commençais à me sentir mal à l’aise car c’était une profession dominée par les hommes. De plus, il y avait beaucoup de pression et les horaires de travail n’étaient pas fixes. Donc, j’ai soumis ma démission », raconte-t-elle.
Deepta ne voulait plus exercer pour le compte d’une compagnie. Pour elle, la meilleure des solutions pour être heureuse, « c’est d’avoir ma propre entreprise ». Ainsi, elle se lance dans une nouvelle aventure et entame toutes les procédures en vue de devenir femme entrepreneure. La décision prise, elle doit maintenant déterminer ce qu’elle produira. « Après beaucoup de réflexion, mon choix s’est porté sur la fabrication de sacs. À l’époque, le gouvernement venait d’annoncer l’interdiction d’utiliser des sacs en plastique pour protéger l’environnement. Donc, je me suis dit pourquoi ne pas fabriquer des “shopping bags” pour faciliter la vie des femmes. De plus, il fallait que les sacs que je fabrique répondent aux normes de l’écologie et de la durabilité. C’est ainsi que j’ai décidé de confectionner des sacs de jute », dit-elle.
Son choix finalisé, Deepta entame des recherches sur Internet afin d’acquérir plus de connaissances et de techniques sur la fabrication de sacs de jute. « Le plus important, c’était de chercher les différentes formes de sacs que nous pouvons fabriquer. Là, j’ai réalisé qu’outre les “shopping bags”, on pouvait confectionner des pochettes, des porte-monnaie, des sacs pour bouteilles, des valises, des trousses pour maquillage et des plumiers, entre autres. La prochaine étape, c’était de faire l’acquisition d’une machine à coudre. Je dois confier que je n’avais aucune notion de la couture. J’allais tout apprendre sur le tas », indique la jeune entrepreneure.
En effet, Deepta, déterminée à mettre sur pied son entreprise, commence à coudre des sacs. Elle décide de s’y lancer sans formation. « Je regardais sur YouTube et sur le site Pinterest et j’essayais de copier les étapes. J’ajoutais aussi mes propres idées. Au départ, les sacs étaient imparfaits. Mais, je n’ai jamais baissé les bras. J’ai persévéré jusqu’à ce que j’obtienne un produit parfait. Parallèlement, j’ai dû apprendre à broder et à faire de la peinture sur toile pour embellir les sacs. Je fabrique également des sacs personnalisés, notamment pour des compagnies. Donc il fallait que j’apprenne à personnaliser les produits », précise-t-elle.
Malgré son effort et sa persévérance, Deepta n’a pu obtenir les résultats auxquels elle s’attendait. Selon elle, le commerce des sacs ne fonctionne pas tout le long de l’année. « Le sac n’est pas un produit qui s’achète souvent. Donc, j’ai connu des moments très difficiles quand je n’arrivais pas à vendre des sacs. Quand j’ai lancé mon entreprise, j’ai aussi ouvert un magasin pour exposer et vendre les sacs de jute. La situation devenait difficile mais je ne voulais pas fermer mon entreprise. Par pure coïncidence, j’ai reçu la visite d’un officier de la Small and Medium Enterprise Development Authority (SMEDA) à mon magasin. Nous avons entamé une conversation sur les produits que je fabriquais et il m’a demandé si j’arrivais à couvrir les frais de fabrication. Évidemment, j’ai répondu par la négative et c’est ainsi qu’il m’a invitée à m’inscrire à la SMEDA », raconte Deepta.
Devenue membre de la SMEDA, Deepta a eu l’occasion de suivre plusieurs cours de formation, dont la joaillerie artisanale et la fabrication de chaussures. L’année dernière, alors qu’elle avait commencé à apprendre à fabriquer des chaussures au Rabita Hall, à Port-Louis, elle a eu un coup de foudre pour le métier. Pour elle, c’était une valeur ajoutée à son commerce déjà existant. « La formation était axée sur la fabrication de chaussures semi-cuir. Mais, puisque je travaillais déjà avec le jute, j’ai voulu être créative et fabriquer des chaussures de jute. Les jeunes de nos jours adorent les accessoires qui sont simples mais qui sortent de l’ordinaire. J’ai essayé et l’idée a très bien fonctionné », dit-elle fièrement.
Outre le semi-cuir et le jute, Deepta a utilisé plusieurs autres matières premières pour la fabrication de chaussures. « Je suis jeune et je sais ce que recherchent les jeunes comme accessoires. Je dois toujours suivre la tendance pour comprendre leur choix. De plus, je fabrique des chaussures selon leurs demandes. Cela ne signifie pas que je ne prends pas en considération le choix des personnes plus âgées. Je propose une gamme de chaussures pour tout âge et tous les goûts », souligne notre jeune entrepreneure.
Deepta s’est aujourd’hui fait un nom grâce à ses chaussures qui sortent de l’ordinaire. De ce fait, elle a choisi de baptiser son entreprise « Footies ». Elle poursuit : « J’ai lancé mon entreprise avec la fabrication de sacs de jute mais ce sont les chaussures qui sont les plus prisées. Toutefois, je continue à fabriquer des sacs et je ne compte pas m’arrêter de sitôt. »
Interrogée sur ses projets d’avenir, Deepta nous confie qu’elle rêve de devenir chef d’entreprise et d’avoir une usine à son nom. « J’ai trouvé le vrai bonheur dans l’entrepreneuriat, plus précisément dans le domaine manufacturier. Je souhaite évoluer dans ce même secteur et développer mon commerce. D’ailleurs, dans un proche avenir, je me lance dans la fabrication de chaussures médicales. J’ai déjà entamé les mesures mais les produits de matière première coûtent un peu cher. De plus, il me faudra des machines spécialisées pour cela. Donc, j’attends d’économiser un peu d’argent avant de me lancer dans cette nouvelle production », explique Deepta.
Elle conclut que l’entrepreneuriat est un domaine qui l’a aidée à s’épanouir et à faire la connaissance d’un réseau de fabricateurs. De plus, elle se réjouit de pouvoir rencontrer de nouvelles personnes chaque jour de sa vie. « Ma vie a tellement changé depuis que je suis devenue entrepreneure. Je suis très heureuse de mon choix. Je compte aussi me tourner vers l’exportation dans les prochaines années », dit-elle.