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Philippe Hao Thyn Voon (président du COM et vice-président du Cij) : « JIOI 2023 : Madagascar demeure une troisième option »

L’incertitude demeure encore sur le choix à être porté sur le pays organisateur des Jeux des îles 2023. Les membres du Conseil International des Jeux (Cij) réunis lundi et mardi n’ont pu trancher, vu que les dossiers présentés par les Comores et les Maldives n’étaient pas suffisamment convaincants. En attendant une éventuelle visite dans ces deux îles, Philippe Hao Thyn Voon s’élève contre la prise de position et des allégations des dirigeants comoriens. Pour le président du Comité olympique mauricien (COM) et vice-président du Conseil International des Jeux (Cij), la survie des Jeux s’avère primordiale. Il évoque ainsi l’option Madagascar si la visite prévue ne s’avère pas fructueuse.

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Philippe Hao Thyn Voon, voilà que les Comores n’obtiennent pas satisfaction de nouveau pour ce qui est de l’organisation des JIOI. Certains n’hésitent pas à avancer que les membres du Cij ont une dent contre cette île. Est-ce fondé ?

Je peux vous assurer que le Cij n’a rien contre les Comores. Dans le passé, les dirigeants du comité olympique et sportif de ce pays nous ont souvent mené en bateau, malgré la confiance que nous avions placée en eux. Ils nous ont également induit en erreur lors de la réunion du Cij tenue à La Réunion au cours des derniers Jeux des îles, concernant la construction des infrastructures. Personnellement, je me suis déplacé aux Comores en deux occasions et je peux témoigner que rien n’avait alors été entrepris. Certes, la construction d’un stade a été achevée, mais aucune garantie n’a été donnée pour ce qui est de la piscine et du Village des Jeux. Dans de telles conditions, comment pouvions-nous prendre un engagement en faveur des Comores, pour ensuite subir des conséquences ? Comme le dit l’adage, chat échaudé craint l’eau froide.

Comment réagissez-vous aux propos tenus par le président du Comité olympique et sportif des Comores à l’égard de l’organisation des Jeux à Maurice ?

Il est vrai qu’Ibrahim Ben Ali (ndlr : président du Comité olympique et sportif des Comores) a tenu des propos pas vraiment agréables à entendre à l’encontre de Maurice. Il a évoqué le fait que nos infrastructures ne sont pas encore prêtes à cinq mois des Jeux. Or, nous n’avions obtenu l’organisation des Jeux qu’en 2017, quand nous avions constaté que rien n’était réellement entrepris du côté des Comores, qui avaient obtenu le drapeau des Jeux en 2015. Nous nous retrouvions donc avec deux années de perdues. Aujourd’hui, Ben Ali ose venir insinuer que le Cij pratique une politique de deux poids deux mesures. Cela fait six ans qu’il nous promet la construction d’une piscine et que son pays bénéficiera de l’aide de la Turquie, de la Chine ou de l’Arabie Saoudite. Ses critiques à notre égard ne sont donc pas justifiées. Étant engagé dans le secteur de la construction, je vous donne par contre la garantie que tous les travaux prévus dans le cadre des prochains Jeux seront complétés à temps.

N’éprouvez-vous pas une certaine crainte quand Ibrahim Ben Ali menace de boycotter les prochains JIOI ?

Cela ne me surprend pas, il est devenu un habitué des walk-outs. Rappelez-vous qu’en 2003 il avait effectué une menace de retrait car le drapeau comorien avait été placé à l’envers. Il avait alors fallu l’intervention de feu Ram Ruhee pour le faire revenir à de meilleurs sentiments. Puis, plus récemment aux derniers Jeux, les Comores avaient boycotté la cérémonie d’ouverture, parce que la délégation de Mayotte avait défilé derrière le drapeau français. Tout cela s’était déroulé devant le préfet et d’autres personnalités. J’ai par ailleurs appris que contrairement aux autres îles, les Comores n’ont pas donné leur accord pour le passage de la flamme des Jeux chez eux.

La visite des lieux aux Comores, et également aux Maldives, pourrait-elle s’avérer déterminante ?

Jusqu’ici, soit à la fin des travaux de la dernière réunion du Cij, les Comores n’avaient pas fixé de date pour cette visite. Et ce, contrairement aux Maldives, qui se sont dit prêtes à nous accueillir à partir de la semaine prochaine. Je dois toutefois avancer que ces deux îles n’ont pas respecté les dates d’engagement et le cahier des charges. Néanmoins, nous n’avions d’autre choix que de prendre leur candidature en considération, car il nous faut penser avant tout à la survie des Jeux.

Quelle sera donc l’option envisagée en cas de visite infructueuse ?

Si nous n’obtenons pas satisfaction à l’issue de ces deux visites, une troisième option demeure Madagascar. Cela afin de respecter la rotation entre La Réunion, Maurice, Madagascar et les Seychelles depuis la première édition des Jeux. Il nous faut absolument sauver les Jeux en remettant le drapeau lors de la cérémonie de clôture en juillet. Avec le nouveau gouvernement en place à Madagascar, nous devrons alors en faire la suggestion. Toutefois, la décision finale devra être prise avant le coup d’envoi des Jeux.

Néanmoins, ne pensez-vous que les Comores, vu les moyens limités, pourraient organiser des mini-Jeux ?

Voyez-vous, il nous faut respecter la Charte des Jeux, qui stipule qu’une édition des Jeux doit comprendre au moins dix disciplines, dont huit olympiques, la natation et l’athlétisme étant obligatoires. Or, jusqu’ici, la construction d’une piscine demeure un mystère et je crois aussi savoir que cette île fait face à une pénurie d’eau. La construction d’un village des Jeux est également obligatoire pour accueillir les participants. Jusqu’ici, dans leurs différents exposés, les dirigeants comoriens ne nous ont montré qu’un terrain vague. Nous sommes donc dans le flou total.

Dans ce contexte, n’estimez-vous que Maurice a placé la barre trop haut en évoquant sans cesse des Jeux cinq étoiles ?

C’est le vœu du gouvernement et nous devons l’accepter. Il est évident que nous ne pouvons exiger des autres îles qu’elles organisent également des Jeux cinq étoiles. Il faut à mon avis des Jeux qui soient dignes de nos sportifs et qui réjouissent la population sportive, étant donné que les différentes îles ne possèdent pas les mêmes ressources et facilités.

Par ailleurs, regrettez-vous le fait que le Sri Lanka n’ait pas obtenu l’adhésion et la participation aux prochains Jeux ?

Personnellement, j’avais souhaité son adhésion, car nous pouvions bénéficier de stages et d’échanges avec ce pays. Le fait de pouvoir élargir les Jeux aurait pu apporter plus de charme à la compétition. Le Sri Lanka possède certainement des ressources, il a pu transformer une île pour en faire un village des Jeux. Toutefois, la porte ne lui est pas fermée et nous souhaitons que son représentant soit sur place lors de notre réunion prévue en juillet.

Finalement, qu’en est-il de l’organisation des Jeux de 2027, avec Mayotte qui s’est déjà positionnée ?

Sur cet aspect, la situation est également compliquée. Jusqu’ici, Mayotte n’est pas membre à part entière du Cij, n’étant qu’une observatrice et sans droit de vote. Il faut donc qu’elle soit membre à part entière pour qu’elle puisse obtenir cette organisation. Il lui faudra ainsi franchir d’autres étapes.

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