- Publicité -

De l’indiscipline à la désinvolture

« Auparavant, la discipline et la formation étaient différentes ». « Maintenant, tout a

- Publicité -
Diplal Maroam

changé, tout a été chamboulé. Et surtout, n’importe qui devient policier de nos jours ». « Aujourd’hui, quelqu’un qui porte l’uniforme de la police, continue à garder ses mauvaises habitudes antérieures. Même s’il porte l’uniforme, au fond de lui, il n’est pas un policier. Ce n’est pas par vocation ni pour faire respecter la loi. Pour beaucoup, la meilleure façon de trouver un travail, c’est d’intégrer la force policière ». « On ne veut pas prendre des décisions. Alors que certains ont des connexions, d’autres pourraient être transférés ou ne pas avoir de promotion ». Etc. Non, ce n’est pas le citoyen lambda qui s’exprime sur les ondes d’une radio privée, comme on serait tenté de le croire, mais bien un ex-haut-gradé de la police ayant à son actif 42 ans de service et qui dit ses 4 vérités sur l’institution lors d’une interview accordée à un hebdomadaire du 14 avril dernier. Or, à l’instar de toutes les critiques constructives sur la force de l’ordre, les points de vue de Ranjit Jokhoo, qui a travaillé dans presque tous les départements, tomberaient finalement dans les oreilles d’un sourd, mais le fait de les avoir dits tout haut mérite amplement d’être souligné.

Il est évident aujourd’hui que si le système de law and order dans le pays se trouve dans la situation que l’on connaît, c’est, dans une grande mesure, dû à un manque aigu de volonté de la part des responsables concernés de sortir des sentiers battus, de prendre le taureau par les cornes. Ce qui a suscité une stagnation épouvantable de l’institution au fil des ans. Et ce n’est certainement pas le recrutement, de temps à autre, de nouveaux effectifs, qui finiraient par rentrer dans les rangs des anciens, qui changerait cet état des choses. Car le problème est bien plus profond, touchant, en effet, la conscience professionnelle même au sein de l’institution. En guise d’exemple, qu’est-ce qui a réellement changé depuis la présentation en juin 2011 du National Policing Strategic Framework qui avait pour objectif « d’introduire un nouveau style de gestion, une nouvelle culture et une approche plus professionnelle » dans le système du maintien de l’ordre et la paix publique ?

Mais il n’y a pas que la force de l’ordre ; presque toutes les institutions du pays sont aujourd’hui parasitées par ce même sentiment de désinvolture qui freine considérablement le progrès et le développement. Dans le domaine de la santé, d’année en année, le rapport de l’Audit met en exergue de graves manquements dans les services offerts à la population sans que des mesures correctives adéquates ne soient prises pour rectifier le tir. Le rapport 2016/17 indique une absence de réglementation appropriée concernant les 460 centres médicaux du privé offrant des soins divers et variés. Nombreux de ces centres ne sont, non seulement, pas agréés par les autorités mais ils ne font l’objet d’aucune inspection régulière pouvant certifier la qualité de ces soins. Et en ce qui concerne les 66 laboratoires privés du pays, le rapport souligne que la supervision est quasi-inexistante. Idem pour de nombreux cabinets dentaires, nursing homes, spas, centres de yoga, studios de tatouage, de piercing, etc. L’Enforcement Unit prévue à cet effet, n’arrivant pas à exercer son rôle de façon satisfaisante en raison d’un flou au niveau juridique mais aussi d’un manque de personnel. L’Audit note également que le seul Linear Accelerator (LINAC), appareil utilisé dans le traitement contre le cancer dans l’unité de radiothérapie de l’hôpital de Candos, ne fonctionne plus depuis mai 2017. Plusieurs zones d’ombre sont aussi notées dans la gestion des stocks de médicaments. Par ailleurs, vu que la perte des dossiers à l’hôpital est, paraît-il, devenue la norme, l’on se demande ce qui entrave le projet, maintes fois annoncé, de l’informatisation complète du département d’enregistrement et du suivi des patients.

Dans d’autres secteurs vitaux de l’économie également, la situation n’est guère reluisante. Dans l’éducation, les dépenses liées aux 153 000 manuels, devenus obsolètes avec l’entrée en vigueur du NYS, ont entraîné une perte de Rs 7,2 millions ; au niveau de la sécurité sociale, Rs 92 millions ont été payées aux personnes décédées ; le projet Heritage City n’a jamais vu le jour mais a englouti Rs 47 millions ; dans les procédés pour l’octroi de contrats publics ; dans le paiement des dettes à l’État par des organismes para-publics et par les bénéficiaires du Business Growth Scheme, comme annoncé par le ministre Bholah au Parlement le 10 avril dernier. Mais qui s’en soucie réellement ?

- Publicité -
EN CONTINU

les plus lus

l'édition du jour