Présentons d’emblée toutes nos félicitations aux vedettes du jour, les 45 lauréats de la cuvée 2018 dont les noms ont été rendus publics hier. Nous avons une pensée spéciale à l’intention de leurs parents et enseignants qui les ont accompagnés durant ces treize ou quatorze dernières années. Tous ceux qui ont fait la tournée dans les collèges dotés de lauréats ont pu témoigner de l’émotion, de la joie et du bonheur dans lesquels les lauréats ont été accueillis par leurs pairs, enseignants et proches. Ils figurent désormais au sein de l’élite. Si beaucoup ont choisi les Star Colleges classiques, le RCC, le RCPL, le QEC ou encore Dr Maurice Curé State College, d’autres collèges régionaux commencent maintenant à faire leur entrée parmi les grands. L’obtention d’un lauréat par le Piton State College en est la preuve même. Il est donc tout à fait normal que ce soit ce collège qui fasse la une de l’actualité.
Avec l’approfondissement de la régionalisation de l’admission dans les collèges, il ne faudra pas s’étonner que les lauréats soient davantage répartis dans les collèges à travers le pays. Les bons élèves venant de Rivière du Rempart ou de Mare Tabac, ou de Kewal Nagar n’ont plus à faire de longs déplacements pour se faire admettre dans les collèges urbains et peuvent intégrer des institutions régionales.
La grande question est de savoir combien de boursiers choisiront Maurice pour leurs études supérieures. On sait que d’année en année les dirigeants du pays encouragent les boursiers à entreprendre leurs études dans les universités mauriciennes. Force est de reconnaître que malgré le fait que les diplômes de l’Université de Maurice soient mondialement reconnus, l’institution ne figure pas parmi les Top 1000 universités dans le monde selon le classement de Shanghai reconnu à l’international. On ne peut donc reprocher à nos jeunes boursiers d’opter pour les meilleures universités du monde en Grande Bretagne, en France, aux États-Unis, au Canada ou encore en Australie.
Mais il n’y a pas que les lauréats; relevons ces classés et ces milliers d’élèves qui sont heureux d’avoir réussi à leurs examens de HSC et qui se préparent à entreprendre des études supérieures ou à entrer de plain-pied sur le marché de l’emploi.
Alors même que l’on s’engage dans l’introduction de l’accès gratuit aux universités publiques mauriciennes et que la nécessité d’obtenir cinq Credits continue à faire débat, il est essentiel de se pencher et de repenser la formation offerte dans les universités publiques locales. N’y a-t-il pas lieu de provoquer une réflexion nationale sur l’éducation supérieure dans les universités publiques du pays afin de s’assurer que ceux qui y auront accès gratuitement à partir de cette année bénéficient d’une formation à la mesure de leurs attentes et qui répondrait aux besoins du pays non seulement en matière académique mais aussi au plan technique. Il faut s’assurer qu’ils soient en mesure de mettre à contribution leur talent à la fois à Maurice et à l’étranger s’ils le souhaitent. L’ouverture à l’étranger, à l’heure de la globalisation, peut constituer une motivation pour entreprendre des études supérieures. À ce propos, ils ne sont pas nombreux les lauréats à avoir eu des carrières exceptionnelles en Europe, aux États-Unis, en Australie, en Chine au ailleurs. Les rencontres annuelles des universitaires faisant partie de la diaspora mauricienne à l’étranger nous offrent chaque année un échantillon des compétences mauriciennes.
Après tout l’éducation n’a pas pour objectif uniquement de produire des lauréats mais de former des hommes et des femmes libres capables de prendre leur destin en main et qui soient en mesure d’utiliser leurs compétences, leur développement personnel et celui de leurs familles mais également celui du pays dans n’importe quel domaine. Il n’y a pas de sots métiers.
Jean Marc POCHÉ