Les habitants de Résidence Coquillages, à La Tour Kœnig, ont dû être évacués mercredi matin après qu’un conteneur contenant de la soude caustique ait pris feu dans l’entrepôt de la Compagnie Mauricienne de Textile (CMT). Mandés sur les lieux, les pompiers de Coromandel et la police avaient aidé à déplacer les résidents loin de leur domicile pour éviter qu’ils soient affectés par les émanations acides, qui avaient envahi une partie de la localité. Le Mauricien a rencontré quelques habitants.
Nadia Délia, qui habite à quelques mètres de l’entrepôt de la CMT, raconte : « J’ai été réveillée par l’odeur nauséabonde et la fumée grise qui avaient envahi ma maison dans la soirée de mardi. Mes trois enfants, âgés de 4, 10 et 13 ans, commençaient à suffoquer. Mo ti bizin pran enn sifon mouye mo met devan zot labouss pou mo kapav evakie zot. Sel kitsoz ki mo sagrin, pa finn gagn letan sov mo lisien. Li finn mor landemin. »
Jean-François Didier Leboeuf, 62 ans, qui habite la même localité, est asthmatique depuis un certain temps. Il était 2h du matin lorsque des policiers de la localité sont venus frapper à sa porte pour lui demander de quitter au plus vite sa maison. « Zot dir mwa sorti, lafime pe rant partou dan lakaz. Letan mo zet enn kou dey deor, mo trouv bann ofisye arme. Mo tann fizi pe fer krak krak. Mo leker ti kapav arete. Kouma dir zot finn vinn aret enn gran residivis », déplore le sexagénaire.
Jennifer Charlot est venue habiter dans le coin il y a deux ans. Elle est très engagée dans le social et est considérée comme la « Mère Teresa » de la région pour ses bonnes actions. Elle a été désignée par des habitants pour être leur porte-parole auprès de la direction de la CMT. « Je suis allée voir la direction de la CMT pour connaître la source du problème. L’un des responsables m’a proposé un bac dans lequel il y avait toute une variété de produits alimentaires. Il m’a dit d’aller les distribuer aux familles affectées. Je lui ai fait comprendre que cela n’allait en aucun cas résoudre le problème. »
Elle a suggéré à la direction de trouver plutôt une solution pour qu’il n’y ait pas d’autre incendie. Jennifer souhaite que les autorités envoient une équipe médicale sur place pour effectuer des tests, plus particulièrement sur les enfants. « Jennifer a raison », soutiennent à haute voix une dizaine de mères de famille, visiblement inquiètes pour la santé de leurs enfants. Jeudi après-midi, aucun officier de la police scientifique ne s’était encore rendu sur place pour prélever des échantillons d’eau à des fins d’analyse, observent-elles.
Jean-François Leboeuf, qui écoute attentivement les doléances de plusieurs mères de famille, ajoute : « Mo ti kass enn karanbol lor enn pie pou mo manze dan lazourne zedi. Li gagn enn gou lacid. » Il demande aux habitants de la localité d’éviter de cueillir des fruits jusqu’à nouvel ordre. Ayant été déjà victime des odeurs nauséabondes émanant de l’entrepôt de l’usine de la CMT dans le passé, Fabiola Perrine, mère de famille, est d’avis que les autorités ne peuvent rester indifférentes face à cette situation. « Kan ena inondasyon dan lezot landrwa, Premye minis, minist ek depute zot galope, zot ale. Isi zot pran letan pou trouv solisyon ek direksyon lizin CMT », dit-elle.
Alain Wong, le ministre de l’Intégration sociale et député de la circonscription No 1 (Port-Louis Ouest/GRNO), dit qu’il prend cette affaire « très au sérieux » et qu’il a demandé au ministère de l’Environnement de procéder à des tests de l’air pour assurer que tout est normal. Il compte s’assurer auprès de la CMT que de tels produits ne soient plus stockés dans ces lieux pour la sécurité des habitants de la région.