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Dette publique : comment s’y prendre ?

ISMAËL NAZIR
Leader, Front Libération National (FLN)

La délégation du Fonds monétaire international (FMI), mené récemment par Mahvash Qureshi, relève que la dette publique mauricienne a grimpé à hauteur de 64,5% du Produit intérieur brut (PIB). Il recommande le renversement de la tendance. Mission quasi impossible, selon nous, si l’on ne rectifie pas le tir !

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L’histoire de la dette publique mauricienne a toujours suivi cette tendance. D’une dette de Rs 56 milliards, laissée par Ramgoolam/Bunwaree en l’an 2000, le chiffre passe à Rs 108 milliards en 2005 sous le tandem SAJ/PRB. Le duo Ramgoolam/Sithanen, en 2005, ne fait pas mieux : la dette atteint 120 milliards après 10 mois. Après les législatives de 2010, sous le trio Ramgoolam/Pravind Jugnauth/Duval, elle monte à Rs 224 milliards pour les chiffres de décembre 2014, soit presque le double !  Aujourd’hui, sous l’alliance Lepep sans PMSD, elle a franchi la barre des 300 milliards pour se retrouver à presque 320 milliards, soit une dette de 320 000 000 000/1 268 315 = Rs 252 303 par tête d’habitant. Pour faire simple, chaque bébé mauricien qui naît a déjà une dette d’un quart de million de roupies sur sa tête. Qui dit mieux ?

Cela, d’autant plus qu’on n’y inclut pas les dettes garanties par l’État, dont Rs 16 milliards au 31 mai 2017 enfouies dans des special purpose vehicles, ainsi que dans des lignes de crédit ! Et quid des intérêts sur toutes ces dettes ? Sans compter les futures turbines à gaz de Collendavelloo ? Et l’éventuel remboursement par les contribuables de milliards de roupies de réclamations pour contrats résiliés ? Que veut-on ? Une révolte à Maurice ?

Voyez la facilité déconcertante avec laquelle le gouvernement – celui-ci et celui d’avant – emprunte massivement pour des projets mirobolants et qui fait vraiment peur ! Si l’Inde nous avait aidés pour deux Budgets à hauteur de Rs 20 milliards, d’autant plus que pour le dernier Budget on a envisagé de vendre notre passeport mauricien, que tentera-t-on de vendre cette fois-ci ? Peut-on imaginer la taxe qui sera imposée sur chaque famille mauricienne année après année pour rembourser cette dette colossale ? N’est-ce pas vers une politique d’austérité et de misère noire que nos dirigeants d’hier et d’aujourd’hui mèneront le pays si l’on ne se ressaisit pas à temps ? Et si l’on continue à investir dans des projets irréfléchis (Metro Express, petroleum hub, éducation tertiaire gratuite, etc) ? Ne doit-on pas mettre un frein à tout cela et changer le modèle économique du pays s’il le faut ? La question est devenue plus qu’urgente. C’est une question de vie ou de mort pour la population.

Nous avions proposé dans le programme gouvernemental du Front Libération National (FLN), rendu public le 15 octobre 2014, quelques mesures phares pour s’attaquer au problème de la dette. La confiscation des gains illicites déposés dans des banques étrangères en fait la part belle. Cette mesure reste d’actualité : les rapports des journalistes d’investigation internationaux (Swiss leaks, Panama papers, Paradise papers, etc) y seront d’un apport inestimable.

Le FLN, s’il accède au pouvoir, compte rationaliser le projet Metro Express qui est déjà enclenché ; et ce de concert avec la décentralisation régionale et l’étude des sols. Il en sera de même pour les projets de smart cities, qui ont fait perdre à l’État quelque Rs 15 milliards jusqu’ici. Les dépenses onéreuses ou inutiles et le gaspillage de fonds publics qui gonflent le PIB, ainsi que l’exode de capitaux, seront stoppés.

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