Le dîner annuel de la Banque de Maurice ( BoM) a réuni les principaux acteurs économiques du pays, vendredi soir, au Hilton Mauritius Resorts and Spa, à Flic en Flac. Dans son traditionnel discours, le Gouverneur de la BoM, Yandraduth Googoolye, a fait le bilan de l’année 2018 qui aura été, selon lui, riche en évènements puisqu’elle a coïncidé en partie avec les célébrations de 50e anniversaire du pays. Il a évoqué la mise en œuvre d’une série de mesures de surveillance et de réglementation qui rendra le secteur bancaire mauricien plus résilient dans un cadre international incertain Il a entre autres fait un appel aux CEO des banques pour s’assurer qu’ils prennent de leur côté toutes les précautions pour ne pas entacher la réputation du centre financier mauricien.
Selon le gouverneur, une série d’événements ont créé des perspectives moins fiables pour la croissance mondiale en 2019. Dans ce contexte incertain, la situation économique et financière intérieure est restée, malgré tout, globalement stable et louable, selon lui. Mais il concède de réelles préoccupations comme les tendances récentes de l’investissement privé et des exportations, qui devront être résolus pour soutenir la croissance et la création d’emplois.
D’après le N°1 de la banque centrale, il faut un système bancaire plus résilient pour mieux absorber l’impact des récessions futures, avec des positions de financement plus durables et une plus grande capacité à tolérer une dégradation de l’environnement du crédit. Il dit compter sur la collaboration de tous les partenaires de la BoM, y compris les cabinets comptables, pour mener à bien ce projet en fournissant les données nécessaires à cet exercice. Il a dans ce contexte, souligné le rôle critique des systèmes de paiement pour l’économie d’un pays. Il a précisé qu’en tant que gardien de la stabilité du système financier, il est impératif que la Banque veille à ce que le système de paiement fonctionne efficacement. Il a ainsi salué l’approbation du projet de loi sur les systèmes de paiement nationaux au Parlement, mercredi dernier,.
Des collaborations tous azimuts
Parmi les principales priorités de la BoM, Yandranuth Googgolye, cite le combat contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Il a cité dans ce contexte les avantages de la synergie existante entre les deux régulateurs que sont la BoM et la FSC.. Il a cité comme collaboration effective, le registre centralisé d’E-KYC et a annoncé à partir de l’année prochaine, un programme d’échange de personnel pour une surveillance efficace du système financier. Il a aussi évoqué pour bientôt un mémorandum de coopération avec la Police sur les questions de blanchiment d’argent et de contrefaçon.
Il a, par ailleurs, expliqué que des lois ont été modifiées et des règlements adoptés pour se conformer aux recommandations de l’ESAAMLG, qui avait récemment stigmatisé les faiblesses de Maurice dans son rapport d’évaluation mutuelle. Il a confirmé la mise en place d’une unité dédiée à la supervision du blanchiment et du financement du terrorisme au sein de la Banque et mis en relief la coopération avec le FSC, la FIU, le MRA, l’ICAC et bientôt avec la police dans ce combat. Il a dans ce cadre exhorté les responsables de banques à s’assurer que toutes les précautions sont prises pour maintenir à son plus haut niveau la réputation du centre financier mauricien.
Il avait d’emblée souligné la bonne coopération de longue date qui s’est poursuivie entre la BoM et les acteurs économiques du pays en insistant sur « les liens d’amitié, de confiance et de respect mutuel » qui se sont forgés au fil des ans. Il a ensuite tenu à assurer à l’assistance que son conseil d’administration respecte scrupuleusement loi relative à la Banque de Maurice et que l’institution financière fonctionne de façon indépendante selon les dispositions de l’article 12. Il a ensuite salué l’impartialité et l’indépendance d’esprit des membres du Monetary Policy Committee lors de leurs évaluations et décisions relatives au taux d’intérêt « Les procès-verbaux du MPC sont si transparents qu’ils reflètent le modèle de vote de chaque membre » a-t-il ajouté. Il a conclu ce volet en rappelant qu’un des rôles essentiels de la Banque Centrale est la gestion des réserves du Foreign Exchange, qui est un outil macroéconomique et un indicateur clé de la vigueur de l’économie du pays.
Le gouverneur a aussi parlé de l’importance des billets de Banque comme un symbole de l’identité d’un pays. Il a rappelé le combat incessant mené par son institution pour remédier aux problèmes de contrefaçon par l’intensification de la campagne médiatique sur les fonctions de sécurité des billets et la sensibilisation du public pour la détection des faux billets. A cet effet, des spécialistes de De La Rue, société basée au Royaume-Uni, ont animé un séminaire sur la «détection de contrefaçon» pour les stakeshiolders de la banque centrale. Une expérience qui sera renouvelé à l’occasion des prochaines fêtes, pour les associations de consommateurs, les points de vente et les commerçants.
« The importance of savings »
« The importance of savings is essential for both economic development and upholding macro-financial stability» a déclaré le gouverneur de la Banque Centrale qui a aussi fait un appel aux banques pour à proposer de nouveaux systèmes de dépôt attractifs pour renforcer la culture de l’épargne. Il a expliqué avoir aussi demandé aux Banques commerciales d’augmenter leur taux d’intérêt pour que les épargnants puissent bénéficier d’un rendement plus élevé. A cet effet, des relations on été noués avec des banques en vue d’ouvrir au public l’accès à ces instruments pour la négociation sur le marché secondaire. Il s’est félicité que la Banque ait amélioré l’efficacité opérationnelle de sa politique monétaire, depuis le début de l’année, en intégrant les taux du marché monétaire à court terme dans le corridor du taux de référence. En ce faisant, Les excès de liquidités qui ont entravé la transmission de la politique monétaire et ont suscité des préoccupations au cours des divers trimestres ont été réglés, selon lui.
Il a par ailleurs rappelé que la banque a introduit une norme de liquidité à partir de novembre 2017, qui correspond au ratio de couverture de liquidité (LCR) qui a été mis en place pour promouvoir la résilience à court terme des banques afin de s’assurer qu’elles disposent de suffisamment d’actifs liquides de haute qualité pour survivre à un scénario de stress important de 30 jours civils. Il a estimé qu’actuellement le véritable excédent de liquidités en roupies dans le système avoisinerait 2 milliards de roupies, ce qui a qualifié de « plus ou moins gérable », avant d’annoncer une diminution probable des réserves excédentaires en roupies dans les prochaines semaines. Il a également expliqué que BoM savait récemment concentrée ses efforts sur le rendement des obligations à 91 jours comme cible opérationnelle à court terme et qu’elle avait réussi à gérer les liquidités depuis mars 2018, à un niveau conforme à sa politique monétaire.
Le gouverneur a rappelé qu’il était impératif que les acteurs économiques et la population comprennent mieux l’action de la banque centrale et son impact sur le futur de l’économie en insistant sur les dangers pour une telle institution d’être opaque et irresponsable. C’est la raison pour laquelle, la BoM et ses auditeurs externes sont en train de voir comment rendre plus transparents la publication de ses comptes. Dans le même ordre d’idée la banque centrale a communiqué avec les parties prenantes de la société civile par le biais du programme d’alphabétisation financière de la BoM. Enfin les rencontres avec associations professionnelles de différents secteurs de l’économie se poursuivent car Il est important pour la BoM de savoir ce que les professionnels pensent de la Banque et de ses politiques.
Yandranuth Googoolye dit enfin souhaiter une relation plus franche entre la Banque et les médias pour qu’elle puisse accomplir sa mission. Tout en reconnaissant l’indépendance des médias et son droit de critique, il a tenu à rappeler que tout ce qui est rapporté dans la presse locale a une répercussion internationale qui pourrait affecter la crédibilité et l’image du secteur financier mauricien.