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Éventuelle vacance à la présidence: des retombées politiques possibles

PATRICK DE RUSSELL

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Une vacance à la Présidence permettrait au Premier ministre, Pravind Jugnauth, de rebattre toutes les cartes. Il revient au Premier ministre de nommer le président de la République et son choix est ensuite validé par l’Assemblée nationale.

L’actuelle présidente, Mme Ameenah Gurib-Fakim, qui serait mise en cause à plusieurs titres dans l’utilisation (personnelle ?) des fonds de Planet Earth Institute et des conséquences sur son indépendance face à cet organisme, a été une carte politique et électorale à usage purement unique (single use). Lors des élections de décembre 2014, elle a plus ou moins ouvertement été présentée comme la caution communautaire d’une frange de l’électorat. La perception est que, l’élection remportée et sa nomination effectuée, elle n’est plus électoralement utilisable et devient par conséquent éjectable.

Le Premier ministre ne bénéficierait-il pas politiquement d’une éventuelle démission de la présidente pour être en mesure de nommer son successeur car autrement son mandat arriverait à expiration après les prochaines élections générales?

La Présidence est un poste attrayant et être en capacité de l’offrir placerait le Premier ministre dans une situation confortable dans la négociation des alliances ou même dans un but de déstabilisation de ses adversaires.

Le Premier ministre pourrait par exemple offrir la Présidence à Paul Bérenger en lui accordant un rôle supplémentaire dans la conduite de la diplomatie. C’est un moyen, si besoin est, d’accommoder Paul Bérenger et son Mouvement. Paul Bérenger réfléchirait à deux fois avant de décliner l’offre cette fois-ci vu les difficultés qu’il rencontre à tenir son Mouvement.

Le Premier ministre pourrait aussi tenter un jeu plus subtil. Offrir la Présidence à une personnalité du Parti travailliste afin d’affaiblir Navin Ramgoolam. Imaginons que le Premier ministre offre la Présidence à un Arvin Boolell, nouveau député du Parti travailliste de Belle-Rose/Quatre-Bornes, ancien ministre des Affaires étrangères et pressenti pour être le chef de file de ce parti à l’Assemblée nationale à défaut d’être le Leader de l’opposition. D’une part, iI enlèverait à Navin Ramgoolam une partie de l’électorat du Parti travailliste qui y est restée fidèle dans l’espoir de voir Arvin Boolell prendre les rênes du parti dans un proche avenir. D’autre part, il ferait perdre au Parti travailliste l’apport d’Arvin Boolell en termes d’image, l’homme sérieux sans déboires ni excès, qui fait hautement défaut à Navin Ramgoolam indépendamment de l’issue de ses affaires judiciaires. Arvin Boolell pourrait voir l’occasion d’acquérir une stature d’Homme d’État qui le placerait, par la suite, en situation de force pour ravir le leadership de son parti.

La Présidence ne représente plus la fin d’une carrière politique. Anerood Jugnauth, après avoir été président, est revenu dans l’arène électorale et a remporté hautement les dernières élections législatives.

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