Marday Venkatasamy, président de la MCCI, a été élu en novembre dernier à la présidence du Comesa Business Council (CBC). Dans un entretien accordé au Mauricien, il explique comment cette fonction aidera à positionner Maurice et l’océan Indien au sein du grand marché continental.
Vous avez élu à la présidence du CBC fin de l’année dernière. Quelle est la pertinence de ce conseil ?
Comme vous le savez, le secteur privé est très impliqué au sein des organisations régionales. C’est ainsi que les institutions du privé des 21 pays du Comesa, constituant un marché de 500 millions d’habitants, et donc une masse critique importante, ont créé depuis 2005 le CBC, une plateforme structurée et inclusive, pour faire entendre sa voix. Le secrétariat est basé au siège du Comesa, à Lusaka, en Zambie. Son président intervient lors des délibérations du conseil des ministres du Comesa pour exprimer les souhaits, positions et réserves du CBC. Sa mission, pour les cinq prochaines années, axée sur le renforcement régional pour faire face à la globalisation, est d’être la locomotive privée en Afrique pour promouvoir des industries compétitives sur le marché régional et international à travers l’advocacy, les facilitations aux affaires et le développement des entreprises.
Le CBC a organisé 11 Business Forum tournant depuis sa création et a présenté plus de 15 documents de réflexion sur la circulation de personnes, le développement durable du tourisme, le secteur des PME, les services financiers, le tripartisme, le secteur manufacturier, la contrebande, la logistique et le transport, les règles d’origine, et le secteur numérique.
Le CBC a dix groupes de travail, notamment sur la facilitation aux affaires et les barrières non tarifaires, le tourisme, les PME, le service financier, l’industrie, le transport et la logistique ainsi que le numérique. La stratégie du conseil pour les cinq prochaines années consistera à contribuer à l’amélioration du climat des affaires au niveau national et régional, à encourager le partenariat pour favoriser le commerce et les investissements, à encourager l’efficience des opérateurs, avec accent sur les PME, et bien entendu pérenniser le CBC.
Comment expliquez-vous votre élection à la présidence de cette organisation régionale ?
Ce n’est nullement le fruit d’un hasard ou d’un accident. C’est une suite logique de l’engagement de la MCCI depuis des nombreuses années au niveau régional. D’abord, dans l’océan Indien, avec son engagement dans la création et l’animation de l’Union des chambres de commerce et d’industrie (UCCIOI). Ma candidature était soutenue par Madagascar, les Comores, les Seychelles et Maurice. Je suis par conséquent la voix des îles au CBC.
La MCCI a été active non seulement au sein de la plateforme privée des pays du Comesa (CBC), mais également au sein de la SADC (ASCII). Nous sommes également dans la plateforme de l’Afrique continentale (tripartite). La MCCI siège depuis plusieurs années sur le conseil exécutif du CBC. Azim Currimjee était le premier vice-président, sous la présidence égyptienne. Mon élection à la présidence est donc une suite logique de nos activités au sein des différentes organisations régionales et du CBC.
Le Rwanda et Maurice étaient candidats à ce poste et nous avons été élus avec une forte majorité. L’expérience de la MCCI, son engagement régional, ses compétences et son histoire ont certainement pesé lourd dans le choix pour prendre le relais après quatre années de présidence égyptienne.
Avez-vous un plan d’action pour 2019 ?
Vingt projets ont été identifiés pour être exécutés cette année. C’est très ambitieux. Le lancement de la plateforme numérique Biznet est prévu en février. La formation des PME aux normes sera organisée dans deux pays d’ici avril. Un “buyers-sellers meeting” sera organisé au Zimbabwe entre avril et août. Un guide des industriels sur les réglementations au sein du Comesa sera lancé d’ici avril. La Comesa International Trade Fair, à Nairobi, en avril, sera l’événement phare de l’année. Un séminaire sera organisé sur la facilitation des affaires. Une présentation sur l’industrie pharmaceutique sera aussi organisée. Un forum sur le secteur touristique se tiendra en Égypte. La conscientisation sur les bonnes pratiques en matière de la lutte contre la corruption se poursuivra, surtout après le succès de Maurice l’année dernière. Le CBC ne chômera pas en 2019 !
J’invite d’ailleurs les institutions du secteur privé de Maurice et de l’océan Indien à participer pleinement à toutes ces activités et à apporter leur pierre à l’édifice. Je rappelle le processus inclusif du CBC. Everybody on board !
Quel est votre plan d’action pour Maurice et l’océan Indien ?
La MCCI est le National Focal Point pour Maurice. J’ai déjà animé une séance de travail fin décembre avec tous les opérateurs privés, mais aussi publics, qui travaillent avec l’Afrique. Nous allons constituer une véritable “Dream Team” impliquant tous les secteurs d’activité. L’EDB, SME Mauritius ainsi que les responsables de la coopération régionale au sein du ministère des Affaires étrangères seront parties prenantes. J’ai noté un grand enthousiasme à travailler ensemble pour aller plus loin dans notre stratégie africaine. Pour nous, “sky is the limit”.
Au niveau de l’océan Indien, la thématique “Quelle stratégie Africaine ?” abordée au dernier forum économique, à Madagascar, n’est pas un hasard. Il y a le même enthousiasme d’aller ensemble. Le véritable test sera la Comesa Trade fair à Nairobi, qui se tiendra du 25 au 28 avril.
La MCCI et l’EDB animeront le pavillon mauricien et, de concert avec l’UCCIOI, nous mettrons l’accent sur les possibilités d’investissements dans l’océan Indien. Nous allons mobiliser non seulement les entreprises manufacturières mais aussi celles des services. La MCCI sera également présente en Égypte début mars pour un Business Forum bilatéral.
Comment Maurice peut-elle bénéficier de ces activités ?
L’Afrique offre des possibilités considérables. Un grand fabricant de vêtements mauricien me confiait par exemple que son chiffre d’affaires vers le Kenya uniquement est plus élevé que pour toute l’Europe. Grand nombre de pays africains connaissent un taux de croissance supérieur à 5%, avec une population grandissante. Cependant, les échanges intrarégionaux restent très faibles. Seulement 20% de nos exportations sont tournées vers l’Afrique sous les accords préférentiels SADC/Comesa. Maurice est également présente en Afrique dans plusieurs secteurs manufacturiers, dont le sucre et l’agroalimentaire. Notre présence sur le grand marché de l’Afrique Continentale, qui est tripartite, constituera un enjeu majeur durant les prochaines années. Il faudra tout mettre en œuvre pour consolider cette présence.
En terme commercial, comment se présentent les échanges pour Maurice ?
De janvier à septembre 2018, Maurice a importé Rs 4,9 milliards des pays du Comesa, dont Rs 800 millions de l’Égypte, Rs 1,2 milliard de Madagascar, Rs 1,5 milliard des Seychelles et Rs 1 milliard du Kenya. Elle a exporté Rs 5,6 milliards, dont Rs 3 milliards sur Madagascar et Rs 1,2 milliard sur le Kenya. Ces chiffres n’incluent pas les secteurs des services.
JMP