Raj Khadaroo et Rajeshwar Soomarah font partie des dizaines de familles qui habitent un hameau à Solitude, Plaine-Magnien, soit au milieu des champs de cannes, à côté de la piste d’atterrissage dans la zone d’approche des avions. Ils s’estiment « oubliés du développement », malgré plusieurs manifestations qu’ils ont organisées dans le passé.
Devant le Parlement, entre le rond-point de l’aéroport et les locaux d’Airports of Mauritius Ltd (AML), à Plaisance, et devant le bureau de Vasant Bunwaree, ancien député de la circonscription, à Ébène, les habitants de Solitude, Plaine-Magnien, ont dénoncé plusieurs problèmes, dont leurs mauvaises conditions de vie et l’interdiction de construire en dur dans leur localité en raison de la proximité avec l’aéroport de Plaisance.
« AML ti promet pou reloz nou. Ziska ler, nou ankor pe atann. Mo bann gran paran ek plizir zenerasion finn viv isi. Mo finn marye isi. Mo ena kat zanfan ki pe al lekol. Nou lakaz tol pe grene lor nou. Nepli kone ki pou fer », confie Rajeshwar. Et ce malgré, dit-il, qu’il avait déjà remis tous les documents pertinents, attestant que sa famille avait habité dans cette zone depuis de nombreuses années. Des documents qu’il avait déposés, soutient-il, à AML en vue d’une éventuelle délocalisation.
Quelque temps après, poursuit Rajeshwar, la direction d’AML lui avait fait savoir qu’il devait soumettre un autre affidavit, cette fois avec plus de précisions. « J’avais déboursé environ Rs 6 000 pour le faire. Mo enn labourer, kot mo pou trouv larzan pou refer afidavi sak mwa ou sak semenn », se demande-t-il.
Raj Khadaroo est, lui aussi, très remonté contre les autorités, les députés de la circonscription No 12 et AML. Dans une lettre, qui lui avait été adressée en mai 2014, un haut cadre d’AML l’avait informé : « According to the Restriction Inset Pla of the SSR International Airport Area the site is located within an area earmarked as Zone 3 in the Noise Exposure category which states that no residential development permit should be permited. I regret to inform you that the council cannot grant Building and Land Use Permits for development within that zone. »
Raj Khadaroo explique que « nous sommes entièrement d’accord avec les responsables d’AML ». Il ajoute : « Rien n’a été fait jusqu’ici. Nou pe anvi ki zot dir nou ki nou bizin fer enn fwa pour tout. Nou sitiasion pe vinn plis konplike sak zour », explique Raj Khadaroo. Selon lui, l’eau courante est devenue « une denrée rare » dans ce coin oublié. « Nous devons nous fier au bon vouloir d’un camion-citerne pour qu’il nous fournisse en eau potable à des heures irrégulières. Nous sommes contraints à faire bouillir de l’eau pour notre consommation », dit-il.
Raj Khadaroo ajoute que « nos revendications pour obtenir un “bus shelter” et pour l’asphaltage de la seule voie d’accès sont restées vaines. » Il poursuit : « Kan lapli tonbe, nou gagn bokou difikilte pou kit lakaz. Nous sommes les oubliés du développement. Nous souffrons d’une injustice et vivons dans une angoisse permanente. »
Par ailleurs, Girish Appaya, directeur de communication d’AML, a laissé entendre que des négociations sont en cours avec les habitants qui détiennent un titre de propriété pour l’achat de leur terrain et pour ceux qui n’en ont pas. « Le ministre du Logement et des Terres trouvera un moyen et pour trouver une solution », soutient-il. Et Raj Khadaroo de répliquer : « Depi vint an pe trouv solision, ankor pe rode. Bizin aret anbet nou. » En attendant, dans ce coin isolé, le bruit des avions qui atterrissent et décollent reste le lot quotidien de ces dizaines de familles.