- Publicité -

Le Nine-Year Schooling sans leçons particulières : est-ce vraiment possible ?

J., une enseignante au secondaire

- Publicité -

« Assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie » (1) – objectif 4 du programme de développement durable des Nations Unies. C’est inspiré de cet objectif, que la nouvelle réforme éducative a été mise sur pied. Cela, afin d’assurer le développement holistique de tout enfant mauricien dans les écoles et mettre fin aux leçons particulières.  Il est donc étonnant de noter qu’après deux années d’implémentation du “Nine-Year Schooling”, ces cours de soutien ont, au contraire, pris de l’ampleur.

À l’encontre de la méthode traditionnelle utilisée dans les écoles depuis des lustres, le “Nine-Year Schooling” a pour but de rendre l’apprentissage plus intéressant et moins académique à travers la créativité, la réflexion et la recherche. L’enfant devenant ainsi plus autonome dans l’étude de nouveaux concepts, les leçons particulières ne devraient donc plus trouver leurs places dans ce système. Pourtant, en tant qu’éducatrice dans un établissement secondaire de renom, il m’a été donné de noter que les étudiants entrant en Grade 7 (Form 1) depuis 2018 sont au contraire plus dépendants de l’enseignant. Aucun effort n’est fourni par l’apprenant, qui préfère avoir recours à l’internet pour ses devoirs. Par conséquent, de grandes lacunes se font ressentir dans toutes les matières.

Les examens sont pris à la légère et pour la première fois, certains élèves se sont retrouvés à redoubler leur Grade 7. Il n’est certes pas à oublier qu’en Grade 9 ces étudiants auront à prendre part aux examens nationaux – examens qui détermineront s’ils continueront dans la filière académique (dans un collège ou une académie) ou iront vers la filière vocationnelle. La réalité mauricienne est telle que le parent préfère le prestige d’avoir son enfant dans une “Star school” devenue académie ou que l’enfant suive la filière classique comme les sciences ou la comptabilité dans son collège plutôt que d’avoir à suivre la filière vocationnelle. De plus, le “Nine-Year Schooling” s’arrête à la Grade 9, qui fait ensuite place aux traditionnels examens de Cambridge.

Au primaire, la situation est tout autre. En effet, le redoublement n’a pas sa place. Un “Support’ teacher”, pour l’aider dans son apprentissage grâce à une attention particulière, est octroyé à un enfant ayant des difficultés scolaires. Le hic : le “Support teacher” est disponible pour la Grade 1 et 2 uniquement, et seulement huit élèves par classe y ont droit. Malgré les évaluations écrites et orales prévues tout au long de l’année, afin d’aider l’éducateur à situer le niveau de l’enfant, le résultat obtenu importe peu aux yeux de ce dernier. En effet, l’élève se voit monter de grade en grade jusqu’à la PSAC avec ou sans effort fourni. L’on se demande donc si c’est là, la raison de cette désinvolture que l’on retrouve chez l’apprenant face aux examens de la Grade 7 au niveau secondaire.

Nous retrouvons même parmi les élèves de la Grade 7 “Extended Stream” plusieurs dans l’incapacité à écrire leurs noms. Et justement, parlons-en des admissions en Grade 7. Avec l’introduction des académies, plusieurs “Star schools” converties en académies n’acceptent plus d’élèves en Grade 7. Ainsi, c’est la ruée vers les “bons” collèges restants. De plus, les critères de sélection pour les “Main Stream” et “Extended Stream” sont flous. Avec cette situation tant au niveau primaire qu’au secondaire, l’ampleur qu’ont prise les leçons particulières n’est donc pas étonnante car, reconnaissons-le, tout parent ne souhaite que le meilleur pour son enfant.

Et si enfin nous prenions exemple de la Finlande – un des pays avec le meilleur système éducatif au monde – et que nous faisions de notre système éducatif une entité à part entière et indépendante de la politique ?  Ne serait-ce pas là le début d’un système stable, qui ne serait pas affecté par chaque changement de pouvoir au niveau politique ? Ne serait-ce pas là un début vers la fin des leçons particulières ?

Référence :

(1) Objectifs de développement durable (2015) Objectif 4 : Assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie. [WWW] Accessible sur: https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/education/

- Publicité -
EN CONTINU

les plus lus

l'édition du jour