Les propositions des fédérations syndicales dans le cadre des consultations pre-budgétaires se résument à un allégement de l’impôt sur le revenu, à une augmentation des prestations sociales ainsi que de mesures fortes pour protéger les travailleurs, ainsi que l’environnement. Des initiatives pour encourager les parents à avoir plus d’enfants sont aussi souhaitées.
La National Trade Unions Confederation (NTUC) suggère que le seuil pour la taxe sur l’impôt soit entre 355 000 pour le contribuable sans enfant et Rs 500 000 pour les retraités ayant des enfants à leur charge. De même, la fédération souhaite que la déduction pour les enfants étudiant à Maurice passe à Rs 200 000, et à Rs 300 000 pour ceux étudiant à l’étranger. La NTUC souhaite également que la définition de « dependent » soit revue, enlevant la limite d’âge à 18 ans, car beaucoup de jeunes sont aujourd’hui sans emploi après leurs études.
Par ailleurs, la fédération propose l’introduction de la Right to Information Act afin de mettre fin aux « pratiques corruptives ». Elle souhaite également que la loi soit appliquée dans toute sa rigueur en rejetant les demandes d’exploitation commerciales dans les zones humides afin de maintenir un environnement sain.
La Confederation of General Trade Unions (CGTU) souhaite des mesures pour protéger l’environnement. Elle demande aussi au gouvernement de venir avec des mesures pour encourager les jeunes couples à avoir des enfants, et d’étendre le congé de maternité à cinq grossesses. La confédération suggère d’aligner la pension de vieillesse et d’invalidité sur le salaire minimum et de revoir l’application de la taxe à 15% pour les personnes touchant jusqu’à Rs 300 000 par an.
L’All Employees Federation (AEF) revient de l’avant avec sa demande pour trois “increments” aux fonctionnaires en attendant que le PRB travaille sur les distorsions causées par le salaire minimum et d’appliquer les réajustements nécessaires pour le secteur privé dans les plus brefs délais. Idem pour la publication du PRB en octobre 2019, au lieu de 2020. La fédération souhaite également que le taux applicable pour l’income tax soit sur une base graduelle, basé sur le salaire par an, soit de 5% à 15%.
La Fédération des travailleurs unis (FTU) se prononce en faveur d’une révision de la TVA. En revanche, elle souhaite l’introduction d’une “Wealth Tax”. Sur le plan de l’emploi. Elle suggère également un “levy” sur les Independant Power Producers utilisant le charbon. Elle considère également que la hausse de la Land Lease Tax est justifiée.
Sur le plan de l’emploi, la FTU souhaite que les postes vacants dans le secteur public soient remplis, surtout qu’il y a beaucoup de jeunes au chômage actuellement. Elle réclame également l’arrêt de la « delegation of powers » concernant le recrutement dans les corps parapublics. La mise sur pied d’un “strike fund” pour venir en aide à ceux qui perdent leur emploi est aussi souhaitée.
Par ailleurs, la FTU réclame un Remuneration Order pour les travailleurs des centres d’appel. Elle souhaite également que la National Human Rights Commission soit renforcée afin de pouvoir enquêter dans des cas de violation sur les lieux de travail. La fédération demande également à revoir la loi sur le certificat de bonne vie et mœurs afin que les anciens prisonniers puissent trouver du travail. Concernant les expatriés, la FTU souhaite la mise sur pied d’une Foreign Labour House.
Outre des propositions au chapitre de l’Income Tax, la CSG Solidarité mise sur des mesures pour encourager la production d’électricité à partir d’énergies renouvelables, l’introduction d’une “Currency Transaction Tax” et d’un indice pour le travail décent.
Par ailleurs, la fédération demande une révision du Gender Equality Bill afin de rétablir les droits des femmes en congé de maternité, concernant le “passage benefit” et le “vacation leave”. Pour pallier le manque d’infirmières qualifiées, la CSG Solidarité suggère que celles à la retraite soient recrutées sur une base contractuelle.
RÉACTIONS
Atma Shanto (FTU) :
« Ces consultations se tiennent dans un contexte préélectoral. Nous ne venons pas demander au Premier ministre de “fer labous dou”. Cependant, nous avons plaidé pour montrer la réalité du pays. D’où notre demande pour la révision de la TVA, qui fait souffrir beaucoup de personnes. Idem pour nos demandes concernant le travail décent. Beaucoup de recrutements, dans le public et le privé, se font aujourd’hui sur une base contractuelle. »
Reeaz Chuttoo (CTSP) :
« Le Premier ministre a été à l’écoute. Il paraît que le mouvement syndical lui fait confiance. Pour nous, ce qui compte le plus, ce sont les amendements aux lois du travail, l’introduction du PRDF et, surtout, l’élément “financement politique”. Si on veut combattre la corruption et le trafic d’influence, il faut régler ce problème. Aujourd’hui, pour financer le social, une entreprise doit puiser de ses profits. Mais d’où vient l’argent pour le financement politique ? »
Clency Bibi (CSG-Solidarité) :
« Nous avons demandé à maintenir la pension de vieillesse et à l’aligner sur le salaire minimum. De même, nous sommes d’avis qu’il ne faut pas taxer le 13e mois car les travailleurs s’en servent pour acheter les affaires scolaires de leurs enfants. Pour répondre au déficit budgétaire, nous disons qu’il faut augmenter la Corporate Tax. »
Rashid Imrith (AEF) :
« J’ai eu une longue discussion avec le Premier ministre, en présence de Ken Arian, concernant une politique d’apartheid dans l’aéroport à l’égard des passagers vers Rodrigues. Le Premier ministre a dit sa désapprobation de telles pratiques et a demandé à Ken Arian de prendre les mesures correctives. Nous avons également abordé les anomalies dans le paiement de l’income tax et le Premier ministre a, une nouvelle fois, promis de prendre les mesures nécessaires. »
Radakrishna Sadien (SEF) :
« Nous avons demandé à revoir le barème de l’income tax afin de soulager la classe moyenne. Nous sommes également pour une révision de la Public Service Commission Regulation, une réforme totale de la Disciplined Forces Commission et de la Local Government Services Commission. Il y a également des postes vacants dans le secteur public qu’il faut remplir. Nous sommes également en faveur d’un réajustement salarial dans le public et le privé, comme prévu par la loi. »