Il y a certaines choses qui ne se disent pas. Les femmes sont ainsi nombreuses à assurer ne pas ronfler. Mais les ronfleurs ne sont pas que masculins! Selon une récente étude israélienne réalisée sur près de 2000 adultes souffrant de troubles du sommeil, les femmes ronfleraient autant et aussi fort que les hommes. Elles n’oseraient simplement pas l’avouer. Un non-dit qui peut leur porter préjudice, car le ronflement n’est pas toujours anodin, pouvant être un signe d’apnée du sommeil.
Publiée en mars 2019, dans le Journal of Clinical Sleep Medicine, cette étude, conduite par Nimrod Maimon, pneumologue à l’université Ben Gourion du Néguev (Israël), s’est intéressée aux ronflements de 1 913 hommes et femmes âgés en moyenne de 49 ans. Ces derniers ont été invités à remplir un questionnaire évaluant leurs ronflements, pour ensuite être observés durant la nuit. Les résultats ont montré qu’hommes et femmes étaient égaux face au phénomène : tous ronflaient autant, à une intensité de 50 décibels de moyenne. Soit un peu moins qu’un sèche-cheveux. Cependant, à la question “pensez-vous que vous ronflez ?”, les participantes ont plus souvent répondu par la négative que leurs homologues masculins.
Sur les 28 % de femmes qui ont affirmé ne pas ronfler, environ la moitié se trompait. Les hommes eux, ont tendance à surestimer leurs ronflements. 93,1% des participants de la gent masculine assuraient ronfler, alors qu’ils n’étaient en réalité que 92,6% à le faire.
Si ces résultats prêtent à sourire et vont permettre à certains de chambrer leur partenaire, ils nous permettent surtout de prendre conscience des conséquences des ronflements.
En général, il n’est pas grave de ronfler, sauf pour les oreilles de son ou sa partenaire. Ce phénomène est d’ailleurs physiologique: les ronflements occasionnels sont dus au relâchement normal des muscles pendant la nuit. Néanmoins, quand il s’agit d’un ronflement fort et fréquent, il peut s’agir d’un signe d’un syndrome potentiellement dangereux pour la santé: l’apnée du sommeil.
Ce syndrome se manifeste par des interruptions répétées de la respiration de plusieurs dizaines de secondes durant le sommeil. On parle d’apnée du sommeil lorsque plus de cinq arrêts respiratoires de plus de 10 secondes se manifestent par heure de sommeil. En pratique, il est provoqué par un relâchement des muscles des parois de l’appareil respiratoire en position horizontale, qui entraîne en général un ronflement et entrave le passage de l’air.
Parce qu’il provoque des “microréveils” — mécanisme réflexe et inconscient qui permet de rétablir une respiration normale en rouvrant les voies aériennes —, ce syndrome diminue drastiquement la qualité du sommeil. Mais ce n’est pas tout.
En perturbant la respiration, il impacte le cœur et peut, à terme, augmenter le risque d’arrêt cardiaque et d’accident vasculaire cérébral. L’apnée du sommeil peut en outre provoquer des somnolences diurnes, troubles de la mémoire, de l’humeur et de la concentration, risque accru de troubles cardiaques, de diabète, d’hypertension artérielle, d’obésité, voire accélération des manifestations de la maladie d’Alzheimer. Ne pas savoir que l’on ronfle en dormant, ou refuser de l’accepter est donc problématique.
Selon les chercheurs israéliens, étant donné que les femmes n’ont pas toutes conscience de leurs ronflements, elles auraient tendance à moins consulter pour le symptôme d’apnée du sommeil, qui se soigne.
Une femme sur quatre concernée
Jusqu’à récemment, ce syndrome était plutôt vu comme masculin. Pourtant, d’après des estimations, une femme sur quatre serait concernée. Mais les chercheurs israéliens soulèvent l’idée que, comme les femmes sous-déclarent leurs ronflements, elles sont moins susceptibles de consulter pour ce symptôme. Elles ne seraient pas moins touchées, mais sous-diagnostiquées, et donc non prises en charge. Et pourtant, ce trouble n’est pas inéluctable. Des traitements existent !
Les auteurs de l’étude rappellent néanmoins que le diagnostic de l’apnée du sommeil doit se baser sur d’autres symptômes que le ronflement. Une fatigue accrue durant la journée, des difficultés de concentrations ou une baisse de libido doivent par exemple alerter. Le fait que les femmes répondent ronfler moins souvent et de façon moins intense aux questions qui leur sont posées peut mener à un sous-diagnostic de l’apnée du sommeil. Finalement, peut-être vaut-il mieux assumer.