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Pleure, ô pays bien-aimé

J. ROLAND PIERRUS

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Ce titre du livre d’Alan Paton, écrivain sud-africain, illustre bien ce que nous ressentons suite aux événements de ces derniers jours survenus dans notre pays. Nous avons en effet vécu des situations plus que déplorables qui nous ramenaient aux pires heures de notre histoire post-indépendance. Les vrais Mauriciens, qui chérissent leur patrie, ne pouvaient croire leurs yeux et leurs oreilles quand se sont exprimés, une fois encore à la télévision nationale, des chefs d’organisations socioculturelles transformés en redresseurs de torts. Leurs discours étaient purement politiques et menaçants. 

Nous comprenons très bien la situation de celle qui, nous n’en doutons pas, possède les qualifications requises pour le poste qui lui avait été proposé. Devant les protestations justifiées ou pas auxquelles elle a dû faire face, nous ne pouvons que la féliciter pour le pied de nez fait à ses détracteurs en refusant de l’accepter dans de telles conditions. De là à comprendre une telle levée de boucliers des organisations s’appuyant sur des arguments communaux se trouve toute la difficulté. Défendaient-ils une cause qu’ils estimaient juste et pour sa valeur personnelle celle qu’ils considéraient avoir été injustement traitée par l’opposition ou bien étaient-ils motivés par des réflexes purement communaux et politiques, comme cela a été perçu par la majorité de la population ? Leur démonstration de force était définitivement malvenue et superflue.

Presque dans le même temps se tenait au Caudan Waterfront une manifestation qui avait été autorisée par la police et qu’un groupe de contre-manifestants a perturbée proférant, dit-on, des insultes et des menaces de mort à l’égard des participants. Si tel était le cas, où étaient les représentants de l’ordre ? N’étaient-ils pas sur place pour prévenir et sanctionner tout dérapage ?

Nous savons, par expérience, que de telles situations peuvent facilement mener à l’émeute et à quel point notre pays peut en souffrir. D’autres peuvent être tentés de prendre part au petit jeu et faire voir à leur tour leurs muscles. Une étincelle peut mettre le feu aux poudres. Notre très fragile tissu social a été maintes fois rapiécé, veillons donc, à ce qu’il ne soit, une fois de plus, mis à rude épreuve car il supporterait difficilement une déchirure nouvelle.

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