L’Australie a adopté jeudi une législation controversée sur la cybersécurité, exigeant des géants technologiques, comme Facebook ou WhatsApp, qu’ils aident les services de sécurité à décrypter les communications de terroristes et criminels présumés.
Le projet a soulevé de vifs débats sur les questions de sécurité nationale et de protection de la vie privée.
La coalition conservatrice au pouvoir a invoqué la nécessité de permettre aux services de sécurité d’enquêter sur des crimes graves comme le terrorisme ou la pédophilie, citant le cas de trois hommes accusés de s’être servi de messageries cryptées pour projeter des attaques.
Des géants comme Google et Facebook accusent le texte de les rendre vulnérables aux pirates tandis que les défenseurs des libertés civiles dénoncent des menaces contre la vie privée.
Canberra pourra contraindre les entreprises du secteur à lever leurs protections technologiques, masquer les opérations secrètes des forces de police et aider ces dernières à accéder aux données des smartphones et aux messageries.
Les entreprises s’exposeraient à des amendes de plusieurs millions de dollars en cas de refus d’accéder aux demandes des enquêteurs, avait expliqué le gouvernement en août. Elles pourraient cependant contester en justice les requêtes des investigateurs.
Les autorités australiennes peuvent demander à ce que leurs requêtes demeurent secrètes.
Le Digital Industry Group Inc (DIGI), qui représente les grands acteurs du secteur comme Facebook, Twitter, Google ou Amazon, a fait valoir que la loi les contraindrait à créer des failles dans leurs systèmes qui pourraient être exploitées par des hackers.
Le gouvernement conservateur voulait voir la loi adoptée avant la fin de la session parlementaire cette semaine, en prévision de la période des fêtes de fin d’année. Il s’était rallié l’opposition travailliste en concluant un compromis prévoyant notamment une évaluation du texte dans 18 mois.
La nouvelle loi pourrait permettre à des services de renseignement de l’alliance dite « Five Eyes » (Australie, Nouvelle-Zélande, Grande-Bretagne, Etats-Unis, Canada) de contourner les obstacles liés à la législation de leurs pays pour accéder à des appareils et contenus cryptés, a obervé Monique Mann, chercheuse à l’Université de Technologies du Queensland.
© AFP