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Après avoir maintenu Vishnu Lutchmeenaraidoo comme un ministre avec portefeuille, mais sans dossier, Pravind Jugnauth aurait sans doute voulu en faire un député démissionnaire muet et l’avait envoyé se terrer dans une cave. Tout comme il l’avait fait en démissionnant, l’ex-ministre des Affaires étrangères a surpris avec un communiqué. Diffusé hier, il y déclare : « J’ai pris bonne note des propos de Sir Anerood, hier soir. Je parlerai en temps et lieu. » La veille, en effet, Sir Anerood avait profité de la célébration de son anniversaire pour égratigner Navin Ramgoolam et répondre à Vishnu Lutchmeenaraidoo sur les 3,9 % de taux de croissance national qui fait honte à l’ancien ministre des Finances. On ne sait pas encore en quel temps et en quel lieu Lutchmeenaraidoo parlera, mais si c’est à Rivière-du-Rempart, cela risque de compliquer la campagne pour la partielle que Pravind Jugnauth a promis d’organiser avant les prochaines générales. Et pour montrer son sérieux, il a dit aux journalistes de « marquer gardé » sa déclaration. Etait-ce un lapsus ou une indication que les koz-kozé mauve-orange ont commencé. En tout cas, il est étonnant que Pravind Jugnauth ait choisi une expression célèbre de son ex-grand frère qui l’avait, par la suite, qualifié de « petit crétin ». Il est d’ailleurs à noter que depuis quelque temps, l’ex-grand frère n’utilise plus d’adjectifs qualificatifs blessants à l’endroit du Premier ministre. Il a même trouvé moyen de critiquer la démission de Lutchmeenaraidoo du gouvernement. Est-ce un signe qu’on est en train de préparer une énième réunification de la famille militante concoctée avec la bénédiction de cette kwizinn, sans qui rien ne se fait à Maurice ?

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La publication du rapport annuel de l’Audit a, comme les précédents, provoqué un flot d’indignations et une pluie de commentaires. Il y a de quoi. Les services gouvernementaux dépensent les millions des contribuables pour des opérations mal préparées — ou pas préparées du tout — et continuent à faire ce qui leur avait été reproché l’an dernier. Au ministère de l’Éducation, on continue de distribuer des tablettes dans les écoles primaires. Des 2 760 distribuées 1 869 sont inutilisables. A la Santé — et malgré le scandale des pouvoirs délégués de la PSC qui avait permis de recruter des proches de ministres, de députés et de haut fonctionnaires — la même pratique perdure. A la police, on continue à enquêter sur la disparition de Rs 33 millions aux Northern Headquarters survenue en 2015. Dans le secteur financier, et en dépit des remarques du précédent rapport de l’Audit, le gouvernement continue à injecter l’argent du contribuable dans la MauBank. Un total de Rs 3,2 milliards a été injecté dans cette nouvelle banque dont le gouvernement est le principal actionnaire. Aux Salines les conditions de location des terres de l’Etat changent fréquemment, ce qui a permis à un locataire de voir le montant de sa location baisser de Rs 40 millions. Comme d’habitude, les dénonciations de l’Audit feront l’objet de promesses de remise en ordre faites, mais tout continuera comme avant. A Maurice on prêche la bonne gouvernance, mais on se garde bien de la pratiquer.

Ainsi les stratèges du Vatican ont choisi le Mozambique, Madagascar et Maurice pour la prochaine tournée africaine du pape François. Une manière de faire oublier les décisions incompréhensibles et certaines déclarations, qui ne le sont pas moins de ces dernières semaines, après la grande réunion des évêques pour débattre de la pédophilie dans l’Eglise ? A Maurice, le gouvernement va, sans nul doute, essayer de tirer un capital électoral de cette visite papale, d’autant plus qu’elle va intervenir — si Pravind Jugnauth garde la parole qu’il a dit à la presse de marquer — en pleine campagne électorale. On a eu une idée de l’utilisation que le gouvernement compte faire de cette visite papale avec la conférence l’annonçant. Au lieu de s’entourer protocolairement et diplomatiquement du ministre des Affaires étrangères, puisque le pape a rang de chef d’Etat, le Premier ministre a choisi deux ministres. Visiblement pour leur appartenance communale et religieuse. Il est certain que les habitants du Mozambique et de Madagascar seront heureux de voir le pape. Mais est-ce que les frais que ces deux pays vont encourir pour recevoir François 1er n’auraient pas été mieux utilisés pour venir en aide aux centaines de sinistrés de ces pays récemment victimes de cyclones dévastateurs ?

 

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