- Steve Obeegadoo parle d’une décision qui exclura des milliers de jeunes du système éducatif
Les statistiques sur la performance des 18064 candidats de Maurice et de Rodrigues qui ont pris part aux examens de School Certificate (SC) en 2018 n’ont rien révélé sur le nombre d’entre eux ayant obtenu moins de 4 credits et, donc, pas d’accès en Lower Six cette année.
Les statistiques, dont le taux de réussite est de 71,59%, n’ont d’ailleurs été publiées sur le site du Mauritius Examinations Syndicate (MES) qu’au lendemain de la proclamation des résultats, jeudi dernier. Le critère des 4 credits pour pouvoir accéder au Lower Six a fait l’objet de débat et de critiques depuis le début de l’année. S’il est presque certain que les prochains résultats de Higher School Certificate (HSC) éclipseront les inquiétudes des parents, élèves et pédagogues, ainsi que les managers des collèges privés, en attendant, la question divise toujours l’opinion.
Tandis que le gouvernement maintient que la décision de revoir à la hausse le nombre de credits pour garantir une place en Lower Six est pour encourager les collégiens à “mieux travailler” et à fournir une meilleure performance académique, l’ancien ministre de l’Éducation, Steve Obeegadoo est d’un autre avis. Il se dit convaincu que cette décision exclura des milliers de jeunes d’un système éducatif déjà dépassé (comparé à d’autres pays) et qui n’offre pas d’alternative (au HSC) à ceux qui sont en situation d’échec. Regrettant que le MES n’ait pas dévoilé le nombre de récipiendaires de 4 credits issus de la cuvée 2018, l’ancien ministre estime que 3000 collégiens ont été pénalisés par cette décision.
D’ailleurs, il demande au ministère de l’Éducation de ne pas mettre en application l’obtention des 5 credits obligatoires au SC de cette année pour une place en Lower Six en 2020. Si de son côté, le gouvernement insiste à dire que la révision à la hausse du nombre de credits s’inscrit dans la réforme de l’Éducation, Steve Obeegadoo persiste à dire que celle-ci a été mal planifiée.
Et dans cette optique, les chances sont minimes pour les enfants les moins aisés socialement et économiquement d’accéder au HSC dans le mainstream, puis à l’éducation gratuite dans une institution publique. Et selon Steve Obeegadoo, si le gouvernement pense améliorer la qualité de l’éducation en incitant les étudiants du secondaire à “travailler mieux”, il se trompe. Pour cela, les autorités de l’éducation, dit-il, doivent renouveler la pédagogie et repenser la formation des enseignants. S’agissant toujours de la qualité, mais cette fois-ci au niveau du tertiaire, Steve Obeegadoo se pose des questions sur les infrastructures et prestations que comptent offrir l’université de Maurice et les autres institutions où les étudiants eux-mêmes déplorent régulièrement des manquements sur ce plan. Il affirme que si le gouvernement avait à cœur de garantir l’égalité des chances à tous les jeunes, il aurait étendu la gratuité de l’enseignement supérieur également aux établissements privés.