Former des adultes responsables, les encadrer, les accompagner et surtout les écouter. Tels sont les objectifs du centre d’épanouissement Lakaz Zen, fondé et créé par l’association Ensam avec notamment Jean-Claude Emilien et Marianne Arlanda en 2009. Des bénévoles qui sillonnent les quartiers les plus démunis de Pointe-aux-Sables tous les jours pour tenter de redonner espoir aux jeunes, avec les moyens du bord Rencontre.
Il est 10h. Les jeunes de Lakaz Zen s’affairent entre eux, sous l’oeil attentif de Margaret Herbu, responsable et Councellor de Lakaz Zen, Miss Lorna et M. Patricia, soit les trois dames de fer qui gèrent au matin le quotidien de ces 16 enfants âgés de 11 à 17 ans et d’une quarantaine d’autres en après-midi après les heures de classe, soit un total de 60 enfants pris en charge par jour. “Nous sommes là pour les écouter, les encadrer et les former”, soutient Margaret Herbu.
Lakaz Zen est un centre d’épanouissement pour enfants aux besoins spéciaux offrant gratuitement des cours d’alphabétisation, un service d’écoute, ou encore des formations dans divers domaines. Sis à Pointe-aux-Sables, il a été créé pour répondre à la demande grandissante des enfants et parents de la localité qui n’ont pas souvent les moyens pour offrir un cadre de vie idéale pour l’épanouissement d’un enfant en adulte. “A l’association Ensam, nous étions déjà très présents auprès des habitants de ces quartiers, dont la cité Firinga et avec des bénévoles nous proposions des cours de rattrapage pour les enfants et c’est au vu de la demande grandissante et du nombre d’enfants qui venaient nous voir pour des cours que nous avons décidé de créer Lakaz Zen”, explique Patricia Arnachellum présidente de l’association.
Une nécessité pour cette dernière ainsi que les autres membres de l’association qui sont confrontés au quotidien aux conditions de vie de ces habitants et surtout aux fléaux qui prennent de l’ampleur. “Ce sont des enfants qui pour la plupart n’ont pas de quoi manger et qui sont souvent des enfants difficiles. Non scolarisés, ils vagabondent dans les rues et sont très vulnérables. Nous nous occupons donc de leur prise en charge et leur offrons le petit-déjeuner, le déjeuner, mais aussi un goûter, de même qu’une consolidation des acquis”, explique Miss Lorna.
Le soutien de la brigade des mineurs et de l’Action familiale
Une formation aussi au sens large du terme, c’est-à-dire que ces enfants sont accueillis, encadrés et enfin disciplinés pour pouvoir faire face à la société et trouver plus tard un travail. “Cela est une première étape pour ensuite déboucher sur la formation académique. Car il faut noter que l’absentéisme est une des plus grandes causes d’échecs dans les écoles. Les enfants difficiles qui ne sont pas disciplinés ne trouvent pas l’intérêt d’aller s’asseoir sur un banc d’école ou qu’alors ils n’ont pas les moyens. En leur inculquant ces valeurs humaines, ils acquièrent ainsi déjà une base et on leur redonne le goût d’apprendre. D’ailleurs, il y a des enfants qui veulent faire le PSAC, alors qu’ils n’avaient auparavant aucun intérêt pour les études”, explique pour sa part Margaret Herbu.
Par ailleurs, les enfants de Lakaz Zen sont aussi accompagnés durant les vacances scolaires et suivent un programme éducatif de 15 jours où ils sont sensibilisés sur de nombreux sujets, dont la drogue. “Nous avons ainsi des intervenants de la brigade des mineurs ou de l’action familiale qui nous aident depuis des années. D’ailleurs, dès l’âge de 5 ans, nos enfants à Lakaz Zen suivent des cours en éducation sexuelle, notamment sur le bon et le mauvais toucher, car il faut savoir qu’ils sont extrêmement vulnérables”, explique Miss Lorna. Aussi des sessions d’évaluation ont-ils lieu pour voir si les enfants ont réellement changé de comportement, mais aussi pour se fixer de nouveaux objectifs.
Ainsi, les formateurs et bénévoles redoublent chaque année d’efforts pour aider au mieux ces enfants. En 2018, l’association lance un nouveau projet avec, notamment l’intégration des jeunes de Lakaz Zen dans la JR School qui offre des formations en tourisme. “Sept de nos enfants y sont inscrits, dont Milenka Louise, qui a déjà son Foundation Certificate en poche. Il n’y a rien de plus gratifiant que de les voir réussir”, ajoute Patricia qui s’occupe de remplir les petits ventres durant la journée.
Des success-stories, Lakaz Zen en a connu plusieurs. “Nous avons notre école de musique dont nous sommes très fières. Lancée par Jean-Claude Emilien nos sept musiciens ont du talent et persévèrent. Ils vont même se produire lors de spectacles”, nous lance Margaret Herbu fièrement. Une lueur d’espoir pour ces jeunes oubliés, dont le petit Joanito, qui en profite pour nous jouer quelques notes au piano. Un talent à l’état brut. Le sourire timide, Joanito suivra bientôt une formation en informatique, emboîtant le pas à un de ses camarades Anoël qui a été recruté dans une entreprise spécialisée en aluminium comme stagiaire et “qui a un comportement exemplaire.” Une réussite pour les bénévoles du centre.
En début d’année, les jeunes ont reçu la visite de 6 stagiaires étrangères d’Allemagne, d’Espagne, du Japon et du Kenya. Pendant six semaines, le centre d’épanouissement a retenti de mots en anglais, en espagnol, “nos jeunes s’amusaient à dire quelques mots en anglais pour communiquer avec les stagiaires. C’était incroyable ! Le partage était exceptionnel”, confie Lorna. Les heures passent et les 16 jeunes, 8 filles et 8 garçons, continuent leur travail avec le sourire. La tête penchée sur leur cahier de dessin pour certains, et dans leur boîte à couture pour d’autres, les jeunes de Lakaz Zen sont sereins. “Nous avons besoin de personnes pour nous aider à aider ces enfants qui grandissent dans des conditions peu favorables”, conclut Miss Lorna qui lance ainsi un appel à tous ceux qui souhaiteraient leur venir en aide.