Au moins 47 morts et 90 blessés graves: le bilan encore provisoire de l’explosion d’une usine chimique dans l’est de la Chine est l’un des plus lourds de l’histoire du pays, régulièrement frappé par des catastrophes industrielles.
Un paysage apocalyptique, avec des bâtiments carbonisés et fortement endommagés ou totalement détruits, apparaissait sur les images de drones diffusées vendredi par la télévision d’État CCTV, au lendemain de l’explosion de l’usine située à environ 260 km au nord de Shanghai.
Il s’agit de l’une des explosions les plus meurtrières survenues ces dernières années en Chine. Au total, plus de 600 personnes reçoivent un traitement médical, selon les autorités locales.
Vendredi, les riverains de l’usine, encore sous le choc, s’affairaient à déblayer les débris devant chez eux, pendant que de la fumée était toujours visible.
« Nous savions que ça allait sauter un jour », se désole Xiang, une riveraine qui n’a pas souhaité donner son nom de famille.
La sexagénaire, qui était chez elle au moment de la catastrophe, a vu la porte d’entrée de sa maison d’un étage fortement endommagée par le souffle de l’explosion. Elle redoute à présent une contamination de l’eau.
Plusieurs cordons de police bloquaient la route principale menant au site, a constaté une équipe de l’AFP.
Les habitants de ce quartier de Yancheng, dans la province du Jiangsu, semblaient livrés à eux-mêmes face à l’étendue des dégâts. Certains étaient en pleurs.
D’autres ont dû précipitamment tout abandonner et passer la nuit à l’hôtel, tant leur habitation a été endommagée.
La déflagration s’est produite jeudi à 14H48 locales (06H48 GMT) dans l’entreprise Tianjiayi Chemical, qui produit notamment des engrais, forçant l’évacuation de plus de 3.000 habitants par crainte d’émanations toxiques. Le risque d’empoisonnement compliquait les opérations de secours.
Le président Xi Jinping, en visite d’État en Italie, a appelé les équipes de secours à faire « tous les efforts nécessaires » pour secourir les nombreux employés toujours bloqués sous les décombres, selon l’agence officielle Chine nouvelle.
– Murs fissurés, portes éventrées –
Fondée en 2007, Tianjiayi Chemical compte 195 salariés et fabrique des matières premières chimiques dont l’anisole, un composé hautement inflammable à l’odeur proche de l’anis.
Signe de la violence de l’explosion, des fenêtres d’habitations ont volé en éclats, des murs ont été fissurés et des portes de garage ont été éventrées dans un rayon de quatre kilomètres. Le Centre national de sismologie a fait état d’un tremblement de terre de magnitude 2,2 au moment de la catastrophe.
Les autorités ont indiqué vendredi avoir ouvert une enquête pour connaître les causes de l’explosion et procédé à des arrestations, sans en communiquer le nombre.
L’explosion a provoqué une énorme boule de feu de plusieurs dizaines de mètres de haut ainsi qu’une épaisse colonne de fumée grise, d’après des images relayées sur les réseaux sociaux.
Des explosions accidentelles surviennent régulièrement en Chine, généralement dans le secteur industriel.
En novembre, une fuite de gaz dans une usine chimique avait provoqué une explosion qui avait fait 23 morts à Zhangjiakou (nord), une ville-hôte prévue pour les JO d’hiver 2022, à environ 200 kilomètres au nord-ouest de Pékin.
Mais un des plus graves accidents industriels est celui survenu en 2015 à Tianjin (nord): une gigantesque explosion dans un entrepôt de produits chimiques avait fait au moins 165 morts dans cette grande ville portuaire, à quelque 120 kilomètres de Pékin.
Le site industriel incriminé stockait quelque 700 tonnes de cyanure de sodium hautement toxique, parmi des milliers de tonnes d’autres composants chimiques dangereux.
@afp