- Le handisportif mettra sa menace à exécution mercredi, si aucune solution n’est trouvée, à son problème
- Après avoir manqué deux compétitions à Dubaï, il ne pourra pas participer au GP de Suisse, le mois prochain, faute d’avoir été inscrit par sa fédération
Le handisportif non-voyant, Rosario Marianne, entamera une grève de la faim ce mercredi 24 avril sur le terrain de football d’Eau Coulée à Curepipe, si aucune solution n’est trouvée par les autorités concernées, par rapport à sa situation. Les raisons de ses griefs: il ne pourra pas participer à une deuxième compétition internationale, cette année, faute d’avoir été, cette fois, inscrit au Grand Prix de Suisse de mois prochain, par Visually Handicapped Persons Sports Federation (VHPSF). Il en est de même pour Anndora Asaun. Week-End a sollicité le secrétaire de cette fédération, Dominique Pancham, pour savoir de quoi il en retourne exactement, mais il s’est montré avare de commentaires.
Au début du mois de février dernier, Rosario Marianne prenait la décision de renoncer à une grève de la faim, après que la VHPSF ait finalement «accepté» de lui donner une licence locale. Une rencontre s’est même tenue dans le bureau du ministre de la Jeunesse et des Sports, Stephan Toussaint, entre les différentes parties concernées, afin que le handisportif puisse cette fois, bénéficier de sa licence internationale. Force est malheureusement de constater que la situation n’a pas vraiment évolué depuis.
Certes, Rosario Marianne a finalement obtenu sa licence internationale…deux mois après, mais son guide, Samuel Bousoula, attend, lui, toujours après avoir pourtant adressé une demande à la VHPSF le…7 mars. Idem pour le guide d’Anndora Asaun, nommément Loïc Bhugeerathee, dont la demande a été faite le 18 février dernier. Ce qui révolte, c’est que pratiquement à chacune des demandes, c’est la même réponse qui est adressée par Dominique Pancham: «We acknowledge receipt of your mail, the matter will be discussed in the next meeting of the fédération.» Cela a aussi été le cas, lors des demandes de licences internationales de début décembre 2018, obtenues finalement…quatre mois plus tard !
«Un dernier recours, pas un chantage»
Las d’attendre et surtout révolté d’être injustement privé d’une deuxième compétition internationale, Rosario Marianne a décidé de se diriger vers une grève de la faim, mercredi. «Trop c’est trop. Je suis un athlète de haut niveau et il est malheureux de constater toutes les difficultés rencontrées. J’estime être pénalisé. C’est la deuxième compétition internationale que je rate et je ne peux continuer à accepter une telle situation. Mon objectif est de décrocher une qualification aux Championnats du monde de novembre prochain, mais je n’y arrive pas, en raison de l’attitude de la fédération. Cette grève était le dernier recours et non un chantage, car je ne sais plus quoi faire pour pouvoir enfin courir à nouveau, en compétition internationale », explique-t-il amèrement.
Rosario Marianne dit avoir pris contact avec le ministère de la Jeunesse et des Sports pour lui informer de l’urgence de la situation. «Tant que je m’entraînais au sein de l’encadrement technique de la fédération, il n’y avait aucun problème. C’est après avoir opté pour un entraîneur personnel que tous les problèmes ont commencé à surgir. Je suis vraiment révolté qu’un athlète puisse avoir autant de problèmes, rien que pour avoir le droit de participer à une compétition. Ce n’est vraiment pas normal. Je suis dégoûté», fait-il ressortir. Il garde toute de même espoir de pouvoir participer, en juin prochain, au Grand Prix d’Italie.
Contacté pour savoir les raisons exactes derrière ce problème, Dominique Pancham s’est contenté de déclarer: «Le club (Ndlr: Magic Parasport) n’est pas affilié à la fédération. Ce sont les athlètes qui doivent s’inscrire. Je ne peux pas vous répondre. C’est aux athlètes que je dois répondre.» Week-End a voulu en savoir plus auprès du président du Mauritius Paralympics Committee (MPC), Krisley Appadoo. Selon lui, l’inscription des athlètes à une compétition internationale devrait se faire avec leurs guides et ce, même s’il dit être au courant de la démarche de Magic Parasport.
Le MPC attend le feu vert de la VHPSF !
En revanche, Krisley Appadoo a précisé attendre le feu vert de la VHPSF pour enclencher les procédures auprès de l’International Paralympic Committee, afin que les guides obtiennent leurs licences internationales. « J’attends une réponse de la fédération depuis un mois. Dès que la fédération nous donnera son feu vert, on fera le nécessaire pour que les guides obtiennent leurs licences internationales. La procédure est claire. Le club fait sa demande à la fédération et cette dernière la fait ensuite suivre au MPC», déclare Krisley Appadoo. Fait très important: le président du MPC est venu confirmer, si besoin est, qu’une demande a bien été faite par les guides, depuis plus d’un mois et depuis, la situation n’a pas évolué !
Pour notre part, nous dirons tout simplement à M. Pancham et à la VHPSF qu’ils sont libres d’adopter la position qu’ils désirent. Mais qu’ils sachent que tout dirigeant qui se respecte, œuvre d’abord et avant tout, pour le bien-être et dans l’intérêt de ses licenciés. On aurait ainsi voulu savoir pourquoi un athlète de haut niveau, susceptible de faire honneur à son pays dans une compétition internationale doit-il remuer ciel et terre pour faire valoir son droit légitime ? Est-ce normal de faire patienter un athlète, quitte à ce qu’il rate ensuite deux compétitions internationales au cours desquelles, il aspirait à réaliser les minima, pour les Championnats du monde ?
Désormais, la VHPSF a le devoir moral de venir expliquer – elle qui est subventionné par l’Etat – pourquoi Rosario Marianne et d’Anndora Asaun et le guide Samuel Bousoula se heurtent à autant de difficultés rien que pour pouvoir s’exprimer sur une piste d’athlétisme ? Pourquoi maintenant et pas avant fin 2017, alors que ces derniers faisaient toujours partie de la VHPSF ? Le public a donc le droit de savoir pourquoi tout cet d’acharnement à l’égard de ces athlètes. À moins que pour certaines personnes, il est tout à fait normal de mener la vie dure à des athlètes qui souffrent déjà d’un handicap !
Quoiqu’il en soit, nous tenons à rassurer nos fidèles lecteurs que Week-End ne fléchira pas face aux intimidations. Nous avons le devoir d’informer et nous continuerons à le faire, quitte à déplaire à certains.