Une nouvelle route de la soie pour (re) connecter la Chine au monde entier. Tel est l’ambitieux projet du gouvernement chinois qui, depuis le lancement du projet La Ceinture et la Route il y a six ans, a pu générer avec les pays signataires un volume commercial total de plus de 6 000 milliards de dollars et des investissements représentant plus de 80 milliards de dollars américains.
Dans un élan de coopération, mais aussi de pure stratégie commerciale, la Chine tend la main à Maurice et l’invite à faire partie de cette initiative internationale qui fait des émules sur le plan géopolitique… La route de la soie, comme son nom l’indique, désigne l’ancien réseau de routes commerciales entre l’Asie et l’Europe où transitait un bien très précieux : la soie.
Des milliers d’années plus tard, la Chine, sous l’impulsion de l’actuel président Xi Jinping, la nouvelle route de la soie renaît et l’on compte 126 pays et 29 organisations internationales ayant déjà signé des accords de coopération avec le gouvernement chinois et les « 82 parcs de coopération établis à l’étranger par la Chine ont permis de créer presque 300 000 emplois », dit-on.
Depuis son lancement en 2013 par le président Xi Jinping, et la première conférence tenue à cet effet en mai 2017, la Chine s’est engagée dans une politique d’ouverture et de connectivité afin de réaménager des routes commerciales entre la Chine et les différents pays du monde. Lors de ce deuxième sommet international de La Ceinture et la Route organisé à Beijing du 25 au 27 avril, le président Xi Jinping a présidé la cérémonie d’ouverture et a rappelé les objectifs principaux de cette rencontre, soit « promouvoir l’interconnexion, apporter un nouveau souffle pour la croissance, renforcer l’adaptation des politiques, nouer des partenariats plus étroits » et « promouvoir un développement vert et durable et mettre en œuvre le programme des Nations Unies 2030 ».
Le forum a aussi accueilli pour la première fois la Conférence des entrepreneurs où plus de 800 représentants de pays, d’entreprises et d’associations commerciales « ont été invités à créer une plate-forme de coopération entre les milieux industriels et commerciaux de divers pays ». Le prochain sommet La Ceinture et la Route se tiendra dans deux ans.
« Maurice a plusieurs atouts dans l’aviation, la finance et le tourisme »`
La Chine est prête à tendre la main à Maurice. C’est ce qu’affirme Gong Yufeng, ambassadeur intérimaire de la République populaire de Chine. Dans le cadre du deuxième forum à Beijing sur la Belt & Silk Road, qui a eu lieu du 25 au 27 avril, à Beijing, Week-End a voulu en savoir plus.
l Vous avez participé le mois dernier au deuxième forum de La Ceinture et La Route. Une conférence mondiale qui a réuni plus de 5 000 invités étrangers provenant de 150 pays. Quel était le but de cette rencontre ?
— Le deuxième forum de La Ceinture et La Route axée cette année sur la coopération s’est tenu du 25 au 27 avril avec grand succès. Il avait pour thème « Shaping a brighter Shared Future » et comprenait une cérémonie d’ouverture et plusieurs tables rondes où ont participé 40 Leaders, dont 38 chefs d’Etat, notamment le secrétaire général des Nations unies, le directeur général du Fonds monétaire international et Yandraduth Googoolye, gouverneur de la Banque centrale de Maurice. Il y avait plus de 6 000 invités de pays étrangers provenant de 150 pays et de 92 organisations internationales ! Le forum de cette année dépasse largement le premier tenu en 2017, en matière de nombre de participants, mais aussi de résultats.
Par ailleurs, le président de la République populaire de Chine, Xi Jinping, a lui-même participé aux diverses tables rondes et a tenu plusieurs rencontres bilatérales avec les différents leaders des pays participants. Ces derniers ont ainsi discuté et échangé sur la coopération dans la cadre de La Ceinture et la Route et des opportunités qui en découlent. D’ailleurs, au terme des discussions lors des tables rondes, les participants ont trouvé un consensus qui a été voté unanimement et qui a été publié dans un communiqué commun par le gouvernement chinois. De tels résultats prouvent que La Ceinture et la Route attire davantage de gens et de partenaires qui croient en sa réussite. Avec une vision bien établie, des mécanismes et des mesures, la coopération de La Ceinture et la Route est partie pour durer.
l Quel est donc le rôle de Maurice dans cette initiative ?
— L’île Maurice se situe sur la Route maritime de la Soie du XXIe siècle, prolongement naturel de la Nouvelle Route de la Soie. Elle a un avantage géographique unique et offre un environnement favorable aux investissements et aux services financiers. L’initiative de La Ceinture et la Route permettra de canaliser de nombreux investissements vers Maurice. Le pays deviendra un « hub » pour les investisseurs chinois qui veulent aller en Afrique. De plus, le gouvernement mauricien essaie actuellement de développer son économie bleue, ainsi que son secteur de la sécurité et d’investir dans la technologie, autrement dit des secteurs qui correspondent parfaitement aux objectifs mis en avant par cette initiative.
l La Ceinture et la Route a pour principal objectif de connecter la Chine au reste du monde. Depuis l’annonce de ce projet d’investissement d’envergure, la Chine a-t-elle rencontré quelque obstacle ?
— A ce jour, la promotion de cette initiative s’est très bien passée. Déjà 127 pays et 29 organisations internationales ont signé des accords avec la Chine. Evidemment, la mise en place d’un tel projet est un long processus de développement et il ne s’est pas fait en une soirée. Il y aura donc inévitablement quelques obstacles, mais le gouvernement chinois reste ouvert aux propositions, ce qui est justement la base de toute coopération.
l La Chine et Maurice entretiennent depuis des années une très bonne relation, sur le plan culturel autant qu’économique. Parlez-nous des développements futurs entre nos deux pays.
— Selon moi, La Ceinture et la Route est une excellente opportunité pour consolider et rehausser la coopération sino-mauricienne. La Chine et Maurice pourraient développer davantage l’intégration de leur développement stratégique et exploiter pleinement les avantages géographiques de Maurice pour plus de relations bilatérales. Et d’ailleurs, nous savons que Maurice a plusieurs atouts dans les domaines de l’aviation, la finance et le tourisme. Ces secteurs pourraient devenir la base même de la coopération entre nos deux pays. Le gouvernement chinois espère pouvoir discuter et explorer de nouveaux projets de coopération avec Maurice dans le cadre de La Ceinture et la Route.
l Et quid du tourisme chinois ?
— C’est un fait. Le tourisme chinois est en déclin à Maurice depuis quelques années. Et nous ne comprenons pas pourquoi l’on a supprimé les vols sur Guangzhou. Nous pouvons néanmoins y remédier. Vous savez, les touristes chinois ont besoin de grand air, d’activités en pleine nature, et je pense que Maurice pourrait davantage se développer dans ces domaines-là. Il n’y en a pas suffisamment. Aussi, le touriste chinois qui voyage aime faire du shopping, il est prêt à dépenser. Peut-être que le nouveau centre à Jin Fei pourra répondre à la demande de certains de ces touristes-là. Aussi, Maurice devrait être plus présent auprès des tours opérateurs chinois pour mieux promouvoir la destination mauricienne encore très méconnue des Chinois. Le potentiel est pourtant là ! Il est donc important de déployer encore plus d’efforts pour ramener les touristes chinois vers les côtes mauriciennes.