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Les Lazaristes et Pierre Poivre, grands bâtisseurs de notre chrétienté (I)

Pour vous les jeunes, dont un certain nombre se prépare activement à la grande célébration qui aura lieu au Thabor un dimanche de mai. Pour les moins jeunes aussi qui ont tout intérêt à savoir ce que nous Mauriciens devons à deux grands bâtisseurs de notre chrétienté; voici une histoire qui mérite d’être connue.

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En 1843, arrive le Père Laval et il y a eu, par la suite, quelque 220 prêtres et frères de la congrégation religieuse missionnaire nouvellement créée des Spiritains, qui sont venus donner un grand dynamisme à l’église catholique de notre pays.

En 1862, la congrégation des Pères Jésuites a commencé à nous envoyer des prêtres.

Avant eux toutefois, les premiers missionnaires qui sont venus travailler dans notre pays ont été les Lazaristes. Ils méritent d’être connus et reconnus.

L’autre bâtisseur, profondément croyant, qui avait la vision d’un pays riche de valeurs et d’honnêteté, est Pierre Poivre.

Les Lazaristes, premiers missionnaires de Maurice

Les Lazaristes appartiennent à une congrégation fondée en 1625 par Saint Vincent de Paul regroupant des prêtres et des frères. Ils sont appelés Lazaristes ou prêtres de Saint-Lazare, parce que c’était le nom du quartier où se trouvait leur maison à Paris. Le prêtre lazariste portait le titre « Monsieur » suivi de son nom de famille, et non celui de « Père », comme c’est le cas pour les autres prêtres.

En 1648, saint Vincent envoie des missionnaires à Madagascar. Ceux-ci doivent abandonner l’île en 1674, lors du massacre de Fort-Dauphin. Depuis, les Lazaristes ont toujours souhaité pouvoir y retourner et c’est dans ce but qu’ils acceptent de venir comme missionnaires dans les Mascareignes, pour accompagner les migrants français qui vont s’établir dans cette région du monde, cette nouvelle mission pouvant servir de base à cette reprise.

113 lazaristes en mission à Bourbon et à l’Isle de France

La plus ancienne et la plus importante colonie française dans l’océan Indien était alors l’Ile Bourbon, l’actuelle Ile de la Réunion. Dès 1712, un traité est signé entre la Compagnie des Indes et les Lazaristes pour qu’une mission soit fondée dans l’Ile Bourbon et les cinq premiers Lazaristes y arrivent finalement en 1714.

Quand en 1721, la Compagnie des Indes décide d’ouvrir une nouvelle colonie, l’Isle de France, qui est devenue notre Ile Maurice actuelle, 2 prêtres lazaristes et 2 frères lazaristes acceptent d’accompagner les colons pour le service spirituel dans cette nouvelle terre d’implantation des Français.

Le livre de Marc Thieffry, « Les Lazaristes aux Mascareignes aux XVIIIe et XIXe siècles dans Ile Bourbon (La Réunion) et Isle de France (Maurice) » publié en 2017 par les Éditions Harmattan, raconte en détail la présence et le travail des 113 lazaristes qui ont été missionnaires dans les deux îles que la Compagnie des Indes voulait exploiter.

« Ces missionnaires ont donné leur jeunesse, leurs rêves, leurs souffrances, leur vocation pour que vive la foi sur ces îles… » Ces deux îles étaient régies par un seul responsable qui portait le nom de Préfet apostolique, ayant les responsabilités de l’évêque actuel. Ce préfet résidait à Bourbon d’abord, puis est venu s’installer à l’Isle de France. Un vice-Préfet était responsable de l’autre île.

Les missionnaires lazaristes sont donc venus exercer leur ministère à l’Ile Bourbon qui était déjà habité par des Français venus s’établir dans l’île. En 1720, le voyage pour voguer entre les deux îles pouvait prendre 19 jours.

Les lazaristes dans l’Isle de France

Avant le départ des premiers Français de Lorient pour venir exploiter notre pays, le Père Général des Lazaristes et les dirigeants de la Compagnie des Indes avaient, d’un commun accord, divisé notre île en deux paroisses. Port Sud-Est, aussi connu comme Port-Bourbon, allait être dédié à Notre-Dame des Anges. L’autre paroisse, celle du Port Nord-Ouest, allait être mise sous le patronage de St. Louis IX, roi de France, d’où le nom de la capitale, Port-Louis.

Les premiers Lazaristes MM. Borthon et Daniel Igou, tous deux âgés de 43 ans et les frères Adam (26 ans) et Lecocq (29 ans) ont donc accompagné les colons, venus s’établir dans l’Isle de France.

Le 5 avril 1722 : Dimanche de Pâques, arrivent les premiers migrants au Port-Nord-Ouest sur le bateau, La Diane, après 9 mois d’une traversée longue et pleine de dangers, d’où l’importance pour les croyants d’être accompagnés de prêtres pour recevoir les sacrements et les aider à rester en relation avec Dieu.

Comme les Lazaristes débarquent avec les autres voyageurs au Port Nord-Ouest la paroisse Saint-Louis existe dès le premier jour, mais il n’y a aucun lieu de culte. L’autre paroisse est celle de Grand-Port: les bâtiments délabrés laissés par les Hollandais ont servi de chapelle.

Mgr Amédée Nagapen raconte dans son livre : « A la fin de 1723, l’île abritait 160 blancs, en 1725, 313, et vers 1730, un peu moins de 1 000. » C’est la présence des esclaves qui est venu gonfler la population. Vers 1730, ils étaient 648.

En 1735, arrive François Mahé de Labourdonnais comme gouverneur des deux îles – Bourbon et l’Isle de France. Il fait de Port-Louis, un port protégé et une capitale. Il encourage des Européens et des Indiens libres à se fixer dans l’île comme planteurs, soldats, artisans, ils sont 67 nouveaux immigrants qui ont obtenu des concessions de terre; ils introduisent dans le pays 504 esclaves pour travailler dans la culture et 87 esclaves pour travailler dans les familles.

En 1738 : 101 immigrants ont obtenu des concessions de terre avec 672 esclaves pour la culture, ce qui va constituer un total de 3946 habitants

8 septembre 1738 : Une première messe est célébrée aux Pamplemousses dans la case qui servait de logement, ce n’est qu’en 1740, que les missionnaires disposeront d’une petite chapelle.

À SUIVRE

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