Louis Christophe Ernest Lapeyre, 22 ans, qui a avoué avoir tué son père, le caporal Lindsay Lapeyre, mercredi chez lui à avenue des Rosiers à Flic-en-Flac, est retourné sur le lieu du crime vendredi pour une reconstitution des faits.
Le suspect donnera sa version des faits demain aux membres de la Major Crime Investigation Team (MCIT) en présence de Me Gaytree Dayal dont les services ont été retenus par sa mère. Rosalaine Lapeyre, veuve de la victime et mère du suspect, est dans une incompréhension totale depuis qu’elle a perdu son époux, alors que son fils est en détention. Malgré ce drame, elle se fait du souci pour son fils Ernest et que « si bizin pou pan enn avoka pou defane li, mo pou faire li. Li pou reste touzour mo zenfan. Mo pardon mo zenfan seki linn fer. Mo pena open lahaine contre li », a-t-elle déclaré à Week-End jeudi après-midi, alors qu’elle se trouvait à proximité de la morgue de l’hôpital de Candos pour attendre la fin de l’autopsie pratiquée par les médecins de la police, les Drs Sudesh Kumar Gungadin et Prem Chamane, qui ont attribué le décès à une stab wound of the heart.
Pendant son interrogatoire, jeudi, Ernest Lapeyre, qui a avoué sa dépendance à la drogue synthétique, a confié aux enquêteurs qu’il était chez lui fumant un joint quand son père l’a pris en flagrant délit. « Li finn koumans fan ar mwa. » Son père, l’ex-garde du corps de l’ex-commissaire de police, Raj Dayal, n’a pas apprécié le comportement de son fils et l’a même menacé de le dénoncer à la police. Une dispute a alors éclaté entre eux. Le policier s’est saisi d’une clé anglaise à sa portée pour se défendre et riposter. « Mo pas koné ki fin pass dan mo latet. Mo pran enn marto, monn tap lor so latet », a relaté le fils du caporal. Bien que le sang giclait du corps de son père, le fils lui a asséné deux coups de couteau au coeur pour s’assurer que son père était bien mort. Un tournevis a aussi été récupéré sur les lieux du drame. Son délit commis, il s’est engouffré dans la fourgonnette de son père pour se rendre dans la région de Grand-Bassin — pour tenter de se fabriquer un alibi — où il a percuté de plein fouet une porte d’entrée endommageant par la suite une statuette. Il a ensuite été arrêté par une patrouille policière. Des taches de sang sur ses vêtements ont mis la puce à l’oreille des policiers qui ont tenté de l’interroger.
Ernest Lapeyre a opposé une brutale résistance blessant trois policiers qui avaient essayé de le maîtriser.
Interrogé sur sa présence à cette heure tardive dans la région, il n’a pas pu convaincre les policiers. La Criminal Investigation Division (CID) de Vacoas l’a conduit à son domicile à Flic-en-Flac pour une perquisition. Et les membres de la division ont fait la découverte du cadavre du sexagénaire. Interrogé, il est passé aux aveux. C’est dans les locaux de la MCIT qu’il a raconté, jeudi, les circonstances de ce drame. Roselaine, l’épouse de la victime, a appris la triste nouvelle en rentrant chez elle après ses heures de travail. Elle a raconté à Week-End que le suspect devait se rendre en Australie dans quelques mois pour étudier l’art de la mosaïque : « Comme mon époux et moi devions nous rendre en Australie pour assister à l’accouchement de notre fille, nous lui avions promis que nous allions entreprendre des démarches pour lui trouver une place dans une université australienne. Il était heureux lorsque nous lui avions annoncé la nouvelle. Ernest ek so papa ti pe sorti ensam pou allé guette football dans un snack-bar à Flic-en-Flac. Zot ti al mangé restaurant ensam tous les deux.
Ils entretenaient de bonnes relations », a-t-elle raconté. « Zamais mo ti croire ki mo garçon ti pou capav faire ene bêtise pareille. »
Le caporal Lindsay Lapeyre compte plus de quarante ans au sein de la force policière. « Il aimait beaucoup sa famille et ses amis, et parmi lesquels Raj Dayal, l’ancien commissaire de police, avec qui il avait travaillé pendant de longues années », dit l’épouse de la victime, dont le coeur est déchiré entre la mort de son époux et l’arrestation de son fils qui pourrait se retrouver derrière les barreaux pendant de longues années.