Contre-interrogé hier, le Néerlandais Antonius Theodorus Wilhelmus Johannes de Goede dit avoir été témoin de la mésaventure de son collègue, Jan Cornelius Haak, qui avait été forcé de prolonger son séjour sur le territoire mauricien après sa comparution au tribunal de Port-Louis en 2013. De ce fait, le témoin ne souhaite pas se déplacer à Maurice de peur de subir le même traitement.
Le procès pour pot-de-vin dans l’affaire Boskalis a repris hier en Cour intermédiaire. Celui-ci est intenté à Siddick Chady, ex-Chairman de la Mauritius Ports Authority (MPA), et à Prakash Maunthrooa, ancien directeur général de la MPA et actuellement Senior Advisor au Prime Minister’s Office. Hier a eu lieu le témoignage via visioconférence du Néerlandais Antonius Theodorus Wilhelmus Johannes de Goede, Senior Entreprise Architect de Boskalis. Une séance marquée par des interruptions en raison d’un problème de connexion d’internet avec le tribunal de Rotterdam.
Le procès aurait dû débuter à midi, selon les arrangements avec le tribunal de Rotterdam. Toutefois, suite à des difficultés de connexion, le contre-interrogatoire de De Goede n’a débuté que vers 13 heures. Me Said Toorbuth, homme de loi de Siddick Chady, a en premier lieu questionné le cadre de la firme Boskalis sur les raisons pour lesquelles il n’a pas voulu venir témoigner à Maurice dans ce procès.
Me Toorbuth : Pourquoi avez-vous refusé de venir témoigner à Maurice pour ce procès ?
De Goede : Je suis déjà venu à Maurice.
Me Toorbuth : Vous êtes venu le 2 juin 2013 et êtes reparti le 8 juin 2013.
De Goede : C’est exact.
Me Toorbuth : Dans votre “disembarcation card”, vous n’avez pas mentionné que vous étiez venu à Maurice pour fournir des preuves dans un procès.
De Goede : C’est exact.
Me Toorbuth : Vous avez dit être venu pour affaires. De quelle affaire parlez-vous ?
De Goede : Je suis venu pour donner un témoignage comme témoin pour la firme Boskalis.
Me Toorbuth : Mais aviez-vous donné votre “statement” à Maurice ?
De Goede : Non.
Me Toorbuth : Avec qui étiez-vous venu ?
De Goede : Avec mon collègue Jan Cornelius Haak et deux avocats.
Me Toorbuth : Pourquoi n’êtes-vous pas retourné à Maurice pour donner votre “statement” après le 8 juin ?
De Goede : Jan Cornelius Haak avait été forcé de rester à Maurice plus longtemps que prévu.
Me Toorbuth : Mais on ne vous a pas empêché de quitter le territoire.
De Goede : Non.
Me Toorbuth : Qui vous a dit de venir témoigner dans ce procès aujourd’hui ?
De Goede : J’ai été appelé par le tribunal de Rotterdam, après avoir reçu un “summons” de par mon avocat.
Me Toorbuth : Vous n’avez pas expliqué pourquoi vous ne voulez pas revenir à Maurice…
De Goede : Je ne me sentirais pas en sécurité si je devais revenir à Maurice.
Me Toorbuth : Pourquoi ne vous sentiriez-vous pas en sécurité ?
De Goede : Après ce qui s’est produit avec Jan Haak… Il n’avait pas été autorisé à quitter le pays quand il le voulait.
Me Toorbuth : Que lui était-il arrivé ?
De Goede : Il avait été interpellé à l’aéroport et on l’avait empêché de quitter le pays.
Me Toorbuth : Avez-vous été forcé de donner un témoignage, ou le faites-vous de votre bon vouloir ?
De Goede : Parce que j’ai été “summoned” par la cour de Rotterdam pour témoigner, sous les instructions de mon avocat.
Antonius De Goede a par la suite été questionné sur les courriels qu’il devait retirer du système informatique de la firme Boskalis pour les besoins de l’enquête, et sur son séjour de quatre jours à Genève, en Suisse, où il avait été interrogé par un enquêteur de la police mauricienne. Le témoin a expliqué qu’il s’y était rendu avec des avocats, qui représentent la firme Boskalis, afin de remettre lesdits documents à la police mauricienne.
Les problèmes de connexion intempestifs ont fait réagir Me Siddartha Hawaldar, avocat de Prakash Maunthrooa. Il s’est basé sur l’article 2(e) de la Constitution pour soutenir, selon les dispositions de la loi, comment un témoignage virtuel devait être entendu. La magistrate a toutefois rappelé à la défense qu’elle s’est déjà prononcée sur ce point de droit.
Le contre-interrogatoire s’est poursuivi. Me Nadeem Aullybocus, autre homme de loi de Prakash Maunthrooa, est revenu sur une perquisition des locaux de Boskalis en 2009, ainsi qu’au domicile de hauts cadres de la firme, à savoir Angela Kok et Pieter Boer.
L’avocat de De Goede, Me Lars Mollar, a interrompu la séance à 16 heures, rappelant qu’il était convenu que le contre-interrogatoire dure quatre heures. Les avocats de la défense n’ont pas caché leur agacement, n’ayant pu compléter l’exercice. Me Rashid Ahmine, Deputy DPP, a indiqué que le bureau du DPP fera le nécessaire pour trouver une nouvelle date pour la reprise du contre-interrogatoire de De Goede, ou commencer celui du témoin Jan Cornelius Haak. Le procès a été ajourné au 17 octobre.
Prakash Maunthrooa est accusé de complicité dans cette affaire. Il lui est reproché d’avoir organisé une rencontre entre Siddick Chady et un représentant de la firme hollandaise, Pieter Boer, pour l’obtention d’un contrat par la compagnie, entre le 1er août 2006 et le 12 avril 2007, pour le dragage du Canal Anglais dans le port. Siddick Chady est, quant à lui, accusé d’avoir perçu des pots-de-vin à hauteur de Rs 3 M de la firme hollandaise Boskalis International B.V., après que celle-ci a obtenu le contrat en 2006.
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AFFAIRE BOSKALIS — VISIOCONFÉRENCE : De Goede craindrait pour sa sécurité s’il venait témoigner à Maurice
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