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Le pape aux Emirats pour montrer sa fraternité avec les musulmans

Premier souverain pontife de l’Histoire à fouler le sol de la péninsule arabique, le pape François participe lundi à une rencontre inter-religieuse internationale aux Emirats arabes unis, avant de célébrer mardi une messe géante totalement inédite pour la région.

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« Je suis ici comme un frère »: cette déclaration du pape est reprise par toute la presse émiratie. Le chef des 1,3 milliard de catholiques dans le monde a eu un entretien avec le prince héritier d’Abou Dhabi, Mohammed ben Zayed al-Nahyane, homme fort des Emirats, qui s’enorgueillit de la « coexistence pacifique » entre les religions dans son pays.

Le souverain pontife a certainement évoqué avec lui la situation au Yémen, pays pauvre de la péninsule arabique théâtre de la pire crise humanitaire au monde selon l’ONU en raison d’une guerre dévastatrice.

Avant d’arriver dimanche à Abou Dhabi, le pape avait pressé les protagonistes au Yémen de « favoriser de manière urgente le respect des accords établis » sous l’égide de l’ONU, surtout pour une trêve dans la ville portuaire de Hodeida, essentielle à l’acheminement de l’aide internationale.

La population yéménite paye un lourd tribut et « de très nombreux enfants souffrent de la faim », a-t-il rappelé.

Les Emirats sont critiqués par des ONG pour leur intervention militaire au Yémen depuis 2015, au côté du pouvoir en guerre contre les rebelles Houthis.

Durant sa visite à Abou Dhabi, le pape a assisté à une cérémonie militaire: des avions de chasse ont survolé le gigantesque palais présidentiel, lâchant dans les airs une fumée jaune et blanche, couleurs du drapeau du Vatican.

Il a remis à son hôte un médaillon encadré représentant la rencontre en 1219, en pleine croisade, entre Saint François d’Assise et le sultan Malek al-Kamel en Egypte, un jalon vieux de 800 ans du dialogue entre musulmans et catholiques.

– « Le message » –

L’Argentin Jorge Bergoglio a décidé de prendre le nom de François en raison notamment du goût de Saint François d’Assise pour la fraternité universelle et la pauvreté.

Le prince héritier a, lui, remis au pape l’acte notarié, en date de 1963, offrant une terre pour la construction de la première église des Emirats.

Les autorités émiraties répriment toute exploitation politique de la religion, en particulier par les islamistes de la mouvance des Frères musulmans.

En 2014, les Emirats avaient rejoint la coalition internationale antijihadistes en Syrie et, pour bien montrer leur « tolérance zéro » à l’égard de « l’extrémisme », avaient ensuite interdit 83 groupes qualifiés de « terroristes ».

Le pape a déjà sommé le monde musulman -dirigeants politiques, religieux et universitaires- de condamner sans ambiguïté le terrorisme, source d’islamophobie.

Après avoir déclaré 2019 « Année de la Tolérance », les Emirats soignent leur image et sont fiers de compter une population composée à plus de 85% d’expatriés de toutes les nationalités et toutes les religions. « Une terre qui cherche à être un modèle de cohabitation », selon le pape.

Mais les autorités de cet émirat du Golfe contrôlent les médias locaux, interdisent les partis politiques et emprisonnent les opposants, ont déploré Amnesty International et Human Rights Watch en demandant au pape de soulever la question des droits humains.

Lundi, le souverain pontife rencontrera le grand imam sunnite d’Al-Azhar, cheikh Ahmed al-Tayeb, à qui il avait rendu visite en Egypte en 2017, et qui a des mots très durs contre les jihadistes.

Le grand imam préside le « Conseil musulman des anciens », fondation créée à Abou Dhabi pour promouvoir la paix et qui est l’instigatrice de la rencontre interreligieuse internationale. Quelque 700 personnalités y participeront, dont des patriarches d’Eglises catholiques orientales et des rabbins.

Aux yeux du Vatican, « la réunion est le message » de ce 27e voyage du pape à l’étranger.

– Messe pour 135.000 fidèles –

Le dialogue interreligieux, tout particulièrement avec l’islam, est devenu un thème majeur des six premières années de sa papauté.

Au dernier jour de sa visite mardi, le pape célèbrera une messe dans un stade d’Abou Dhabi, « événement quasi inespéré » pour les fidèles catholiques, très majoritairement des travailleurs immigrés asiatiques des Philippines et d’Inde, décrit le Saint-Siège.

Quelque 135.000 billets ont été distribués pour l’intérieur du stade. L’extérieur aussi devrait déborder de fidèles, lesquels seront salués par François en « papamobile ».

Dans ce pays, la présence de lieux de culte chrétiens fréquentés par des étrangers est tolérée, à condition que ces derniers restent discrets et évitent le prosélytisme.

Environ un million de catholiques vivent aux Emirats, soit près de 10% de la population. Le pays compte le plus grand nombre d’églises catholiques de la région – huit.

Aucune célébration ne peut toutefois se faire publiquement. La messe du pape revêt donc un caractère exceptionnel.

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