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Hommage à un géant des Seychelles France-Albert René

FIROZ GHANTY

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L’ancien président de la Repiblik Sesel est décédé le 27 février dernier. Le président par intérim, Barlen Vyapoory, a représenté Maurice aux Funérailles Nationales, le 7 mars à Victoria, la capitale, sur l’île principale, Mahé.

Avocat de profession, France-Albert René devient Premier ministre de James Mancham, premier président des Seychelles, le 29 juin 1976, à l’accession du pays à l’Indépendance. On dit de James Mancham qu’il était un Dandy. Pour être plus précis, c’était un populiste à la solde de l’Occident. Le personnage rappelle un certain Gaëtan Duval. Extravagant et égocentrique, Mancham aimant briller dans les salons occidentaux aux côtés de la jet-set, des stars et autres personnalités politiques de droite, même extrême quelques fois. Le 5 juin 1977, lors d’un des nombreux voyages de Mancham, France-Albert René le renverse par un coup d’Etat.

Leader du Seychelles People’s United Party fondé en 1964, qui deviendra plus tard le Parti Populaire des Seychelles, Albert René instaure le parti unique, une nouvelle politique économique, une nouvelle Constitution et un système politique socialiste de tendance marxiste, qui se définit comme révolutionnaire et tiers-mondiste, sans jamais pour autant se mettre sous la tutelle de l’URSS. Il mènera une politique étrangère de Non-Alignement. Plusieurs tentatives de coup d’État seront déjouées et combattues physiquement par le peuple seychellois puissamment organisé et vigilant, notamment le 25 novembre 1981 et le 25 août 1982 mené par le sinistrement célèbre mercenaire français, Bob Denard à la tête de barbouzes africains, sud-africains et autres, qui, dit-on, étaient au service de Mancham avec l’appui tactique des Occidentaux, comme d’habitude, dont la France et le Royaume-Uni. Denard était le bras armé, mais secret et honteux, de la France-Afrique, où il sera en première ligne dans de nombreux coups sanglants. On raconte aussi que l’avion sud-africain de Denard et de ses acolytes fit une escale technique (?) dans la nuit à Maurice, avec, semble-t-il, la bénédiction du gouvernement de l’époque ? Rumeurs !?

Réformes politiques et économiques

En 1991, le président René amorce une nouvelle phase de l’Histoire des Seychelles avec le multipartisme engageant des réformes politiques et économiques qui laissent un nouvel espace à l’économie de marché et aux privatisations. Il est réélu en 1993, 1998 et 2001. Il démissionne le 14 avril 2004, cédant la présidence à James Michel. Chantre de la Kreolite, Albert René fera du Kreol, avec l’anglais et le français les trois langues officielles de son pays. Le Festival Kreol des Seychelles est une Ode à la Kreolite. Il créera les conditions sociales et politiques nécessaires pour que les Seychelles s’émancipent des séquelles du colonialisme, s’approprient son Identité et sa Culture Nationale en construisant un pays fier et souverain.

France-Albert René fait partie, avec Paul Vergès, des dirigeants politiques historiques de gauche de grande stature qui ont marqué l’Histoire politique de la région océan Indien. Faut dire que le triumvirat Paul Vergès du Parti Communiste Réunionnais, Albert René avec son Seychelles People’s United Party et  Paul Bérenger du Mouvement Militant Mauricien de la période marxiste-léniniste révolue et effacée, provoqua dans le monde bipolaire du temps de la Guerre froide, l’hystérie, les crises d’insomnie et la peur pathologique des chancelleries occidentales de voir basculer nos pays et l’océan Indien dans le camp soviétique. Alors que la République Démocratique de Madagascar du président Didier Ratsiraka, que les Occidentaux étoufferont économiquement, était déjà un allié de l’URSS.

Il n’y a pas eu beaucoup d’écho dans les médias mauriciens sur la disparition d’un Homme d’État de l’envergure du président France-Albert René. L’absence d’au moins un représentant important et visible du MMM aux Obsèques est choquante !  Nous écrivions ici même, quelques jours après le décès de Paul Vergès : « … Les rapports de proximité, de fraternité, les liens historiques entre le MMM et Paul Vergès et les Camarades du Parti Communiste Réunionnais, plus qu’un devoir, exigeaient l’obligation d’être représenté du plus haut niveau de sa Direction. Pitoyable ! Manquement Inexcusable. » -in Forum, Le Mauricien, 23 novembre 2016. C’est aussi vrai aujourd’hui avec la disparition d’Albert René. Le MMM n’a jamais su tirer les leçons du passé, il récidive avec cette nouvelle FAUTE !

Le MMM a honte de son passé, de son histoire ! Il efface lui-même sa contribution à l’Histoire du pays ! On peut comprendre qu’à cause de tellement de reniements, de tellement d’abjurations, de tellement d’Espoirs trahis, de tellement de déviations, de tellement d’abandons, de tellement de renoncements, il lui devient insupportable de les regarder en face, de regarder en face ce Peuple qu’il a livré aux institutions internationales, au communalisme, à la corruption, au désordre politique pour satisfaire des intérêts personnels et le désir tellement coupable du pouvoir ! La Fracture entre le MMM et la Nation est irréversible ! Et ce n’est pas les tambours et autres instruments bruyants qui envahissent maintenant les activités publiques du MMM qui rempliront le vide, la vacuité idéologique dans lequel il se vautre !

  

Cascadelle, ce 12 mars 2019

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