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Le Charles de Gaulle dans les eaux stratégiques de l’océan Indien

Croisant au large de la côte indienne de Goa, le porte-avions français Charles de Gaulle catapulte dans un fracas assourdissant des Rafale Marine dans le ciel brûlant de l’océan Indien, espace maritime stratégique objet de rivalités grandissantes.

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La France et l’Inde tiennent ce mois-ci leurs exercices militaires Varuna, dont c’est la 17e édition depuis 2001, au large du géant d’Asie du Sud. Les autorités françaises présentent cette nouvelle édition comme la plus ambitieuse à ce jour, avec douze bâtiments des deux marines engagés.

Le déploiement du Charles de Gaulle dans ce qui pourrait être l’un des prochains théâtres des grandes confrontations maritimes n’est pas anodin. L’unique porte-avions français ne représente pas qu’une capacité de projection militaire: ses déplacements ont aussi une symbolique politique.

« Nous pensons pouvoir apporter plus de stabilité dans une région qui est stratégique, qui comporte énormément d’enjeux et notamment pour le commerce international. 75% du trafic à destination de l’Europe traverse l’océan Indien », déclare à l’AFP le contre-amiral Olivier Lebas, commandant du groupe aéronaval de cette mission.

Sur la piste de 261 mètres de long, trois « pontées » d’avions de chasse se succèdent par jour. Après chaque décollage, la rampe de catapultage est fumante de vapeur.

Les 2.000 personnes à bord ne prêtent plus guère attention aux violentes secousses que la propulsion de chasseurs impulse au navire, perçues jusque dans les profondeurs de ses entrailles.

S’étendant de l’Asie du Sud à l’Antarctique, de l’Afrique à l’Australie, l’océan Indien prend un poids géostratégique grandissant à mesure que le XXIe siècle ramène le centre de gravité de l’économie mondiale vers l’Asie.

AFP

En raison de son exposition géographique, l’Inde a toujours joui d’une position prédominante dans ces mers. Mais cet avantage est aujourd’hui rogné par une présence chinoise de plus en plus affirmée, que ce soit à travers le déploiement de navires et sous-marins ou le développement d’un réseau commercial, d’infrastructures, mais également – dans une moindre mesure – militaire.

– Chine –

Or les enjeux de l’océan Indien vont bien au-delà du seul commerce maritime, indique le contre-amiral Didier Maleterre, commandant des forces françaises dans cette zone maritime, citant notamment des artères cruciales de câbles internet sous-marins au sud du Sri Lanka, les ressources halieutiques et la présence d’hydrocarbures.

Dans cette partie du monde, « la Chine n’est pas un pays agressif. Ce qu’on voit en mer de Chine méridionale, dans la poldérisation de certaines îles, dans les îles Spratleys ou Paracels, on ne le voit pas en océan Indien », note-t-il, recevant au carré amiral dans le ventre du bateau.

Avec les Nouvelles routes de la soie de la Chine de Xi Jinping, dont tout un pan maritime porte sur l’océan Indien, « c’est une stratégie qui se met en place et qui est avant tout économique, avec peut-être une certaine dualité », estime cet ex-sous-marinier.

En se projetant dix ou quinze ans dans le futur, « on a des scénarios sans doute pas du même ordre que la mer de Chine méridionale, mais évidemment des tensions sont prévisibles », explique-t-il.

La France a suscité l’ire de Pékin lorsque la marine chinoise a intercepté début avril un navire de guerre français dans le détroit de Taïwan, que la Chine considère comme son territoire. Paris a invoqué la « liberté de navigation ».

Le collaboration entre la France et l’Inde dans l’océan Indien « n’est certainement pas un partenariat qui est tourné contre tel ou tel pays de la région, ou contre telle ou telle puissance mondiale », assure Alexandre Ziegler, ambassadeur de France en Inde.

Au cours de cette première sortie depuis sa rénovation de mi-vie, qui l’a immobilisée un an et demi, le Charles de Gaulle a participé en mars aux opérations militaires contre le groupe jihadiste État islamique depuis la Méditerranée et ira ensuite jusqu’à Singapour, avant de rentrer en France début juillet.

– Film en plein air –

En l’absence de fenêtre dans la coque du navire de 42.000 tonnes, il serait impossible de distinguer le jour de la nuit si l’éclairage ne basculait à une lumière rouge à 19 heures jusqu’au lendemain matin.

L’espace est si optimisé que les installations sportives occupent une coursive au-dessus du hangar à avions et hélicoptères. Un plateau élévateur permet de monter les engins jusqu’au pont.

Commandant du groupe aérien embarqué et pilote d’avion de chasse, Christophe Charpentier, 43 ans, s’apprête à monter dans son Rafale pour un exercice nocturne, où il sera chargé du ravitaillement en vol.

Lorsqu’on pilote comme lui depuis vingt ans, « c’est une espèce de relation avec l’avion, vous êtes capable d’anticiper les choses avant même qu’il vous le dise, parce que vous ressentez des choses. C’est une sorte de relation un peu charnelle, cognitive », confie-t-il.

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