C’est bien Fazila Daureeawoo qui, comme nous l’annoncions la semaine dernière, a été installée sur le front bench du gouvernement MSM/ML. L’annonce de Vishnu Lutchmeenaraidoo faite dans la confusion dans l’après-midi du dimanche 12 novembre, qui a provoqué de l’excitation sur certaines ondes, n’aura été qu’un feu de paille auquel peu d’observateurs ont accordé du crédit.
C’est donc bien une femme qui occupera pour la première fois la quatrième place dans la hiérarchie d’un gouvernement même si le titre de vice-Premier ministre, contrairement à celui très constitutionnel de Premier ministre adjoint, reste largement honorifique et n’est bon que pour étoffer une carte de visite lorsque les titulaires se rendent dans certains pays où les titres impressionnent encore.
Mais le côté positif de la nomination de Fazila Daureeawoo est que n’ayant pas particulièrement brillé là où elle est passée, de la Sécurité Sociale au ministère de l’Égalité des Genres pour finir aux Administrations Régionales – trois ministères en trois ans, ce qui n’est pas peu –, elle est quelqu’un qui a toujours préféré rester loin de la polémique. Avec elle, c’est plutôt la discussion que l’invective, l’argumentation plutôt que l’insulte et, à ce titre, elle représente un vrai contraste avec celui qui l’a précédé à ce siège, Showkutally Soodhun.
La soeur de la figure emblématique du MMM Ahmad Jeewa était jadis connue pour être une sympathisante des mauves jusqu’à ce qu’elle épouse Racheed Daureeawoo, qui, au fil des années, est devenu un proche de Pravind Jugnauth. Et, du coup, le couple a fonctionné en rotation jusqu’à ce que ce soit l’épouse qui s’installe définitivement.
C’est bien Racheed Daureeawoo qui se jette dans la bataille en 2000. Il démissionne de son poste de magistrat pour se porter candidat aux élections générales de 2000 sous la bannière de l’alliance MSM/MMM. Il est élu à Montagne Blanche/Grande-Rivière Sud-Est.
En 2005, la conscience de la représentation politique des femmes devenant aiguë, le MSM décide d’aligner l’épouse Daureeawoo aux côtés de Paul Bérenger et de Jayen Cuttaree à Stanley/Rose-Hill. L’élue de l’opposition est réputée pour bien s’entendre avec ses colistiers qui apprécient une collègue qui ne prête pas à controverse et qui, en plus, est une avouée très disponible pour aider les habitants du No 19.
Un coup c’est lui, un coup c’est elle
En 2010, lorsque le MSM contracte une alliance avec le PTr et le PMSD, probablement pas très partante pour cette aventure, la crypto-mauve, qui avait été élue dans ce qui était réputé un bastion des mauves, se déclare absente de la course.
C’est Racheed qui s’y colle une nouvelle fois mais il ne va ni au No 10 ni au No 19 mais au No 3. Il est sèchement battu et n’est même pas Best Loser, mais est nommé par son ami et leader ministre des Finances, Pravind Jugnauth à la présidence de la Mauritius Duty Free Paradise.
En 2014, nouveau come-back pour Fazila Daureeawoo au No 19 aux côtés d’Ivan Collendavelloo, leader du ML, et Ramalingum Maistry, du PMSD. Si la déferlante Lepep balaie tout sur son passage, elle épargne Paul Bérenger qui réussit à se glisser parmi les trois premiers pour récupérer le siège qu’il occupe depuis 23 ans.
C’est ainsi que l’élue du MSM devient ministre de la Sécurité Sociale en décembre 2014. Ça tombe bien, c’est elle qui doit appliquer l’augmentation de la pension à Rs 5,000, le cadeau électoral annoncé par l’équipe Lepep lors de la campagne électorale de 2014.
Pas de grand fracas, pas de réalisations notables non plus à la Sécu, juste une gestion non-hasardeuse d’un ministère exigeant qui s’occupe de tous les accidentés de la vie. Il est quand même question d’un coté pour revoir les conditions de paiement de la pension de retraite universelle. Pas de suite à ce comité, le sujet étant éminemment sensible.
Lorsqu’Aurore Perraud et le PMSD abandonnent l’Allians Lepep en décembre 2016, Fazila Daureeawoo hérite du ministère de l’Égalité des Genres. Là aussi, rien de fou face à l’urgence de la violence domestique si ce n’est une campagne annoncée juste avant qu’elle ne cède son portefeuille.
Et depuis jeudi dernier, suivant la démission forcée de Showkutally Sooddhun, Pravind Jugnauth lui a retiré l’Égalité des Genres – au profit de la très contestée Roubina Jadoo-Jaunboccus –, un ministère considéré comme “régalien” à la sauce mauricienne, pour lui confier le ministère des Administrations Régionales, que pilotait Mahen Jhugroo qui, lui, succède à Showkutally Soodhun aux Terres et au Logement.
C’est la première fois qu’un ministre des Administrations Régionales se retrouve sur le front bench. Si le lustre n’est certes pas au rendez vous, le champ des responsabilités est, lui, bien réel. Il va des municipalités aux conseils de district en passant par le service des pompes. Peut être en profitera-t-elle pour éteindre les feux qui couvent au sein du MSM Allez savoir!
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FAZILA DAUREEAWOO : Celle qui préfère rester loin de la polémique
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