Pleins feux sur Martine Fong, qui retrouve la lumière des studios de la télévision et de la radio à la MBC, où elle est de retour depuis l’année dernière. Un retour aux sources pour la présentatrice qui parle de la maturité acquise après qu’elle a occupé différents postes de responsabilités ces dernières années. Elle évoque aussi sa condition de mère célibataire, tout en restant une femme déterminée à mener une vie épicée.
C’est convenu : la conversation sera sans tabous… Martine Fong prévient : “Je n’ai pas peur des questions indiscrètes. Allez-y, demandez-moi !” Et d’éclater de rire. Y aurait-il des “choses croustillantes” à savoir sur cette personnalité du paysage audiovisuel qui a fait son retour à la télé et à la radio en septembre dernier ? Pour le découvrir, donnons-lui champ libre et n’en perdons pas une miette. Mais il faut avoir le cœur solide et de l’endurance pour tenir le rythme de celle qui “approche les late thirties”. Talon aiguille, robe noire chic, maquillage de circonstance, ongles bien faits, elle ne s’offre aucun répit une fois qu’elle est lancée. Une conversation à 100 km à l’heure ou plus, Martine Fong ne connaissant aucune limitation de vitesse. Sur la route, les radars se seraient affolés, dans le coin cosy du Backstage où elle nous a donné rendez-vous, l’appareil photo n’aura aucun mal à capter l’essence de ce personnage qui carbure au super et à la passion.
Vie de femme.
Cela faisait un bout de temps qu’elle avait disparu des écrans des radars. Être mère célibataire impose des choix qu’il faut savoir faire pour répondre aux priorités. Après la télé, la radio, le marketing, un poste de responsabilité au British Council, les voyages, les entreprises de publicité ou encore de wedding planner qu’elle a lancées, entre autres projets sur lesquels elle s’est penchée, Martine Fong avait choisi de se consacrer à ces deux filles, dont l’arrivée a été très précieuse. En 2005, elle apprend qu’elle est enceinte : “Je n’y croyais plus. J’avais essayé plusieurs fois, en vain. Je m’étais même dit que ce n’était sûrement pas pour moi, et je commençais à me faire à cette idée. Lorsque c’est arrivé, j’ai compris qu’il fallait que je me consacre à mon enfant.”
Une deuxième s’invita dans la famille très rapidement. Finis les voyages réguliers. Elle a aussi tenté, avec le soutien de son père, de gérer les affaires qu’elle avait lancées : “J’ai tout fait pour tenter de trouver un job adapté à ma situation. Mais à cette époque, il n’y avait pas autant de facilités accordées aux femmes. Aujourd’hui, les employeurs font preuve de plus de compréhension et il y a une envie de promouvoir la femme.”
Un message de la vie.
Jusqu’à 2018, ses filles n’avaient jamais vu leur mère animer une émission devant les caméras. Tout comme elle ne savait pas qu’elle pouvait avoir cette aisance au micro d’une radio. “Elles en avaient entendu parler. Mais elles ne m’avaient jamais vu jouer ces rôles. C’est une des raisons pour lesquelles j’ai vécu mon retour avec émotion lorsque j’ai vu des étincelles dans leurs yeux.”
C’est un message de la vie qui l’a ramenée vers les ondes. Martine Fong s’était déjà engagée dans un autre rythme lorsque la maladie lui a imposé une remise en question sur son présent et son avenir. “Alors que ça n’allait pas, je me suis dit qu’on me compare souvent à une tigresse, à une battante prête à tout affronter pour avancer. J’ai ressenti le besoin de me réveiller et j’ai réfléchi sur le travail qui me permettrait de m’occuper de moi, des miens et de m’épanouir. J’ai donc décidé de revenir à la source : l’audiovisuel.”
Ses débuts.
Ce monde, elle l’a découvert dans les studios de la MBC en 2001, au même moment où les téléspectateurs sont conquis par le sourire pétillant et frais de la nouvelle présentatrice de la météo. Elle a alors 21 ans. Fille du propriétaire de Billabong, elle avait pensé s’inscrire pour des études en Fashion & Design. Mais elle dévie inopinément vers des études en communication à l’Université de Maurice lorsque les inscriptions sont lancées. “Avant ça, je n’avais jamais pensé m’orienter dans cette direction ou même devenir animatrice.” Les circonstances en décident autrement pour celle qui, lorsqu’elle avait 7 ans, avait répondu à Marie-Michèle Etienne, devant les caméras, qu’elle deviendrait aussi animatrice plus tard, sans trop comprendre ce que cela voulait dire.
Dans les couloirs de l’UOM, l’étudiante entend dire qu’une présentatrice maîtrisant bien l’anglais est recherchée pour une émission traitant de l’économie. Elle répondait aux critères et se retrouve bientôt devant la caméra. Elle est repérée par les responsables de la MBC : d’autres portes s’ouvrent, à travers différentes émissions à la radio comme à la télévision. Un monde dont elle apprend à maîtriser tous les rouages rapidement jusqu’à son choix de décrocher.
Leur montrer qu’ils avaient tort.
De retour en studio, il lui faut un temps d’adaptation, car beaucoup de choses ont changé. “À l’époque, j’avais formé Clara Mootoosamy, qui venait de faire ses débuts. Cette fois, je suis devenue son élève, puisque la technique était différente.” Très rapidement, tout est rentré dans l’ordre “Finalement, c’est comme monter à bicyclette. On retrouve l’équilibre même si on s’y remet après des années.”
Dix-sept ans après ses débuts, Martine Fong se laisse guider par le même principe de convivialité et la même bonne humeur, bien qu’elle sente que des choses ont aussi changé en elle. “Aujourd’hui, j’ai plus d’expérience et de maturité. Je suis plus posée. On voit en moi une femme qui est plus sûre d’elle-même. Avant, j’avais tendance à aller dans tous les sens et j’étais parfois dans l’à-peu-près.” Tout cela s’est fait avec beaucoup d’émotions : “Ce n’est pas que j’ai pris ma revanche sur la vie. Disons que je suis venue montrer à ceux qui n’ont jamais cru en moi qu’ils avaient tort.”
Valentine’s Date.
Elle aurait pu se contenter de la météo, de son émission culturelle, de ses conversations avec ses invités et les auditeurs. Mais Martine Fong a voulu s’imposer d’autres défis. En décembre, avec son complice Jake, elle a coanimé La Radio du Père Noël. En ce moment, entourée de l’équipe de Kool FM et bénéficiant du soutien de la direction de la MBC, elle propose aux auditeurs de rencontrer l’amour à travers son émission calquée sur le principe de la téléréalité : Valentine’s Date. Cette émission consiste à réunir des hommes et des femmes célibataires et de leur donner l’occasion de se rencontrer et de se connaître, sous les regards des auditeurs et des spectateurs, qui pourront aussi intervenir avec des questions et des commentaires. Un cheminement qui durera quelques semaines jusqu’à la finale, où le couple gagnant se verra offrir son tout premier date dans le cadre de la St-Valentin.
Elle se dit reconnaissante envers les responsables de la MBC de lui avoir donné le feu vert. Ce concours, elle l’a imaginé. Preuve que Martine Fong est toujours en quête de nouveaux défis. “C’est peut-être parce que je suis toujours à la recherche de moi-même. Et j’ai toujours l’impression de renaître, tel le Phoenix.” Les heures passées à travailler et l’énergie dépensée ne comptent pas pour cette grande fêtarde, qui sait faire de son travail une priorité lorsque vient le moment “de me lever tôt, de me coucher tard pour faire avancer les choses. Tout cela ne me dérange en aucune façon du moment que je me décide.”
Féministe pimentée.
“C’est la passion qui me conduit”, dit-elle. Tant que cette passion l’habite, Martine Fong reste engagée à fond. “Du moment que la passion n’est plus là, je préfère m’en aller. Rester serait malhonnête. Je passe alors à autre chose.” Si elle bouge, ce n’est surtout pas pour opter pour ce qui est moins compliqué. “Je préfère quand la vie est pimentée. Il faut que ce soit spicy pour être à mon goût. Il faut qu’il y ait enn ta zes, un côté différent, flashy ! Sinon, cela devient plat et lassant.”
Martine Fong affiche la cool attitude, mais elle prévient qu’il ne faut pas se méprendre quant à ses intentions et ses objectifs. Surtout que son statut de mère célibataire pousse certains sur de fausses pistes. “Je suis bien dans la situation où je suis. Ce n’est pas parce que je suis amicale que je dois être considérée comme une proie facile ou que je suis à la recherche de quelqu’un. Si ce dernier doit apparaître, il faudra qu’il apporte de la valeur ajoutée à ma vie.”
Offrir une autre vision aux hommes.
C’est ainsi, dit-elle, qu’elle laisse s’exprimer son âme féministe. “Il ne faut pas se méprendre : je suis féministe, mais pas du genre à être hostile vis-à-vis des hommes. Je suis convaincue que chacun a sa place pour faire fonctionner la société.” Il revient à la femme d’être intelligente et stratégique pour avancer avec douceur et sans violence, jusqu’à offrir aux hommes une autre vision et une manière plus concrète de faire.
Son grand sourire et sa bonne humeur ne l’ont quittée à aucun moment. La positivité a fini par faire partie de sa nature. Ce n’est pas à son public qu’elle communiquera ses moments de blues et ses inquiétudes. Bien entendu, à force de s’engager dans tellement de choses, les échecs et les imprévus la plongent parfois dans des moments de déprime. “Pour deux ou trois jours seulement. Après, je reprends du poil de la bête, parce que j’ai appris que dans mon rôle, il faut rester positif pour toujours avoir des choses à donner aux autres.” Mais cela a un prix, qu’elle explique comme un aveu : “On ne trouve plus de temps pour soi et cela peut faire de nous de grands malheureux.”